2 . 2  -  Physiopathologie


La fasciolose évolue en 2 phases qui retracent le développement du parasite chez l'homme :

  • une phase d'invasion correspondant à la migration transhépatique des douvules : des lésions inflammatoires (avec présence de polynucléaires éosinophiles) apparaissent dans le parenchyme hépatique le long du trajet des douvules. Les symptômes de cette phase peuvent donc être ceux d'une hépatite toxi-infectieuse, éventuellement associés à des signes de la lignée allergique.
  • une phase d'état, atteinte 3 mois après la contamination, correspondant à la présence des parasites adultes dans les voies biliaires intra ou extrahépatiques. L'attachement des douves provoque un œdème, une réaction inflammatoire et une hyperplasie réactionnelle de l'épithélium des voies biliaires qui, associés à l'obstruction liée au parasite lui-même, contribuent à des manifestations de type angiocholite ou pseudo-lithiase.
Figure 11 : Coupe histologique d’un adulte de Fasciola hepatica

2 . 3  -  Manifestations cliniques

2 . 3 . 1  -  Forme typique


- Les symptômes de la phase d'invasion débutent 1 à 4 semaines après la contamination par des troubles digestifs vagues, une asthénie, des myalgies.  
           
Le tableau d'hépatite toxi-infectieuse plus ou moins sévère, se traduit par les symptômes suivants :     

  • Fièvre.           
  • Altération de l'état général (asthénie, anorexie, amaigrissement).
  • Douleurs de l'hypochondre droit.          
  • Hépatomégalie sensible, parfois ictère.

Des manifestations allergiques sont parfois associées : urticaire, dermographisme, prurit, signes respiratoires (toux, dyspnée).       
La radiographie de l'abdomen sans préparation révèle une ascension de la coupole diaphragmatique droite, un comblement du cul de sac pleural droit.       
           
L'échographie hépatique ou le scanner détecte des zones hypodenses irrégulières dans le parenchyme hépatique.           
Le diagnostic est évoqué sur l'anamnèse (notion de repas infectant avec consommation de cresson), sur la notion d'autres cas dans la famille ou le voisinage et sur l'existence d'une hyperéosinophilie importante.

Figure 12 : Echographie hépatique au cours d’une phase d’invasion de fasciolose montrant des zones hypoéchogènes
Figure 13 : Scanner hépatique au cours d’une phase d’invasion de fasciolose montrant des zones hypoéchogènes

- En l'absence de traitement, les symptômes de la phase d'invasion disparaissent en 2 ou 3 mois, pour faire place aux complications mécaniques et inflammatoires liées à la présence des douves dans les voies biliaires : poussées d'ictère rétentionnel, crises de colique hépatique, accès d'angiocholite, cholécystite. Parfois la phase d'invasion est silencieuse et ces symptômes apparaissent inauguraux.     
           
- Ces symptômes évoquent en premier un diagnostic de lithiase biliaire, mais certains arguments doivent faire penser à une distomatose :

  • Anamnèse épidémiologique, 
  • Echographie : mise en évidence des douves dans les voies biliaires,       
  • Hyperéosinophilie persistante, bien que plus faible qu'en phase d'invasion.        

- Le diagnostic erroné de lithiase biliaire peut conduire à une intervention chirurgicale au cours de laquelle les parasites sont découverts dans les voies biliaires.

Figure 14 : 4 vers adultes de Fasciola hepatica découverts lors d'une intervention chirurgicale sur les voies biliaires

2 . 3 . 2  -  Formes cliniques


Il existe de nombreux cas asymptomatiques découverts dans l'entourage d'un malade ou lors de l'exploration d'une hyperéosinophilie.

On peut observer des formes frustes, limitées à une asthénie et à des troubles dyspeptiques, des formes respiratoires (toux, dyspnée, avec ou sans fièvre, infiltration pulmonaire) des formes purement fébriles ou simulant un cancer ou un abcès du foie.

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