3 . 3  -  Justifier les examens complémentaires pertinents

  • Bilan infectieux devant des signes de sepsis :
    • NFS, CRP ;
    • hémocultures.
  • Indications générales de la coproculture :
    • diarrhée glairosanglante invasive ;
    • retour d’un voyage récent en zone endémique ;
    • diarrhée dans l’entourage d’un patient atteint de shigellose ;
    • contexte évocateur de TIAC ;
    • diarrhée chez un immunodéprimé ou chez un nourrisson d’âge < 3 mois.

La coproculture est ainsi systématique dans ce contexte.

Elle a pour but d’identifier une éventuelle bactérie spécifique et de guider l’antibiothérapie. L’examen direct des selles peut visualiser un Campylobacter et permet un diagnostic rapide mais les résultats définitifs de la coproculture ne seront définitifs qu’au bout de 5 jours.

La coproculture « usuelle » recherche ces bactéries pathogènes : salmonelles, shigelles, Campylobacter jejuni, C. difficile. D’autres germes ne sont pas recherchés car ils n’ont aucun caractère pathogène chez l’enfant immunocompétent : la plupart des E. coli, staphylocoques, Pseudomonas, Proteus.

Coproculture systématique au cours d’une diarrhée aiguë glairosanglante invasive.

3 . 4  -  Planifier la prise en charge

3 . 4 . 1  -  Orientation de l’enfant


Hospitalisation nécessaire en cas de :

  • diarrhée glairosanglante hautement fébrile avec signes de sepsis ;
  • survenue sur un terrain fragile.

3 . 4 . 2  -  Mesures urgentes en cas de sepsis sévère


La prise en charge thérapeutique est détaillée dans le chapitre 14.

3 . 4 . 3  -  Antibiothérapie


Rationnel

  • Objectifs de l’antibiothérapie dans les diarrhées aiguës bactériennes :
    • traiter le sepsis général (bactériémie) ;
    • prévenir la survenue de localisations septiques secondaires (infections ostéoarticulaires et méningite) à Salmonella sp. (salmonelles mineures) chez les enfants à risque ;
    • réduire la libération de shigatoxines et prévenir les complications à type de SHU (syndrome hémolytique et urémique) dans les diarrhées à Shigella ;
    • diminuer la durée des symptômes dans les diarrhées à Campylobacter jejuni (pour les autres germes, pas d’effet des antibiotiques sur l’évolution de la gastroentérite aiguë) ;
    • diminuer la contagion dans une collectivité lors d’épidémie (shigellose, Campylobacter, risque de prolongation du portage pour les salmonelles).
  • Enfants à risque de localisation septique extra-intestinale à Salmonella sp. :
    • jeune âge : nouveau-né et nourrisson d’âge < 3 mois ;
    • pathologie digestive sévère : MICI, achlorhydrie ;
    • déficit immunitaire : asplénie, drépanocytose, traitement par immunosuppresseurs ou corticothérapie prolongée.

En pratique, la grande majorité des diarrhées aiguës de l’enfant ne nécessite pas d’antibiothérapie, même lorsqu’un pathogène bactérien est retrouvé dans la coproculture, à l’exception des shigelles.

Des recommandations ont été publiées en 2007 restreignant les indications de l’antibiothérapie dans les gastroentérites aiguës de l’enfant (ESPID-ESPGHAN).

Recommandations

  • Antibiothérapie probabiliste (avant résultats de la coproculture) indiquée si :
    • diarrhée invasive (selles glairosanglantes et fièvre élevée) avec signes de sepsis ;
    • diarrhée invasive au retour de voyage en zone d’endémie ;
    • diarrhée dans l’entourage immédiat d’un malade atteint de shigellose avérée.
  • Antibiothérapie selon un germe entéropathogène isolé à la coproculture indiquée si :
    • Shigella ;
    • Salmonella sp (mineures) chez un enfant à risque ou si sepsis sévère.
  • Antibiothérapie discutée selon le germe et le terrain si :
    • Salmonella sp (mineures) : pas d’indication si gastroentérite simple et sujet non à risque ;
    • Campylobacter : intérêt pour la diminution des signes digestifs surtout si débutée tôt dans les 3 premiers jours de la maladie (utilité de l’examen direct des selles).

Modalités

Les antibiotiques prescrits sont précisés dans le tableau 21.1.

Tableau 21.1 Choix de l’antibiothérapie selon le germe
GermeAntibiothérapie oraleAntibiothérapie IVAlternative
Shigella sp.Azithromycine 3 jCeftriaxone 3 jCiprofloxacine*
Salmonella sp.NonCeftriaxone 3 jCiprofloxacine*
CampylobacterAzithromycine 3 jNonCiprofloxacine*
* Réservé aux cas sévères car pas d’AMM pédiatrique avant l’âge de 15 ans.

Voie IV recommandée si :

  • impossibilité de prendre le traitement oral (troubles de conscience, vomissements…) ;
  • patient immunodéprimé ;
  • signes de sepsis ou signes toxiniques.

Indication de l’antibiothérapie en fonction du terrain, du germe suspecté ou identifié.

3 . 5  -  Mesures associées

3 . 5 . 1  -  Surveillance de l’enfant


Chez l’enfant hospitalisé :

  • constantes : T°C, hémodynamique (dont diurèse) ;
  • bilan inflammatoire en fonction de l’évolution clinique.

3 . 5 . 2  -  Mesures préventives


Prévention des infections nosocomiales en hospitalisation :

  • isolement de contact ;
  • lavages des mains répétés avec des solutions hydroalcooliques.

Éviction des collectivités obligatoire pour :

  • shigelloses et diarrhées aiguës à E. coli entérohémorragiques ;
  • typhoïdes et paratyphoïdes.

Le retour dans la collectivité est autorisé sur présentation d’un certificat médical attestant de 2 coprocultures négatives à au moins 24 heures d’intervalle, et effectuées au moins 48 heures après l’arrêt de l’antibiothérapie (pour shigelloses, typhoïdes et paratyphoïdes, E. coli entérohémorragiques).

Un diagnostic de TIAC justifie une déclaration obligatoire aux autorités compétentes.

Mesures administratives : isolement de contact, ± éviction scolaire, déclaration obligatoire.

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