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Diagnostic des complications
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Généralités
La recherche clinique de complications doit toujours être assurée (tableau 56.3).
Les complications somatiques ont rarement une expression clinique durant l’enfance, contrairement à l’obésité de l’adulte.
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Points forts sur les principales complications
Complications métaboliques
L’insulinorésistance concerne plus de la moitié des enfants obèses. Elle est traduite par une hyperinsulinémie. Elle est parfois responsable d’un acanthosis nigricans (pigmentation noirâtre reposant sur une peau rugueuse, épaissie et quadrillée, localisée principalement aux aisselles, au cou et aux régions génitocrurales).
L’intolérance au glucose concerne environ 10 % des enfants obèses. Elle est définie par une glycémie à jeun normale et une glycémie > 7,8 mmol/L et < 11,1 mmol/L, 120 minutes après ingestion du glucose au cours d’une HGPO.
Le diabète demeure tout à fait exceptionnel chez l’enfant obèse.
Une dyslipidémie atteint environ 20 % des enfants obèses. Elle inclut principalement une diminution du HDL-cholestérol et une hypertriglycéridémie.
Complications endocriniennes
Une accélération de la croissance staturale est souvent observée dans l’obésité commune, avec une taille définitive normale. Elle est due à une augmentation de la concentration d’IGF-1 induite par l’hyperinsulinémie.
La puberté débute parfois plus précocement chez les filles obèses, mais elle survient le plus souvent à un âge normal chez les garçons.
Les garçons se plaignent parfois de pseudo-hypogénitalisme (verge enfouie dans la masse graisseuse hypogastrique paraissant donc minuscule) ou d’adipogynécomastie (accumulation de graisse au niveau de la région mammaire simulant le développement de seins). Ces dysmorphies peuvent générer de sérieux troubles psychologiques.
Il existe rarement des troubles des règles (spanioménorrhée ou aménorrhée) chez les adolescentes.
Complications respiratoires et cardiovasculaires
L’asthme atteint avec une plus grande fréquence les enfants obèses. Il s’exprime souvent par une dyspnée ou une toux à l’effort. Son traitement est indispensable pour améliorer la tolérance de l’effort physique.
Les apnées du sommeil sont rares mais potentiellement graves. Atteignant principalement les enfants souffrant d’obésité morbide, elles se manifestent par des ronflements nocturnes importants avec reprise inspiratoire bruyante, une somnolence diurne, ou des troubles du sommeil. En plus de la réduction pondérale, elles nécessitent la mise en route d’une pression positive continue nasale dans les formes sévères (voir chapitre 36).
Les pressions artérielles systolique et diastolique de repos sont souvent augmentées, mais elles dépassent rarement les limites physiologiques. L’hypertension artérielle atteint moins de 10 % des enfants obèses.
Complications digestives
Une stéatose hépatique est rencontrée chez 10 à 30 % des enfants obèses. Elle s’exprime principalement par une augmentation modérée des transaminases à 2–3 fois la normale (une élévation plus importante de celles-ci doit faire évoquer une autre cause). Elle n’est recherchée qu’en cas d’hépatomégalie ou d’antécédents familiaux de stéatose hépatique non-alcoolique sévère.
Complications orthopédiques
Le genu valgum est fréquent. Il n’est ni arthrogène, ni douloureux.
L’épiphysiolyse de la tête fémorale est beaucoup plus rare mais constitue une urgence orthopédique. Elle est plus fréquente chez le garçon et s’observe habituellement lors de la poussée de croissance pubertaire. Sous l’effet du poids, une dysplasie du cartilage de conjugaison apparaît, entraînant une diminution de sa résistance mécanique puis un glissement de la tête fémorale sur la métaphyse. Elle se manifeste par des douleurs de hanche ou du genou d’installation progressive, responsables de boiterie (voir chapitre 70).
Complications psychosociales
Quel que soit l’âge, l’obésité entraîne une souffrance psychologique de l’enfant dont l’expression clinique est très variée.
Une souffrance vis-à-vis du regard d’autrui, mais aussi liée à sa propre image du corps chez les plus âgés, est quasi-systématique dès que l’enfant est susceptible d’en prendre conscience.
La discrimination sociale de l’enfant obèse existe également dès le plus jeune âge, notamment en milieu scolaire.
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Indications d’une enquête paraclinique
Aucun bilan paraclinique systématique à la recherche de complications n’est habituellement nécessaire.
La prescription d’examens complémentaires doit être guidée par les données de l’examen clinique.
Des recommandations éditées par la HAS en 2011 proposent la réalisation d’un bilan systématique chez l’enfant ayant un surpoids avec antécédent familial de diabète ou de dyslipidémie ainsi que chez l’enfant ayant une obésité, incluant : l’exploration des anomalies lipidiques (cholestérol total, HDL et LDL et triglycérides plasmatiques), la glycémie à jeun et les transaminases.
Cette indication est toutefois nuancée par le Collège des enseignants de nutrition.
Recherche des complications = clinique avant tout.
Retenir : insulinorésistance, asthme, syndrome d’apnées du sommeil, souffrance psychologique.
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