Avant de commencer…

L’item Fractures exige de connaître les « particularités » pédiatriques.

Ce chapitre répond strictement à cet objectif et n’a pas pour but de détailler de manière exhaustive la prise en charge des fractures de l’enfant, qui relève des spécialistes. Seules les spécificités des fractures du coude et de la cheville sont détaillées.

Retenir les particularités des fractures chez l’enfant :
- les terrains à ne pas méconnaître ;
- les fractures spécifiques à l’âge pédiatrique ;
- la sévérité des décollements épiphysaires en cas d’atteinte du cartilage de croissance ;
- la place prépondérante d’un traitement non chirurgical.

L’item Traumatisme craniofacial est vaste.

Nous avons choisi de traiter les spécificités pédiatriques de la conduite à tenir en cas de consultation pour traumatisme crânien (motif de recours fréquent aux urgences pédiatriques).

Connaître la conduite à tenir aux urgences en cas de traumatisme crânien :
- repérer les rares situations de gravité ;
- assurer le maintien des fonctions vitales ;
- prescrire si nécessaire une imagerie cérébrale ;
- savoir expliquer les consignes de surveillance aux parents.

1  -  Fractures de l’enfant

1 . 1  -  Particularités épidémiologiques

1 . 1 . 1  -  Généralités


Les fractures sont les premières causes de consultations chirurgicales en urgence chez l’enfant.

Certaines fractures sont proches de celles rencontrées chez l’adulte. D’autres sont en revanche spécifiques à l’enfant : fractures sous-périostées, fractures en bois vert, déformations plastiques, fractures en motte de beurre, décollements épiphysaires, arrachements apophysaires.

L’os de l’enfant est constitué d’une maquette cartilagineuse s’ossifiant progressivement (noyaux d’ossification). Cette croissance se fait en longueur par le cartilage de croissance, et en largeur par le périoste.

Le cartilage de croissance, situé entre la métaphyse et l’épiphyse, est d’autant plus actif qu’il est situé « près du genou, loin du coude ». Le périoste a un rôle essentiel en raison de sa capacité à constituer rapidement un cal osseux et à permettre le remodelage osseux.

Les fractures chez l’enfant peuvent concerner les différentes zones d’un os long : diaphyse (corps), épiphyse (extrémités), métaphyse (entre les deux).

Les décollements épiphysaires concernent les fractures survenant au niveau du cartilage de croissance. La classification de Salter et Harris en cinq stades permet d’apprécier le niveau du trait de fracture, et d’évaluer les conséquences pronostiques sur la croissance.

Spécificité pédiatrique : cartilage de croissance.

1 . 1 . 2  -  Circonstances


Circonstances habituelles

L’os de l’enfant est mécaniquement moins résistant que celui de l’adulte.

Les entorses graves de l’enfant sont en revanche plus rares, l’os ayant une résistance mécanique moindre que celle des structures périarticulaires.

Le siège des fractures se situe souvent au poignet, au coude, à la main, à la cheville, à la jambe.

Ces fractures surviennent habituellement après des traumatismes, au cours d’activités sportives de récréation ou d’accidents domestiques. Les polytraumatismes sont rares.

Circonstances particulières

La forme la plus fréquente de fragilité osseuse constitutionnelle est la maladie de Lobstein.

Les fractures sont le plus souvent diaphysaires. Les signes évocateurs sont le caractère familial, une sclérotique bleue, la survenue de fractures répétées pour des traumatismes minimes.

Ce diagnostic peut être méconnu, et une situation de maltraitance évoquée à tort.

Les fractures pathologiques surviennent au niveau de zones pathologiques fragilisées par des processus expansifs d’origine bénigne ou maligne.

Certaines lésions osseuses sont plus spécifiques à l’enfant : fracture métaphysaire sur une lésion kystique (kyste osseux essentiel, kyste anévrismal), fracture sur une lésion lytique (ostéosarcome, sarcome d’Ewing, métastases de neuroblastome ou néphroblastome).

Ces fractures sont le mode habituel de découverte de la lésion osseuse fragilisante. Elles doivent être évoquées devant une image anormale radiologique (lyse) ou une inadéquation entre le type de fracture et le mécanisme de l’accident (par exemple : fracture du fémur suite à une simple chute de sa hauteur).

Le syndrome de Silverman doit être systématiquement évoqué devant une fracture chez un très jeune enfant, d’autant plus avant l’âge de la marche.

Il est caractérisé radiologiquement par l’existence de lésions osseuses et de fractures multiples, souvent d’âges différents, avec présence de cals osseux, d’arrachements métaphysaires et de décollements périostés (voir chapitre 10). Certaines fractures alertent car incohérentes avec l’âge de l’enfant : avant-bras < 1 an, clavicules < 2 ans, humérus (spiroïde) < 3 ans.

Son identification doit faire pratiquer des radiographies de l’ensemble du squelette ainsi qu’un fond d’œil. Une enquête clinique doit rechercher d’autres indices de suspicion de maltraitance.

Fractures chez un très jeune enfant ou répétées : évoquer une maltraitance.

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