6  -  Priapisme

6 . 1  -  Définition


Le priapisme correspond à un état d’érection prolongée au-delà de 4 heures qui est parfois douloureuse, en dehors de toute stimulation sexuelle.

Le priapisme concerne essentiellement les corps caverneux. Le gland et le corps spongieux sont généralement épargnés. Il s’agit d’une affection rare avec incidence de 1,5 pour 100 000 personnes. Il existe deux sortes de priapisme (à bas débit et à haut débit) présentant deux tableaux complètement distincts.

6 . 2  -  Priapisme à bas débit (ischémique)


Il est la conséquence d’une paralysie du muscle lisse caverneux qui ne peut plus se contracter et laisse stagner du sang hypoxique au sein des espaces sinusoïdes.

C’est le priapisme le plus fréquent. Il s’agit d’une urgence. Au-delà de 6 heures, il existe un risque d’apparition d’une lésion progressive des fibres musculaires lisses du corps caverneux exposant à une dysfonction érectile définitive. L’érection est douloureuse.

Les étiologies à évoquer sont :

  • iatrogénie : injection intracaverneuse +++ ;
  • causes hématologiques :
    • drépanocytose, thalassémie (hémoglobinopathie),
    • trouble de la coagulation,
    • leucémie myéloïde chronique ;
  • envahissement néoplastique avec compression extrinsèque ;
  • traumatismes médullaires par lésion du système sympathique.

On estime que 30 à 50 % des priapismes sont d’étiologie inconnue. La gravité de l’hypoxie et de l’acidose caverneuse peut être évaluée par une gazométrie du sang caverneux.

6 . 3  -  Priapisme à haut débit (artériel)

Il est secondaire à un traumatisme périnéal le plus souvent.

Il est non douloureux et souvent partiel car le tissu du corps caverneux n’est pas ischémique.

Il survient souvent comme une conséquence d’une fistule artério-caverneuse.

6 . 4  -  Prise en charge


Elle dépend du type de priapisme. Le délai de consultation est un élément important.

En cas de doute diagnostique, un écho-doppler permet d’identifier la fistule artério-caverneuse.

1) Priapisme à haut débit

Il ne correspond pas à proprement parler à une urgence puisqu’il n’y a pas d’hypoxie caverneuse et que la régression spontanée est possible.

L’examen de référence est l’artériographie pelvienne avec embolisation si le diagnostic de fistule artério-veineuse est établi.

L’évolution est en règle générale favorable avec récupération d'une fonction érectile normale.

2) Priapisme à bas débit

C’est une véritable urgence. Avant la 6è heure, il faut employer des « petits moyens » comme l’effort physique, la réfrigération cutanée pénienne et les alphastimulants par voie orale (Effortil®).

Après la 6è heure, la ponction évacuatrice intracaverneuse est indispensable. Elle permet de décomprimer les corps caverneux en retirant le sang de stase, et elle permet d’effectuer une gazométrie. En cas de récidive, il faudra procéder à une injection intracaverneuse d'alphastimulant en l’absence de contre-indications (Effortil®, éphédrine), à répéter si nécessaire.

La chirurgie est envisagée seulement en cas d’échec de toutes les méthodes ci-dessus. Elle consiste en la réalisation d’un shunt caverno-spongieux. Elle permet au sang intracaverneux de se drainer dans le corps spongieux du gland.

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