Introduction

Les échinococcoses, cestodoses larvaires chez l’Homme, sont des zoonoses résultant du développement tissulaire de la larve d’un ténia échinocoque, parasite à l’état adulte de l’intestin grêle des canidés. Deux entités cliniques se différencient : l’hydatidose, ou kyste hydatique, due au développement larvaire d’Echinococcus granulosus, et l’échinococcose alvéolaire, due à celui de la larve d’Echinococcus multilocularis.

1  -  Hydatidose

1 . 1  -  Épidémiologie

1 . 1 . 1  -  Agent pathogène

a  -  Parasite adulte

Echinococcus granulosus est un petit ténia du chien (3 mm à 7 mm) ne comportant que trois à quatre anneaux, dont le dernier présente un utérus ramifié rempli d’œufs contenant des embryophores. Ces vers sont présents en grand nombre dans l’intestin des hôtes définitifs, les canidés.

b  -  Kyste hydatique (forme larvaire)

Le kyste hydatique se forme dans divers organes par la vésiculisation suivie d’une croissance progressive d’un embryon hexacanthe de 25 μm à 30 μm. Au terme de son développement, il peut atteindre 10 cm à 20 cm de diamètre. Sa forme est sphérique (figure 22.1), plus ou moins polylobée s’il est localisé dans un tissu mou. Le kyste est constitué, de l’extérieur vers l’intérieur, d’une membrane tissulaire réactionnelle appartenant à l’hôte et de deux membranes parasitaires : cuticule anhiste (acellulaire) et proligère germinative cellulaire, donnant naissance à des vésicules (figure 22.2) contenant des scolex invaginés (protoscolex de 150 μm à 200 μm) (cf. infra, figure 22.8) qui donnent ensuite les futures têtes de ténia chez le chien. Le kyste est rempli d’un liquide hydatique eau de roche, contenant de nombreux protoscolex et débris de membrane (sable hydatique). Les protoscolex peuvent évoluer en vésicules filles endogènes flottant dans le liquide hydatique, ou exogènes à l’origine de kystes secondaires.

Fig. 22.1 Intervention pour kyste hydatique : Echinococcus granulosus, larve hydatique
Fig. 22.1 Intervention pour kyste hydatique : Echinococcus granulosus, larve hydatique
Fig. 22.2 Echinococcus granulosus, larve hydatique ouverte
Fig. 22.2 Echinococcus granulosus, larve hydatique ouverte.

1 . 1 . 2  -  Cycle

Comme tous les ténias, il se déroule entre l’hôte définitif (les canidés) et l’hôte intermédiaire (plusieurs mammifères herbivores ou omnivores dont le mouton et accidentellement l’Homme). Ce dernier s’infeste par ingestion d’œufs embryonnés (embryophores) éliminés dans le milieu extérieur par l’hôte définitif. L’embryon hexacanthe, libéré dans le tube digestif, traverse la paroi intestinale et gagne la circulation sanguine. Il est arrêté dans 50 % à 60 % des cas par le filtre hépatique, puis dans 30 % à 40 % des cas par le filtre pulmonaire et se localise dans le reste de l’organisme (os, cerveau, thyroïde…) dans 10 % des cas. Il s’y développe lentement et devient un kyste hydatique. L’hôte définitif se contamine par ingestion (carnivorisme) de l’hydatide présente dans les organes de l’hôte intermédiaire. Chaque scolex du kyste hydatique ingéré par un canidé donne naissance à un ténia échinocoque adulte dans son intestin grêle. L’anneau terminal se détache activement du corps du parasite puis est éliminé dans le milieu extérieur, libérant les embryophores contenant un embryon hexacanthe (figure 22.3).

Fig. 22.3 Cycle évolutif de l’hydatidose et anatomie schématique d’un kyste

1 . 1 . 3  -  Modes de contamination humaine

L’Homme se contamine par l’ingestion d’embryophores recueillis sur le pelage du chien ou de façon indirecte à partir d’aliments ou de sols souillés par les fèces du chien infesté. Un berger avec son chien au milieu de son troupeau de moutons donne une image parfaitement représentative de l’épidémiologie de cette zoonose, l’Homme constituant une impasse parasitaire dans la mesure où il n’est plus habituellement une proie pour les canidés (figure 22.4).

Fig. 22.4 Hydatidose : épidémiologie

1 .1 . 4  -  Répartition géographique

Zoonose cosmopolite (figure 22.5), elle sévit en zone d’élevage extensif (ovins surtout, bovins, caprins, porcins, camélidés, équidés…), particulièrement dans les pays du Maghreb, en Afrique de l’Est et en Amérique du Sud. En France, l’hydatidose autochtone humaine est devenue exceptionnelle bien que, dans les foyers du Sud-Est (Bouches-du-Rhône, Alpes-Maritimes et Alpes-de-Haute-Provence, Corse) et du Sud-Ouest (Pays basque), le cycle naturel entre chiens et moutons demeure toujours actif.

Fig. 22.5 Répartition géographique de l’hydatidose
Fig. 22.5 Répartition géographique de l’hydatidose
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