5  -  Diagnostic clinique et radiologique des aspergilloses

5 . 1  -  Les aspergilloses de l’appareil respiratoire

5 . 1 . 1  -  L’aspergillome


Il résulte de la colonisation d’une cavité préformée (le plus souvent secondaire à une tuberculose ou une sarcoïdose) communiquant avec les bronches et ayant perdu ses défenses phagocytaires. Ainsi, une balle fongique, ou truffe aspergillaire, envahit toute la cavité en laissant un espace clair au niveau du sommet (signe radiologique du « grelot »).

Figure 7 : Truffe aspergillaire observée après exérèse de la lésion
Figure 8 : Image en « grelot » aspect évocateur sur un cliché de radiologie standard

A. fumigatus est l’espèce la plus souvent incriminée en pathologie humaine. Toux, expectoration, fièvre résistant aux antibiotiques, asthénie et amaigrissement sont observés. La sécrétion d’une toxine nécrosante est responsable d’hémoptysies récidivantes dans près de 60% des cas, parfois cataclysmiques, pouvant menacer le pronostic vital. Parfois, l’évolution peut être spontanément résolutive (7 à 10% des cas) ou stabilisée sans complication (25% des cas).

5 . 1 . 2  -  Les autres formes localisées


En général de pronostic favorable, le développement fongique peut se produire à différents niveaux :

  • sinusien, à l’origine d’un aspergillome sinusien, le plus souvent unilatéral et maxillaire. Ce tableau de sinusite chronique est fréquemment d’origine dentaire (pâte dentaire, extraction). Rarement, il peut évoluer en aspergillose invasive, notamment loco-régionale (sinus para-nasaux, orbites, cerveau) chez le patient neutropénique ou sous corticothérapie.
  • bronchique, à l’origine de troubles ventilatoires en particulier chez les enfants atteints de mucoviscidose.
  • pleural, à l’origine d’une pleurésie purulente : soit endogène, par contiguïté à point de départ pulmonaire ; soit exogène, secondaire à un drainage ou à un acte chirurgical.

Sur terrains particuliers, la surinfection broncho-pulmonaire chronique peut évoluer progressivement vers une nécrose parenchymateuse locale, d’où le terme d’aspergillose chronique nécrosante, ou aspergillose semi-invasive. Les conditions favorisantes sont :

  • les perturbations graves du pouvoir d’épuration broncho-pulmonaire chez les patients présentant une broncho-pneumopathie chronique obstructive, un asthme, une mucoviscidose.
  • une immunosuppression partielle mais chronique, soit du fait de la maladie sous-jacente (éthylisme, diabète, maladies de système, dénutrition …), soit liée à un traitement immunosuppresseur au long cours.

Le diagnostic associe des signes cliniques locaux (toux, dyspnée, douleur thoracique, hémoptysie) et généraux (fièvre, altération de l’état général), des signes radiologiques, et des arguments biologiques (mycologie et sérologie anticorps positives). Le pronostic peut être péjoratif en fonction du terrain, mais l’évolution est chronique (sur plusieurs mois) et généralement sans invasion vasculaire ni dissémination à distance, contrairement à l’aspergillose invasive.

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