4  -  Composante psychoaffective de la douleur chez le nouveau-né et conséquences.

Si les mécanismes de la nociception sont pour la plupart actuellement bien démontrés chez le nouveau-né, la dimension affective et psychique de cette nociception reste peu démontrée.
Des études comportementales chez des nouveau-nés prématurés et à terme soumis à des stimulations nociceptives, ont permis de trouver des réponses affectives stéréotypées.
Une douleur répétée et prolongée pourrait modifier le comportement ultérieur du système de la douleur et probablement contribuer à l’apparition des altérations du développement et du comportement à long terme chez les nouveau-nés prématurés.

4 . 1  -  Expression de la douleur et modifications comportementales chez le nouveau-né

4 . 1 . 1  -  Expression faciale

Grunau et Graig ont décrit en 1987 des expressions faciales lors de la douleur aigue du nouveau-né à terme lors d’un prélèvement au talon.
Ces réactions varient selon le degré d’agression auquel ils sont soumis mais aussi en fonction de leur état de veille antérieure.
Les principales observations concernent les mouvements du front, des yeux, du sillon naso-labial, de la bouche et de la langue.

La crispation du visage est un signe souvent relevé : le front est plissé et les sourcils froncés, les lèvres sont pincées, le sillon naso-labial marqué, la langue est tendue, creusée, la bouche grande ouverte et l’enfant peut présenter des trémulations du menton. A un stade plus ultime, le visage est totalement violacé et crispé avec des paupières continuellement contractées.

Figure 4 :

4 . 1 . 2  -  Motricité du corps

Les signes décrits sont l’hypertonie des membres ou du tronc axial, la contraction des extrémités, l’attitude en triple flexion des membres inférieurs.
Des trémulations fréquentes, un réflexe de Moro spontané ou exagéré, des myoclonies fréquentes peuvent être le témoin d’une hyperexcitabilité accompagnant la douleur.
Une agitation excessive, manifestée par des mouvements incessants des membres inférieurs (mouvements désordonnés, alternance de flexion-extension) ou de la tête, est aussi un signe de douleur aigue.
Enfin on retrouve souvent la tentative d’éviction de la partie douloureuse (retrait du membre douloureux en cas de ponction au talon).

4 . 1 . 3  -  Pleurs et cris

Les pleurs, non spécifiques de la douleur, ont fait l’objet de nombreuses études afin de rechercher par analyse spectrographique ou par évaluation par des observateurs entraînés, les caractéristiques des cris et pleurs de la douleur. Ainsi les pleurs de la douleur ont des fréquences plus élevées que les pleurs de faim, de frustration ou de surprise. Les pleurs de douleur sont différents des autres pleurs. Une oreille entrainée peut également différencier le pleur de douleur des autres pleurs : il est immédiat, long, suivi d’une apnée, puis se confond avec les autres pleurs et peut se prolonger sous forme d’un gémissement.

4 . 2  -  Relation avec le nouveau-né

En dehors de toute stimulation douloureuse, certains enfants ne supportent plus les soins, s’agitant à la moindre approche du soignant, en dehors de toute stimulation douloureuse.
Les tentatives de réconfort par le toucher sont vaines et ne font qu’amplifier la réaction motrice. La succion proposée pour calmer est violente, désespérée.
Certains nouveau-nés sont sensibles aux méthodes de consolation et la durée de retour au calme peut être utile à la quantification du mal-être selon deux items : consolabilité et sociabilité.

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