9  -  Prévention : mesures associées


La prévention consiste essentiellement à préserver le patient à risque d’une source environnementale de spores fongiques. Deux situations peuvent se présenter :

9 . 1  -  Prévention de l’aspergillose invasive chez le patient neutropénique ou immuno-déprimé

9 . 1 . 1  -  Isolement protecteur du patient


En cas de neutropénie profonde (< 0.5 giga/L) et de longue durée (> 1 mois), l’objectif à atteindre est un environnement exempt de spores fongiques. C’est dans ce cadre-là que des secteurs dits « protégés » sont implantés, notamment dans les services d’Hématologie clinique, permettant un isolement protecteur du patient. Ils comprennent idéalement un système de filtration de l’air de haute efficacité « HEPA » (ou d’épuration de haute efficacité tel que le système Immunair®, en cours de validation) associé à un haut renouvellement d’air avec ou sans flux laminaire. Ces installations sous-entendent une organisation architecturale des locaux spécifiques avec des systèmes de sas à l’entrée du service et des chambres, et une cascade de pression positive.

9 . 1 . 2  -  Mesures d’accompagnement


L’eau et l’alimentation distribuées aux patients à haut risque doivent être exemptes de spores fongiques. En parallèle, des règles rigoureuses de circulation des personnes (habillage + masques) et des biens (plantes et fleurs, matériels cartonnés ou empoussiérés) vecteurs de spores, des protocoles de bionettoyage utilisant des désinfectants de surface fongicides, et des procédures d’isolement de zones de travaux et de prévention de l’environnement (arrosage et bâchage des gravats) devront être mis en place. La surveillance de la biocontamination fongique environnementale (par prélèvements d’air et de surfaces) permettra de mesurer l’efficacité des mesures mises en place.

Les aliments fortement colonisés par des moisissures sont le poivre, le thé, les tisanes, le café, les céréales, les cacahuètes, les pistaches, certains fruits, certains fromages, le lait en poudre etc…L’alimentation doit donc bénéficier de protocoles de décontamination, de même que les produits emballés, les ustensiles de vaisselle et les plateaux repas.
Les fleurs et les plantes en pot sont interdites dans les services recevant des patients à risque, car pourvoyeuses de spores, ainsi que les plantes artificielles (rapidement riches en poussière). Les dossiers papiers, les cartons, les emballages, pourvoyeurs de poussière et donc de spores doivent également rester à l’extérieur de la zone bénéficiant d’un air contrôlé.

9 . 2  -  Prévention de la colonisation massive chez des patients présentant des pathologies pulmonaires chroniques ou une hypersensibilité aux moisissures


Il s’agit d’une prévention à long terme qui ne peut donc avoir comme objectif l’éradication totale des spores présentes dans l’environnement du patient à risque. Il est par contre possible de diminuer drastiquement l’exposition à un réservoir environnemental ; d’une part en contre-indiquant les professions à risque (l’alvéolite allergique extrinsèque est une maladie professionnelle), d’autre part en évitant les attitudes à risque (vie dans des locaux humides colonisés par les moisissures, travaux de réfection des sols, murs et plafonds, travaux de jardinage, rempotage de plantes etc…).

10/10