2  -  Diagnostic des anomalies osseuses du bassin

2 . 1  -  Diagnostic pendant la grossesse

2 . 1 . 1  -  Interrogatoire


Il permet la recherche des antécédents médicaux,  chirurgicaux et obstétricaux évocateurs d’une anomalie du bassin LCH  comme par exemple :

  • Dans les milieux défavorisés : à la tuberculose, plus rarement mais également à l’ostéomalacie, l’ostéoporose, au rachitisme,
  • Aux interventions chirurgicales du pelvis, aux traumatismes du bassin, des membres inférieurs,  de la colonne vertébrale, des durées d’immobilisations, les séquelles cliniques et radiologiques, l’âge de survenue des troubles,
  • Tout accouchement difficile ayant nécessité une extraction instrumentale ou une césarienne.

2 . 1 . 2  -  Inspection


En période prénatale ; l’inspection de la femme doit comporter la station debout (entièrement dévêtue) et la marche.

L’examen clinique d’une femme dans les derniers mois de la grossesse comprend : la mesure de la taille (taille inférieure à 1,50 m fait partie d’un groupe à risque ), l’aspect morphologique, la recherche d’une claudication, la pointure des chaussures portées peut orienter le diagnostic (petite taille, petits pieds, petites mains sont des signes de petits bassins) une pointure de chaussure inférieure ou égale à 35 entraîne un fort risque de bassin rétréci.

2 . 1 . 3  -  Examen obstétrical


Mesure de la hauteur utérine (HU ) : une HU excessive dans les grossesses monofœtales peut-être liée à un hydramnios ou un excès pondéral fœtal. Cette mesure est un signe d’appel pour une échographie d’estimation pondérale fœtale et la recherche d’un diabète gestationnel. Elle ne permet pas le diagnostic d’anomalies du bassin mais doit alerter sur un risque de disproportion foetopelvienne.

Le palper abdominal est essentiel car outre d’apprécier cliniquement la présentation du fœtus, la position du dos, le volume fœtal, il faut rechercher un débord sus-pubien ou une mobilité anormale de la tête fœtale.

La pelvimétrie clinique est très  utile  (cf cours examen clinique du bassin ). Un toucher vaginal permet d’explorer le bassin et d’estimer ses dimensions.  Cette pelvimétrie clinique doit être réalisée au cours du 8è et/ou 9è mois pour évaluer le pronostic obstétrical. Par ailleurs, le toucher vaginal permet d’explorer l’accommodation du fœtus, la formation du segment inférieur, et en le combinant avec le palper abdominal, d’apprécier le débord sus-pubien.

L'examen et la pelvimétrie cliniques n'ont qu'une valeur d'orientation, elle dépend pour beaucoup de l’expérience du clinicien.

2 . 1 . 4  -  Examens para-cliniques

2 . 1 . 4 . 1  -  Pelvimétrie par radiographie conventionnelle ou par scannographie ou par IRM


Ces examens ont pour but de mesurer la valeur réelle des diamètres les plus caractéristiques du bassin. La pelvimétrie par imagerie par résonance magnétique (IRM) est le seul examen délivrant aucune irradiation à la mère et au fœtus.

Le bassin normal ou standard n’existe pas. Mais on peut classer les bassins selon une classification dite pratique qui est basée sur les mesures de la radiopelvimétrie. Ainsi 3 catégories de bassins sont définies en pratique : les bassins « normaux » (critères variables selon les auteurs), les bassins « chirurgicaux » (rares et nécessitent une césarienne), et entre les deux, les bassins « limites » (également critères variables selon les auteurs).

Figure 8 : Classification « pratique » des bassins [2]

Pour les bassins « limites », l’accouchement par voie basse est possible mais les dimensions étant réduites une flexion plus importante de la présentation est nécessaire.

La pelvimétrie radiologique est sans intérêt en présence d’une présentation céphalique (Cochrane 2003). Mais Schaal et Riethmuller [2] disent que quelque soit la méthode (radiographie conventionnelle, scanographie, IRM) l'importance de la pelvimétrie n'est plus à démontrer puisqu'elle permet de donner rapidement les renseignements utiles à l'obstétricien avec le choix éventuel du déroulement de l'accouchement et ceci avec un minimum d'inconvénients pour le fœtus et sa mère.

2 . 1 . 5  -  Echographie


L’échographie est là essentiellement pour explorer le fœtus.

Elle permet de réaliser les différentes mesures pour une biométrie fœtale (cf cours échographie obstétricale) et pour l’estimation du poids fœtal. Cette estimation est basée sur la mesure de plusieurs  diamètres mais il faut quand même ne pas oublier que cette estimation échographique est difficile et comporte une marge d’erreur de 100g/Kg.  

Une mesure précise du diamètre bipariétal fœtal est faite dans l’objectif d’effectuer une confrontation céphalopelvienne. Une échographie en fin de grossesse voire en début de travail doit être effectuée devant tout bassin suspect.

2 . 1 . 6  -  Confrontation céphalopelvienne


Les mesures de la radiopelvimetrie doivent être confrontés aux mesures échographiques notamment pour le diamètre bipariétal.

Pour évaluer le pronostic obstétrical, Magnin a décrit un indice qui additionne 2 diamètres, le PRP et le TM , ainsi selon l’indice de Magnin (IM ) le pronostic est jugé :

  • Normal si > 23
  • Favorable si > 22
  • Incertain entre 21 et 22
  • Médiocre entre 20 et 21
  • Mauvais si < 20

Dés lors que l’ IM est <  22, le risque de dystocie mécanique est présent voire très grand pour un IM < 20.  Le calcul de cet indice comparé au diamètre bipariétal du fœtal donne le diagramme de Magnin qui comporte  3 zones (cf figure 9):

  • Zone d’eutocie : 60 % des bassins
  • Zone d’incertitude : 24 % des bassins où le pronostic de l'accouchement est incertain et l'épreuve du travail justifiée,
  • Zone de dystocie : 16 % des bassins et où l'on a deux possibilités :
    • Si le diamètre bipariétal est > à 90 mm : zone de la césarienne prophylactique
    • Si le diamètre bipariétal est < à 90 mm : l'épreuve du travail peut se justifier si l'examen clinique est favorable
Figure 9 : Diagramme de Magnin [2]
IM : indice de Magnin ; PRP : promonto-rétro-pubien ; TM : transverse médian ; Bip : bipariétal.
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