C’est une infection causée par un protozoaire, une coccidie, du genre Cryptosporidium. Il existe plusieurs espèces dont les principales sont Cryptosporidium hominis, infectant uniquement l’homme et Cryptosporidium parvum parasite de l’homme et de plusieurs espèces de mammifères (bovins, ovins).
Cryptosporidium est un parasite de l’épithélium intestinal du grêle dont le cycle comporte une multiplication asexuée (schizogonie) et une multiplication sexuée (gamogonie) conduisant à la formation d’oocystes éliminés avec les selles.
Schizogonie et gamogonie s’effectuent dans une vacuole intracellulaire (vacuole parasitophore) située au niveau du pôle apical des entérocytes. La schizogonie conduit à la libération de mérozoïtes qui infectent d’autres cellules intestinales et assurent la dissémination parasitaire le long du tractus digestif. La différenciation vers la gamogonie conduit à la formation des oocystes.
La cryptosporidiose est une parasitose cosmopolite, observée sous forme sporadique ou épidémique (réservoir d'eau de consommation, piscines, contact inter-humain, crèche, animaux infectés, ..) .Les taux d'infection varient entre 0,6 % et 2% dans les pays industrialisés et entre 4% et 32% dans les pays en développement. Des taux plus élevés sont observés chez les sujets atteints du sida, en l'absence de thérapies antirétrovirales.
La contamination s’effectue par ingestion d’oocystes. Les oocystes étant directement infectants dès leur émission et très résistants dans l’environnement, la contamination peut être directe entre un hôte infecté et un hôte sain ou indirecte par ingestion d’eau ou d’aliments souillés par des oocystes. Il s’agit d’une parasitose cosmopolite, pouvant être responsable d’épidémies.
Pour Cryptosporidium hominis, l’homme est le seul réservoir de parasites et la transmission est inter-humaine. Pour Cryptosporidium parvum et pour les autres espèces plus rares d’origine animale, l’homme se contamine par contact avec les animaux ou par ingestion d’oocystes contaminant l’environnement. Actuellement, on estime que 40 à 50 % des infections sont dues à Cryptosporidium hominis. En raison de la grande résistance des oocystes et de la possibilité de contamination des réserves naturelles d’eau, on a observé des épidémies de cryptosporidioses pouvant toucher plusieurs milliers de personnes (400 000 cas à Milwaukee aux USA en 1993). Plusieurs épidémies ont été observées en France ces dernières années, dues à une contamination fécale des réseaux de distribution de l’eau potable. Les oocystes sont des formes de résistance et de dissémination, ils ne sont pas détruits par les désinfectants habituellement utilisés pour le traitement de l’eau destinée à la consommation humaine.
La multiplication des parasites dans les entérocytes entraîne des perturbations hydroéléctrolytiques et une malabsorption. Chez un sujet immunocompétent, la cryptosporidiose est responsable d’une diarrhée muqueuse consistant en 3 à 10 selles par jour, liquides et non sanglantes. Cette diarrhée s’associe à des douleurs abdominales des nausées, une fièvre modérée (38-38.5°C inconstante). Ces symptômes sont spontanément résolutifs en une dizaine de jours sans traitement.
Chez les enfants et les personnes âgées, on peut observer des formes diarrhéiques plus prolongées.
Chez les patients immunodéprimés, la cryptosporidiose est responsable d’une diarrhée prolongée devenant chronique et s’associant à une forte malabsorption. Elle peut être directement ou indirectement responsable de décès (65 décès ont été observés lors de l’épidémie de Milwaukee).
Les principaux sujets touchés sont les patients infectés par le V.I.H. dont le taux de CD4 est < 100/mm3. Des formes sévères sont également observées chez d’autres patients immunodéprimés présentant un déficit de l’immunité cellulaire.
Une atteinte des voies biliaires est fréquente chez les patients immunodéprimés du fait d’une colonisation de l’épithélium des voies biliaires. Cette localisation contribue très probablement à l’entretien de la parasitose digestive.
Des formes extra-intestinales (pulmonaires) sont exceptionnelles.
Depuis quelques années, en France, on observe une forte diminution du nombre de cas de cryptosporidiose chez les patients infectés par le VIH, grâce à la reconstitution immunitaire induite par les traitements anti-rétroviraux.