2  -  Repérer une situation de maltraitance

2 . 1  -  Enquête clinique

2 . 1 . 1  -  Circonstances diagnostiques


L’enfant peut être accompagné par un parent ou un autre adulte dans un contexte immédiatement évident de maltraitance ; néanmoins le plus souvent celle-ci doit être suspectée derrière un autre motif de consultation.

Circonstances diagnostiques possibles :

  • situations apparemment banales mais répétées : traumatismes, chutes ;
  • symptômes divers : douleurs abdominales, céphalées, vomissements ;
  • complications : convulsions, malaise avec pâleur (HSD aigu), dénutrition ;
  • troubles psychocomportementaux : anxiété, apathie, dépression, troubles du sommeil, difficultés scolaires.

La maltraitance est un diagnostic difficile. Elle doit être évoquée sur la conjonction de données anamnestiques, d’indices cliniques de suspicion, et de résultats d’examens complémentaires systématiques ou orientés.

La synthèse de ces informations est permise par une hospitalisation, au mieux consentie par la famille.

Rester toujours vigilants et prudents face à ces motifs de recours.

2 . 1 . 2  -  Données anamnestiques


Leur recueil doit être assuré de manière progressive, rigoureuse et non interprétative. Il peut être pratiqué au cours de l’examen physique ou au terme de ce dernier.

La source des informations (parents ou accompagnants, enfant seul, personnel paramédical) et le motif de la consultation médicale doivent être précisés dans le dossier médical, en veillant à ne pas interpréter les faits rapportés.

En aucun cas le médecin ne doit chercher à obtenir un aveu de culpabilité, ni à exprimer un jugement ou une accusation.

Antécédents médicaux, familiaux et personnels (aide du carnet de santé) :

  • pathologie de l’hémostase connue ;
  • retard de croissance staturo-pondérale (nanisme psychosocial) ;
  • non-respect du calendrier vaccinal, irrégularités de suivi médical ;
  • nombre de consultations anormalement élevé dans les services d’urgences et motifs particuliers (intoxications médicamenteuses, fractures), nomadisme médical.

Mode de vie :

  • identité de la personne accompagnante ;
  • mode de garde actuel, entourage de l’enfant ;
  • événements récents (licenciement, fatigue parentale) ;
  • facteurs de risque environnementaux et individuels (tableau 10.1).
Tableau 10.1 Facteurs de risque de maltraitance
Personne concernéeFacteurs de risque
Responsables de l’enfant                       
                       
                       
– Grossesse : immaturité, grossesse non déclarée/non ou mal surveillée
– Contexte socio-économique : chômage (licenciement récent), pauvreté
– Structure familiale : jeune âge parental, monoparentalité, famille nombreuse
– Contexte psychologique : psychose, état dépressif, sévices subis dans l’enfance
– Addictions : éthylisme, toxicomanie
Enfant            – Terrain : prématurité, handicap (physique ou intellectuel), séparations familiales
– Comportement : pleurs incessants, troubles du comportement ou du sommeil
Fratrie                        – Antécédents médicaux : hospitalisations répétées, MIN inexpliquée
– Antécédents administratifs : placements, décisions judiciaires

L’existence de facteurs de risque ne traduit qu’une augmentation du risque de maltraitance, sans être une preuve indéniable de celle-ci. Ils peuvent être cumulatifs et multiplicatifs.

La maltraitance existe dans tous les milieux sociaux. L’entourage est responsable dans 80 % des cas.

Retenir comme éléments anamnestiques ayant valeur d’orientation :

• le délai inexplicable entre le début des signes et la consultation médicale ;
• l’incohérence entre le motif invoqué de la consultation et le tableau clinique observé ;
• le hiatus entre les explications fournies par les parents et les signes physiques constatés ;
• la responsabilité reportée sur une tierce personne ;
• le manque d’intérêt pour le pronostic des lésions diagnostiquées.

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