2  -  Orientation diagnostique devant une fièvre ou un autre symptôme chez l’enfant au retour d’un voyage en pays tropical

2 . 1  -  Particularités des enfants voyageurs

2 . 1 . 1  -  Risques reliés à l’âge pédiatrique


Les activités évoluent en fonction de l’âge et du comportement de l’enfant : exposition au péril orofécal par de nombreux contacts mains-bouche, aux infections parasitaires acquises par contact avec le sol (ascaridiose, ankylostomiase…) ainsi qu’aux risques liés aux animaux (morsures, rage…).

L’immaturité du système immunitaire, en particulier chez le nourrisson, les expose à des risques d’infections plus sévères et d’évolution plus rapide. Le jeune âge est un facteur de risque classique d’évolution vers une forme grave d’accès palustre.

Le diagnostic des pathologies exotiques est parfois difficile. Les signes cliniques chez l’enfant sont souvent peu spécifiques, difficiles à mettre en évidence en l’absence de coopération chez les plus jeunes enfants et ils peuvent varier avec l’âge. Ceci peut conduire à un accroissement des délais diagnostiques.

La prophylaxie de certaines infections est difficile à l’âge pédiatrique. Des formes galéniques mal adaptées à la pédiatrie compliquent l’observance, en particulier chez les nourrissons. Chez ces derniers, la chimioprophylaxie antipalustre est parfois inexistante, et souvent mal prise ou inadaptée au pays visité.

2 . 1 . 2  -  Particularités des enfants séjournant dans leur famille d’origine


La plupart des enfants voyageurs quittant la France pour un pays tropical ou subtropical sont nés en France métropolitaine de parents migrants, et rendent visite à leur famille restée dans leur pays d’origine.

Leurs séjours sont souvent plus prolongés que ceux d’enfants voyageant dans un cadre touristique. Les enfants sont plus jeunes et ont des risques plus importants de contracter des maladies en rapport avec leur séjour.

Ces familles consultent fréquemment dans un délai court avant leur départ rendant difficile ou incomplet le suivi des recommandations (prophylaxie, vaccins…). De plus, ces familles, originaires du pays visité, n’ont pas toujours la perception des risques encourus et du temps nécessaire pour bien préparer le séjour.

Enfin, les voyageurs visitant leur famille dans leur pays d’origine ont souvent des difficultés à pouvoir respecter au sein de leur famille les règles hygiéno-diététiques préconisées avant le départ.

2 . 2  -  Épidémiologie des pathologies de retour chez l’enfant voyageur


Chez l’enfant voyageur, il existe beaucoup moins de données épidémiologiques concernant la proportion d’enfants fébriles et le type de pathologies associées à la fièvre en comparaison avec l’adulte.

Les pathologies varient en fonction du lieu de provenance. Les principales pathologies associées à de la fièvre sont les diarrhées, les infections respiratoires basses en provenance d’Afrique du Nord, le paludisme, les infections respiratoires basses, les diarrhées en provenance d’Afrique subsaharienne, les atteintes cutanées en provenance d’Amérique du Sud (en général non fébriles).

Les diarrhées peuvent être d’origine bactérienne à salmonelles (le plus souvent mineures), shigelles, Campylobacter, E. coli enterotoxinogène, Yersinia mais aussi à des virus (Rotavirus en particulier), ou des parasites (giardiase…). Elles peuvent être aussi classiquement associées à d’autres infections.

Parmi les atteintes dermatologiques, les morsures, les piqûres ou plaies impétiginisées, les larva migrans (infection sous-cutanée par une larve d’ankylostome du chien ou du chat souillant le sol) sont les plus fréquentes. La leishmaniose cutanée est moins fréquente.

Aucun signe clinique n’a de valeur prédictive positive significative d’une étiologie particulière mais l’ictère et l’hépatomégalie ont une bonne valeur prédictive positive d’hépatite.

Même si au final les affections cosmopolites (simples ou sévères) sont les plus fréquentes, les affections « tropicales » ou « importées » doivent être éliminées car elles sont potentiellement très sévères (ex. : paludisme).

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