2  -  Diagnostiquer une infection urinaire

2 . 1  -  Enquête clinique

2 . 1 . 1  -  Tableaux cliniques


Généralités

L’anamnèse recherche :

  • les données de l’échographie prénatale, l’existence d’une uropathie ;
  • des épisodes antérieurs d’IU.

La notion de diffusion de l’infection au-delà de la jonction vésico-urétérale peut apparaître théorique, mais elle a cependant une bonne concordance avec les données cliniques (tableau 22.1).

Tableau 22.1 Comparaison des données cliniques entre pyélonéphrite aiguë (PNA) et cystite aiguë
 PNACystite aiguë
Température≥ 38,5 °C≤ 38,5 °C
Signes généraux+++0
Signes fonctionnels urinaires++++
Localisation de la douleurLombo-abdominaleHypogastrique
Palpation lombaireDouloureuseIndolore

Pyélonéphrite aiguë

La PNA du nouveau-né se caractérise par un syndrome infectieux, avec troubles digestifs et parfois ictère (voir chapitre 2), déshydratation aiguë et perturbations ioniques, parfois insuffisance rénale aiguë (atteinte bilatérale avec reflux massif d’urine infectée). Tout tableau d’infection néonatale doit conduire à évoquer ce diagnostic de PNA (sauf IMF précoce).

La PNA du nourrisson et du jeune enfant doit être évoquée en cas de fièvre inexpliquée, volontiers accompagnée de troubles hémodynamiques, ainsi que de signes algiques orientant vers des douleurs abdominales.

La PNA du grand enfant est évoquée en cas de fièvre élevée, de frissons, de douleurs abdominales ou lombaires, parfois associés à des signes fonctionnels urinaires (pollakiurie, mictions impérieuses, fuites d’urine).

Cystite aiguë

Le diagnostic de cystite aiguë est le plus souvent évoqué chez la petite fille.

Les récidives sont d’autant plus fréquentes qu’il existe un trouble mictionnel et/ou une constipation.

Il existe parfois une fébricule, mais il n’y a pas de signes généraux ni douleurs lombaires.

Les signes fonctionnels urinaires sont variés et parfois intenses : dysurie, brûlures mictionnelles (ou pleurs à la miction), pollakiurie, envies impérieuses d’uriner, douleurs hypogastriques, fuites urinaires. Une hématurie macroscopique peut être associée.

Intérêt de la connaissance des données de l’échographie prénatale.

2 . 1 . 2  -  Critères de gravité d’une pyélonéphrite aiguë


Ils doivent être systématiquement recherchés.

Les caractéristiques permettant de définir les infections urinaires « compliquées » chez l’adulte sont difficiles à appliquer en pédiatrie. On préfère identifier chez l’enfant des facteurs de risque et des facteurs de sévérité (tableau 22.2).

Tableau 22.2 Facteurs de risque et de sévérité d’une PNA de l’enfant
Facteurs de risque
                       
– Âge < 3 mois
                       
– Uropathie sous-jacente
                       
– Immunodépression
                       
– Lithiase (cause ou conséquence de l’IU)
Facteurs de sévérité
                       
– Sepsis (fièvre mal tolérée, troubles hémodynamiques)
                       
– Signes de déshydratation
                       
– Altération de l’état général

La présence de l’un de ces critères de gravité justifie une hospitalisation et une stratégie antibiotique ad hoc (voir infra).

L’âge < 3 mois occupe une place à part, du fait du tableau clinique souvent trompeur, de la particularité des germes rencontrés, du risque de septicémie et d’essaimage méningé, et de la négativité fréquente de la bandelette urinaire (BU). L’hospitalisation s’impose donc à cet âge. Au-delà de 3 mois, elle dépend de la présentation clinique et des facteurs de risque et de sévérité.

Retenir : âge < 3 mois, sepsis, uropathie sous-jacente.

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