3  -  Autres distomatoses


Il existe d'autres espèces de douves capables de parasiter l'homme, responsables de distomatoses hépatiques, pulmonaires ou intestinales en fonction de la localisation des parasites adultes.

3 . 1  -  Les autres distomatoses hépatiques


Elles sont essentiellement dues à des douves de la famille des opistorchidés (Opistorchis viverrini, Clonorchis sinensis). Elles se rencontrent en Asie (Chine, péninsule indochinoise) après consommation de poissons d'eau douce crus.

Figure 15 : Adulte d’opistorchidé

Les agents pathogènes (Clonorchis sinensis, Opisthorchis viverrini) sont de petites douves (1 cm) vivant dans les voies biliaires de l’hôte définitif (homme, félidés sauvages, civette).

Les hôtes intermédiaires sont des mollusques d'eau douce (Bithynia). Les cercaires sont enkystées dans les muscles et sous les écailles de poisson (cyprinidae: poisson rouge, tanche, carpe, gardon). L'hôte définitif se contamine en ingérant crus les poissons infestés.

La jeune douve gagne directement les voies biliaires à partir du tube digestif, en remontant à contre-courant le canal cholédoque, sans phase de migration sur le péritoine ni à travers le parenchyme hépatique.

La répartition géographique est expliquée à la fois par la localisation géographique des hôtes intermédiaires et par les habitudes alimentaires des populations locales: douves très fréquentes en Extrême Orient (Chine, Laos, Thaïlande, Birmanie), observée en France chez les réfugiés en provenance de ces pays.

La phase d’invasion est asymptomatique. Les symptômes de la phase d'état: s'installent progressivement : douleurs abdominales, troubles du transit, altération de l'état général, manifestations allergiques, hépatomégalie sensible puis crises de coliques hépatiques, poussée d'ictère rétentionnel et accès d'angiocholite.

Les formes observées en France sont souvent des formes frustes, voire asymptomatiques car les infestations sont modérées. Mais en zone d'endémie où les réinfestations multiples sont la règle, le parasitisme est intense et finit par déterminer des complications : cirrhose biliaire, adénocarcinomes primitifs du foie, pancréatites aiguës ou chroniques.

Le diagnostic biologique par examen parasitologique des selles est facile car les oeufs sont en général très nombreux dans les selles.

Figure 16 : Œuf d’opistorchidé (40-45 x 20-30µm)

Le traitement repose sur le praziquantel (Biltricide®) à la dose de 75mg/kg/j pendant 3 jours. Une intervention chirurgicale peut être nécessaire pour éliminer des paquets de douves obstruant les canaux principaux.

La dicrocoeliose ou petite douve du foie est une distomatose hépatique très fréquente chez de nombreux animaux, mais exceptionnelle chez l'homme en raison du mode de contamination (consommation de fourmis). Il n'est pas rare cependant de retrouver des œufs de Dicrocoelium dendriticum dans les selles humaines, en simple transit (pseudo-parasitisme lié à la consommation de foie infecté).

Figure 17 : Œuf en transit de Dicrocoelium dendriticum dans des selles humaines (40-45 x 20-30 µm)

L’agent pathogène, Dicrocoelium dendriticum, est une petite douve vivant dans les voies biliaires de nombreux herbivores, notamment le mouton. L’hôte intermédiaire est un mollusque terrestre.

Les métacercaires sont enkystées chez des fourmis (qui s'infestent à partir de la bave des mollusques). L'hôte définitif s'infeste en ingérant les fourmis parasitées fixées sur les herbes (le parasite atteint le système nerveux de la fourmi et la pousse à monter à l'extrémité des herbes où elle reste paralysée).

Le mode de contamination par ingestion de fourmi explique le caractère exceptionnel de l'infection humaine. Il existe de rares cas de dicrocoeliose authentique publiés dans la littérature (troubles digestifs, altération de l'état général, fièvre, troubles neurologiques).

Mais le plus souvent, les oeufs de Dicrocoelium dendriticum découverts dans les selles humaines correspondent à un pseudo-parasitisme lié à la consommation de foie d'animaux parasités: les oeufs ingérés avec le foie de l'animal sont retrouvés dans les selles (oeufs en transit).

La connaissance de la possibilité d'oeufs en transit est importante à connaître : leur mise en évidence dans les selles impose de renouveler l'examen parasitologique des selles après une semaine de régime alimentaire sans ingestion de foie ou de pâté, afin d’éliminer une authentique parasitose.

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