4  -  Clinique

4 . 1  -  Tæniasis


Le plus souvent, le tæniasis est latent et n’est reconnu que par la découverte d’anneaux dans les sous-vêtements ou la literie dans le cas de T. saginata. Cependant, les manifestations cliniques peuvent revêtir les aspects les plus divers.

Les signes digestifs sont variés : boulimie ou anorexie, nausées ou vomissements, troubles du transit avec alternance de diarrhée et de constipation. Il peut exister des douleurs d’intensité variable plus ou moins bien localisées, souvent épigastriques ou pseudo-appendiculaires. Lors du passage d’un anneau de T. saginata, il peut se produire un prurit anal.

Les signes extradigestifs sont polymorphes, souvent exagérés par un patient anxieux et rattachés sans preuve formelle à la présence d’un ténia. On peut noter :

– des signes nerveux : troubles du caractère, troubles du sommeil, ... ;
– des signes cardiovasculaires : palpitations, réactions vasomotrices, ... ;
– des signes respiratoires : dyspnée, manifestations asthmatiques, ... ;
– des signes cutanés de nature allergique : prurit, urticaire.

Aspects particuliers du téniasis à T. saginata
           
Il existe des complications rares : appendicite aiguë ou chronique, occlusion intestinale, perforation, abcès hépatique, pancréatite.     
Il existe aussi des localisations erratiques exceptionnelles : voies biliaires, utérus, ...    
           
Aspects particuliers du téniasis à T. solium
           
Eliminés avec les selles, les anneaux échappent souvent à l'attention du patient.          
Les complications intestinales rares. Le risque majeur est la possibilité de survenue d'une cysticercose.

4 . 2  -  Cysticercose


La cysticercose est l’infection de l’homme par le stade larvaire de T. solium. La cysticercose est une maladie du sous-développement, apparaissant là où la promiscuité entre les porcs et les humains est associée à de mauvaises conditions d’élevage et d’hygiène fécale (figure 11).

Des cysticerques ont été observés dans tous les organes du corps humain. Ils sont cependant plus souvent localisés dans les tissus sous-cutanés, les muscles de la langue, du cou et du thorax, les muscles orbitaires et l’œil, et le cerveau (cortex, ventricule, espace sous-arachnoïdien). Les symptômes peuvent apparaître quand la larve s’est développée, soit un minimum de 60 jours après l’infection. La symptomatologie est fonction du nombre et de la localisation des cysticerques.

Figure 11 : Distribution du téniasis à Taenia solium et de la cysticercose

4 . 2 . 1  -  Cysticercoses sous-cutanée et musculaire


Ces localisations sont le plus souvent asymptomatiques. Le nombre de cysticerques est très variable. Les localisations fréquentes sont : masséters, cou, poitrine, paroi abdominale, dos, aine, cuisse, etc. (figure 12). Il y a rarement œdème et myopathie.

L’examen radiographique peut montrer des calcifications après 3 à 5 ans. Les larves calcifiées ou partiellement calcifiées dans les muscles se présentent comme des formations allongées de 1 cm à 2 cm sur 0,8 cm (aspect en « grain de riz ») (figure 13).

Figure 12 : Larves Cycticersques de Taenia solium en localisation cutanée
Figure 13 : Aspect radiologique d'une cycticercose sous-cutanée

4 . 2 . 2  -  Neurocysticercose


La neurocysticercose est le plus souvent révélée par une crise convulsive inaugurale ou une découverte radiologique. Les signes cliniques varient selon les localisations :

  • localisation parenchymateuse : l’épilepsie est la manifestation la plus commune. Elle apparaît quelques années après l’infection. On peut aussi observer : hémiplégie transitoire, états psychotiques, manie aiguë, détérioration mentale progressive, etc. ;
  • localisation sous-arachnoïdienne : la réaction inflammatoire est importante avec hypertension intracrânienne et mortalité élevée. La cysticercose cérébrale racémeuse est due à un cysticerque de grande dimension ;
  • localisation ventriculaire : elle est surtout le fait du quatrième ventricule, peut bloquer l’aqueduc de Sylvius et provoquer hypertension intracrânienne et hydrocéphalie ;
  • localisation médullaire : elle est rare. Elle provoque arachnoïdite et myélite transverse.

En imagerie, les cysticerques cérébraux calcifiés sont sphériques à la radiographie. À l’examen tomodensitométrique, ils se présentent souvent comme des images hypodenses entourées d’un halo clair, qui peut prendre le contraste après injection.

Figure 14 : Larves cyticerques de Taenia solium (lésion macroscopique au niveau du cerveau)
Figure 15 : Cysticercose cérébrale due à T. solium
Figure 16 : Aspect radiologique (TDM) d'une cysticercose cérébrale

4 . 2 . 3  -  Cysticercose oculaire


Les atteintes oculaires sont rares. Parmi celles-ci, on peut noter 10 % d’atteintes des annexes de l’oeil (paupière supérieure, orbite, conjonctive) et 90 % de formes intraoculaires avec souvent une localisation dans le vitré entraînant une uvéite plus ou moins sévère et une perte de la vue soudaine ou progressive. Le cysticerque est visible à l’examen du fond d’œil. C’est une vésicule sphérique, d'aspect grisâtre avec une tâche blanche interne ou externe (scolex invaginé ou dévaginé) et des tâches jaunes ou des cristaux autour du parasite. Dans les localisations proches de la rétine, l'inflammation peut provoquer un décollement rétinien, des hémorragies ou, rarement, un glaucome.

Dans le vitré et l'humeur aqueuse, les cysticerques restent vivants et changent continuellement de forme. On peut noter

4 . 3  -  Hyménolépiose


Chez l’adulte, cette parasitose est généralement asymptomatique. En cas de manifestations cliniques, elles sont alors identiques à celles des grands ténias.

Chez l’enfant, l’hyménolépiose est souvent responsable de troubles de l’absorption avec un retard staturo-pondéral pouvant être important.

4 . 4  -  Bothriocéphalose


Le bothriocéphale, en dépit de sa grande taille, est souvent relativement bien toléré. On peut observer des manifestations classiques de tæniasis (nausées, douleurs abdominales, poussées de diarrhée, trouble de l’appétit). Le sujet porteur de bothriocéphale peut présenter une anémie de type macrocytaire et mégaloblastique (pseudobiermérienne), due à la fixation par les tissus du parasite de la vitamine B12 apportée par l’alimentation. Cette anémie est cependant rare et ne s’observe que dans les régions où le régime alimentaire de l’homme est déjà carencé en vitamine B12 ou en cas de polyparasitisme.

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