Introduction

Les  hémorroïdes sont des structures anatomiques normalement présentes chez l’individu sain. Elles sont composées de lacs veineux, de petites artérioles sous-muqueuses et d’un intense réseau anastomotique. Il ne s’agit pas à véritablement parler de veines puisqu’elles n’ont pas de valvules conniventes.

Elles s’organisent en plexus hémorroïdaire interne (au-dessus de la ligne pectinée) et en plexus hémorroïdaire externe (immédiatement sous-cutané dans les plis radiés de l’anus). Les plexus participent pour partie à la continence de base (fig. 27.1). Le vieillissement s’accompagne parfois d’une plus grande laxité du matériel « d’ancrage » (fibres musculaires lisses et tissu de revêtement), induisant progressivement une saillie (procidence) des hémorroïdes.

La maladie hémorroïdaire est l’affection la plus fréquemment rencontrée en proctologie : elle se définit par des signes ou symptômes attribués aux hémorroïdes. Il n’existe aucun parallélisme entre l’importance de la maladie anatomique hémorroïdaire et les symptômes décrits par les patients. En d’autres termes, certains souffrent de petites hémorroïdes non procidentes et d’autres patients ont une procidence hémorroïdaire interne importante sans symptôme.

La pathogénie de la maladie hémorroïdaire repose sur des théories anciennes vasculaires et mécaniques qui sont néanmoins la base de l’approche thérapeutique actuelle (diminution de la composante vasculaire et inflammatoire quand elle existe (théorie vasculaire) et renforcement des moyens mécaniques utiles à maintenir ou repositionner le tissu hémorroïdaire en position anatomique favorable (traitements instrumentaux et certains traitements chirurgicaux)).

1  -  Données épidémiologiques et facteurs de risque

Fig. 27.1. Le plexus hémorroïdaire interne réalise en quelque sorte des « coussinets » au sommet du canal anal.

1 . 1  -  Épidémiologie et filières de soins

Dans une enquête française récente et de grande ampleur, 39 % des personnes interrogées déclarent avoir souffert au moins une fois d’un problème hémorroïdaire et plus d’un tiers d’entre eux au cours des douze derniers mois. 29 % des personnes ayant décrit un problème hémorroïdaire ont consulté un praticien pour ce problème et 52 % ont pris des médicaments (un tiers d’entre eux sur prescription médicale). Les  3/4 des malades consultent un médecin généraliste et  1/4 un gastro-entérologue.

1 . 2  -  Facteurs de risque

Les facteurs de risque susceptibles d’expliquer la survenue de symptômes hémorroïdaires les mieux validés sont la période du troisième trimestre de la grossesse, l’accouchement et le post-partum immédiat, ainsi que les troubles du transit intestinal. Les autres facteurs de risque sont moins bien documentés.

1 . 3  -  Implication symptomatique au plan du dépistage du cancer colorectal

La maladie hémorroïdaire est une maladie bénigne, qui ne menace pas par elle-même le pronostic vital et ne dégénère pas. Cependant, certains symptômes d’origine hémorroïdaire peuvent s’exprimer de la même façon qu’un cancer du côlon ou du rectum et notamment les saignements. Quoique le saignement hémorroïdaire survienne classiquement à la fin de la selle et n’est pas mélangé aux matières, il est difficile de faire la part des choses. Ainsi, la présence d’un saignement à l’occasion d’une défécation constitue un signe d’alarme nécessitant une exploration colorectale de dépistage. Cette attitude pragmatique doit être nuancée notamment par l’âge du malade, l’ancienneté de la plainte et de la dernière exploration colique.

En France et en dépit de ces recommandations, une exploration coloscopique est réalisée chez moins de 20 % des personnes qui souffrent de saignements anaux chroniques et répétés.

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