3  -  Physiologie - Physiopathologie


Il existe, pour chaque oeil, six muscles oculomoteurs auxquels il faut ajouter le muscle releveur de la paupière supérieure, ainsi que la motricité de la pupille et de l’accommodation. La commande nerveuse est volontaire ou automaticoréflexe et est véhiculée par les trois nerfs crâniens oculomoteurs avec la répartition suivante :

• III : pour le droit médial, l’oblique inférieur, le droit supérieur, le droit inférieur, ainsi que pour le muscle releveur de la paupière supérieure, le sphincter pupillaire et l’accommodation,
• IV : pour l’oblique supérieur,
• VI : pour le droit latéral.

1. Champ d’action d’un muscle oculomoteur

C'est la position où son action est maximale et où l’étude clinique est la plus caractéristique. Schématiquement, les champs d’action sont pour chacun des muscles oculo-moteurs :

  • droit médial : en dedans,
  • droit latéral : en dehors,
  • droit supérieur : en haut et en dehors,
  • droit inférieur : en bas et en dehors,
  • oblique supérieur : en bas et en dedans,
  • oblique inférieur : en haut et en dedans.

(N.B. : pour mémoire, action et champ d’action d’un muscle sont deux notions différentes et ne concordent pas forcément : par exemple, l’oblique supérieur a une action d’abaissement et d’abduction mais son champ d’action est le regard en bas et en dedans ; en clinique, c’est le champ d’action de chaque muscle que l’on étudie).

Figure 2 : Champs d’action des muscles oculomoteurs
Tableau I. Champs d’action des muscles oculomoteurs : caractéristiques de la diplopie en fonction du muscle atteint
MuscleDM (III)DS (III)DI (III)OI (III)OS (IV)DL (VI)
Champ d’actionDedansHaut et dehorsBas et dehorsHaut et dedansBas et dedansDehors
DiplopieHorizontale croiséeVerticaleVerticaleVerticaleVerticaleHorizontale homonyme
Position compens.Face tournée côté sainMenton élevéMenton abaissé côté sainTête en arrière-face tournée du côté sain

Menton abaissé
Face inclinée côté sainTête tournée du côté atteint
DM : droit médial ; DS : droit supérieur ; DI : droit inférieur ; OI : oblique inférieur ; OS : oblique supérieur ; DL : droit latéral ; position comp. : position compensatrice de la tête.
Figure 3 : Étude champs d’action des six muscles oculomoteurs des deux yeux

2. Mouvements oculaires bilatéraux

Les mouvements oculaires bilatéraux, conjugués des deux yeux (versions), font intervenir des muscles synergiques sur les deux yeux : par exemple, le regard à droite est assuré par le droit latéral droit et le droit médial gauche.

3. Vision binoculaire

Lois de Hering et de Sherrington

La vision binoculaire est assurée grâce à la synergie d’action entre muscles oculomoteurs : chaque muscle possède un antagoniste homolatéral et un synergiste (agoniste) controlatéral ; ainsi, par exemple, le droit latéral droit a comme antagoniste le droit médial droit et comme agoniste le droit médial gauche.

Cette synergie est réglée par les lois de Hering et de Sherrington :

  • la loi de Hering est propre à l’oculomotricité : lors de mouvements binoculaires, l’influx nerveux est envoyé en quantités égales aux muscles agonistes des deux yeux ; ainsi, dans le regard à droite, droit latéral droit et droit médial gauche reçoivent en même temps la même quantité d’influx nerveux, mécanisme assurant le parallélisme des deux yeux dans les différentes directions du regard ;
  • selon la loi de Sherrington, de plus, quand les muscles synergistes se contractent, les muscles antagonistes se relâchent : par exemple, le regard à droite fait intervenir la contraction du droit latéral droit et du droit médial gauche, et parallèlement selon la loi de Sherrington le relâchement du droit médial droit (antagoniste du droit latéral droit) et du droit latéral gauche (antagoniste du droit médial gauche).

Un cas particulier est celui des vergences, terme désignant des mouvements oculaires de sens opposé des deux yeux ; il s’agit essentiellement de la convergence permettant la vision de près.

Correspondance sensorielle

Un objet se projette sur les deux yeux sur des points rétiniens dits « points rétiniens correspondants », permettant une localisation identique par les deux yeux. Par exemple, un objet situé dans le champ visuel droit est vu par deux points rétiniens correspondants situés sur la rétine nasale de l’œil droit et la rétine temporale de l’œil gauche, un objet situé droit devant est vu par les maculas des deux yeux.

Si le parallélisme des deux yeux disparaît, un objet fixé par la macula d’un œil sera fixé par une autre zone, extramaculaire, de l’autre œil ; c’est la « correspondance rétinienne anormale » : le même objet est alors localisé de façon différente par les deux yeux, phénomène responsable d’une vision double = diplopie.

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