Le diagnostic des cestodoses adultes est avant tout direct, assuré par la mise en évidence d’anneaux (T. saginata, T. solium), éventuellement d’œufs (bothriocéphale et Hymenolepis), ou d’embryophores (T. saginata, T. solium).
Dans le cas particulier de la cysticercose, le diagnostic est sérologique, radiologique et/ou anatomopathologique.
Pour T. saginata, rarement observé "en entier" le prélèvement des anneaux a lieu le plus souvent dans les sous-vêtements ou la literie. Les anneaux recueillis sont aplatis, rectangulaires, blanchâtres, opaques, souvent déformés car desséchés. Dans les selles, les anneaux de T. saginata restent mobiles. Pour T. solium, la mise en évidence des anneaux est classiquement faite dans les selles. Les anneaux sont dépourvus de mobilité. L’examen direct à l’œil nu du proglottis par transparence entre deux lames de verre suffit en général à l’identification, en permettant de visualiser les ramifications utérines.
Éléments du diagnostic direct des cestodoses.
Espèces | Anneaux (ou proglottis) | Œufs | Embryophores | |
Taenia solium | Passage passif dans les selles | Utérus peu ramifié | Arrondis (40 µm) | |
Taenia saginata | Passage actif (sous-vêtements) | Utérus très ramifié | Marge anale, Scotch-test Arrondis (40 µm) |
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Hymenolepis nana | Non extériorisé | Non observé | 45 µm × 35 µm Embryon hexacanthe visible | |
Diphyllobothrium latum | Non extériorisé | Parfois observé après traitement | Nombreux, operculés, ovoïdes, 65 µm × 45 µm |
Les embryophores peuvent être retrouvés à l’examen parasitologique des selles. Ils sont indifférenciables pour T. saginata et T. solium. Dans ces deux espèces, les œufs à double coque libèrent, en perdant la plus externe dans le milieu extérieur, des embryophores arrondis (40 µm), à paroi épaisse, brune et striée, contenant un embryon hexacanthe (trois paires de crochets). Ils sont aussi retrouvés sur la marge anale. Le test à la cellophane adhésive de Graham consiste à appliquer un morceau de ruban adhésif transparent à la marge de l’anus après en avoir déplissé les plis radiés (« Scotch-test » anal) puis de le coller sur une lame de verre et d’observer le montage au microscope.
Les œufs d’Hymenolepis, arrondis (45 µm × 35 µm), contiennent aussi un embryon hexacanthe. La coque est lisse, mince et incolore, la coque interne porte deux mamelons, diamétralement opposés, d’où partent des filaments.
Les œufs de bothriocéphale, nombreux, sont ovoïdes, operculés et contiennent des cellules ovulaires (65 µm × 45 µm).
La numération est souvent normale. L’éosinophilie, classiquement modérée, voire absente lorsque le ver est adulte, peut s’avérer élevée à l’installation du parasite (avant le troisième mois). L’observation de cristaux de Charcot-Leyden dans les selles est évocatrice de la présence d’un ténia immature.
Dans la bothriocéphalose, une anémie macrocytaire et mégaloblastique peut être observée.
Le sérodiagnostic est sans intérêt dans les cestodoses intestinales. Toutefois, en cas d’infection par T. solium, un examen sérologique peut être pratiqué pour dépister une éventuelle cysticercose.
Les signes d’orientation cliniques, géographiques et l’imagerie sont importants. L’éosinophilie sanguine, souvent absente, présente peu d’intérêt pour le diagnostic. En cas de neurocysticercose, le LCR est normal, sauf en cas de localisation ventriculaire des larves (réaction lymphocytaire et, plus rarement, éosinophile).
Le diagnostic biologique repose sur le sérodiagnostic en dépit d’une sensibilité moyenne. Les réactions le plus fréquemment utilisées sont la recherche d’anticorps dans le sérum ou dans le LCR par ELISA et par Western blot, plus spécifique et plus sensible.
Bien que peu pratiquée, la biopsie exérèse avec mise en évidence du cysticerque reste l’examen de certitude. Elle reste le fait de quelques formes cutanées faciles d’accès et peu traumatiques, de quelques formes neurologiques dont la gravité impose la chirurgie, ou encore des rares formes oculaires.