Avant de commencer…

L’enfant a un vécu de la douleur différent de celui de l’adulte.

La connaissance des différents niveaux de développement cognitif de l’enfant en fonction de son âge aide le soignant à mieux le comprendre et communiquer avec lui, et donc à mieux le soigner.

Les manifestations de la douleur sont le plus souvent biphasiques. À la phase aiguë, elles sont bruyantes ; mais si la douleur se prolonge ou se répète, elles peuvent faire place à un tableau d’inertie psychomotrice.

L’évaluation de la douleur est la 1re étape de la prise en charge.

Elle fait appel à des outils d’évaluation permettant de limiter la subjectivité du soignant et de fournir un score d’intensité douloureuse utile au suivi.

Chez les plus jeunes enfants, seule une hétéro-évaluation de la douleur est possible, basée sur des échelles comportementales, à choisir en fonction de l’âge de l’enfant mais aussi du contexte. À partir de l’âge de 4 ans, une auto-évaluation peut être proposée.

Les principes de prise en charge thérapeutique sont proches de ceux de l’adulte.

De nombreuses spécialités médicamenteuses n’ont cependant pas l’AMM en pédiatrie.

Les traitements non médicamenteux constituent des aides précieuses dans la prise en charge de la douleur aiguë et chronique chez l’enfant.

1  -  Pour bien comprendre

1 . 1  -  Généralités

1 . 1 . 1  -  Stades de développement cognitif de l’enfant


Le psychologue Jean Piaget a nommé et décrit différents stades de développement cognitif, par lesquels l’enfant va successivement passer au cours de sa croissance.

Sa connaissance du monde, sa relation avec autrui, sa compréhension de la douleur et de la maladie vont évoluer progressivement jusqu’à ce qu’il atteigne une pensée de type adulte, vers l’âge de 12–13 ans.

De l’âge de 0 à 2 ans : plusieurs stades se succèdent

Le nourrisson passe par le stade des réflexes (les réponses à la douleur apparaissent réflexes et dominées par les perceptions), puis celui des premières habitudes motrices, et enfin celui de l’intelligence sensorimotrice.

La douleur peut rapidement envahir le nourrisson, car il n’a ni la notion du temps ni celle du soulagement.

De l’âge de 2 à 7 ans : stade de la pensée préopératoire

L’enfant a du mal à faire la différence entre ses propres pensées et celles des autres. La maladie est perçue comme un phénomène extérieur.

La douleur est vécue comme une punition. L’enfant tient l’autre pour responsable de sa douleur (souvent les soignants, parfois aussi les parents) et ne fait pas le lien entre le traitement et le soulagement de la douleur.

De l’âge de 7 à 11 ans : stage des opérations concrètes

L’enfant commence à se différencier des autres. La maladie est perçue comme une contamination par les plus jeunes, ou intériorisée par les plus âgés.

La douleur est perçue comme une expérience physique localisée dans le corps, mais le rôle de chaque organe reste confus pour l’enfant. Il faut particulièrement le rassurer à cet âge car il a peur de la mort, et donc d’une atteinte ou d’une disparition de son corps.

Après l’âge de 11 ans : stade des opérations formelles

L’enfant appréhende le monde en termes plus abstraits. La maladie et la douleur peuvent être attribuées à des causes physiologiques et/ou psychologiques, et donc au mauvais fonctionnement d’un organe.

L’enfant cherche à être informé sur sa maladie. Il faut l’encourager à parler de ses angoisses.

L’enfant va successivement passer par différents stades de développement cognitif.

1 . 1 . 2  -  Composantes de la douleur


On distingue quatre composantes interactives de la douleur.

Ces différentes composantes se modulent réciproquement :

  • composante cognitive ;
  • composante sensori-discriminative, traduite avant tout par le langage (que le jeune enfant ne possède pas toujours) ;
  • composante affectivo-émotionnelle, variant selon l’âge de l’enfant, le contexte dans lequel survient la maladie, l’incertitude quant à son évolution, l’attitude de l’entourage ;
  • composante comportementale, variant selon les expériences antérieures, l’attitude familiale et soignante, le milieu culturel, les standards sociaux liés à l’âge et au sexe.

Le facteur temps (mode aigu, chronique, récurrent) va également modifier le vécu douloureux.

Composantes de la douleur : cognitive, sensori-discriminative, affectivo-émotionnelle, comportementale.

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