La tungose ou parasitose par une « puce chique » est une parasitose bénigne, généralement localisée au pied, occasionnée par l’enkystement dans l’épiderme d’une puce fécondée du genre Tunga. Les cas humains sont liés à deux espèces, la plus répandue étant Tunga penetrans.
T. penetrans est connue du nord de l’Argentine et du Chili jusqu’au Mexique, à l’exception des zones d’altitude. Toute l’Afrique intertropicale est atteinte mais la prévalence est variable d’un pays à l’autre. Les cas européens sont tous importés. T. trimamillata n’est connue que du Nord-Ouest de l’Amérique du Sud.
Les espèces du genre Tunga sont, en partie, remarquable par leur taille réduite avant le repas sanguin (0,8 à 1 mm) mais se caractérisent par le fait que la femelle, et elle seule, devient parasite en s’enkystant entièrement dans la peau de son hôte. Le mal se gorge, mais ne s'enkyste pas.
Elle est alors fécondée par un mâle « vagabond ». Ce dernier, bien qu’hématophage, a une vie brève. La capsule céphalique de la puce femelle, est ancrée fortement au fond du pertuis par ses pièces buccales. Les tissus épidermiques de l’hôte recouvrant l’abdomen vont sertir la puce chique dans la peau ne laissant ouverts sur l’extérieur que les stigmates respiratoires, l'anus et l'orifice de ponte. Se nourrissant en permanence, la femelle devient, par distension extrême de son abdomen, une boule blanchâtre, de 5 à 7 mm de diamètre. La ponte commence au bout de 8 à 10 jours et va se prolonger toute la vie de la puce soit 3 à 4 semaines. Les œufs (200 à 250) évoluent en 3 à 4 jours s’ils sont émis dans un sol sableux ou à fine granulométrie en climat chaud et humide, libérant une larve détritiphage, céphalée et apode. Après 2 semaines et 2 mues la larve se nymphose en environ 8 jours. De la nymphe sortira l’adulte.
La puce gravide en se développant dans l'épiderme produit une réaction inflammatoire locale responsable d'un prurit, voire de douleurs. En 4-5 jours, la puce atteint 5 à 7 mm et prend l'aspect d'une boule de gui.
Le pied est la localisation préférentielle, en particulier les orteils avec une atteinte sous-unguéale classique et particulièrement sensible, mais sont également parasitées la voûte plantaire et les régions périmalléolaires. Cette localisation basse est expliquée par la faiblesse du saut des Tunga.
Le diagnostic, aisé si l'on y pense, repose sur la localisation et l'aspect de la lésion : petit nodule blanchâtre centré par un point noir correspondant à l'extrémité postérieure du parasite.
Les motifs de consultation sont liés le plus souvent, soit à la constatation d’un nodule, d’un "cor", d’une "verrue" ou d’un "corps étranger", soit à la perception d’une douleur à la pression ou à la marche.
Le diagnostic différentiel peut être discuté avec une myiase furonculoïde, due à Cordylobia ou Dermatobia, si la lésion est située aux pieds. Car au stade pseudo-furonculeux seront visibles les « points noirs » correspondants aux plaques stigmatiques des agents de myiases.
Le traitement idéal est évidemment l’extirpation du parasite par énucléation.
Cette intervention, parfois douloureuse notamment lors de localisation sous-unguéale peut être précédée d’une anesthésie locale par Xylocaïne®. La petite plaie est désinfectée localement, la couverture antitétanique doit être contrôlée ou refaite. En cas de surinfection ou de lésions multiples en « nid d’abeille », il semble prudent de prescrire un traitement antibiotique par voie orale.
Elle consistera essentiellement à proscrire la marche pieds nus ou en chaussures ouvertes sur les sols sablonneux et à proximité des foyers classiques : élevages de porcs, de moutons, de chèvres, zones de repos ou d’ébats des chiens. Les répulsifs à base de DEET (Di-éthylmethyltoluidine) sont parfois utilisés.