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Analyse des résultats
L'expression des résultats et surtout leur interprétation pose des problèmes particuliers en fécondation in vitro. L'habitude est de les exprimer en « pourcentages de réussite par rapport au nombre de tentatives ». Toute la question est de savoir ce que l'on entend par « réussite » ou « succès » et par « tentative ».
Les résultats globaux d'une activité de fécondation in vitro n'ont pas grande signification dans la mesure où ils dépendent d'un grand nombre de critères qui peuvent fortement les influencer. Par exemple, tel groupe dont le recrutement est plus orienté vers les problèmes de stérilité masculine aura des résultats globaux plutôt moins bons que ceux d'autres groupes. Si l'équipe choisit de fixer une limite d'âge à 37 ans, les résultats devraient être meilleurs que si des patientes de 40 ans sont admises à faire une tentative. Est-ce dire que cette équipe aura mieux travaillé ? Ou encore, si une équipe choisit de faire une politique de prévention des grossesses multiples en utilisant le plus possible le cycle spontané et en limitant strictement le nombre d'embryons transférés, ses résultats globaux devraient être moins bons.
Il ne faut donc pas interpréter à la lettre les résultats globaux d'une équipe. Ils ne sont qu'une image grossière du travail réalisé. De nombreux autres critères d'évaluation doivent intervenir pour pouvoir porter un jugement valable.
Ceci étant, les résultats globaux permettent de connaître l'importance d'une activité, et à l'échelle d'un pays comme la France ils permettent de se faire une opinion sur ce qu'apporte la technique de fécondation in vitro.
Le fichier national FIVNAT recueille au fur et à mesure les données correspondant aux tentatives de fécondation in vitro. Il permet donc de faire une analyse détaillée des résultats en se basant sur de grands nombres car la plupart des groupes français collaborent à ce fichier. Il faut souligner qu'il s'agit là d'une organisation tout à fait originale pour laquelle les groupes français ont joué un rôle de précurseur et qui commence à être copiée par certains pays étrangers.
Ces résultats sont consultables sur le site Internet : http://pagesperso-orange.fr/fivnat.fr
À titre informatif, le bilan FIVNAT 2001 qui a regroupé 39718 tentatives donne les résultats suivants :
Différents paramètres viennent moduler ces chiffres : l'indication qui a conduit le couple en fécondation in vitro, l'âge de la femme, le rang de la tentative…
Lansac J., Grossesses après assistance médicale à la procréation. Encyclopédie Médico-Chirurgicale : Obstétrique. 1995; 5-016-B-20.
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Aspects psychologiques
Il ne faut pas les faire disparaître derrière la technique. Un couple qui n'arrive pas à avoir les enfants qu'il désire est un couple en détresse. Avant d'avoir recours à la fécondation in vitro il a déjà derrière lui une longue histoire d'infertilité, depuis le moment de sa découverte (découverte progressive, au fur et à mesure des cycles inféconds) en passant par la phase du bilan diagnostique et celle des premières tentatives thérapeutiques conclues par un échec. Le recours à une technique « artificielle » n'est pas un traumatisme en soi, si elle devait se conclure par un succès. Mais là où les difficultés commencent, c'est lorsque « après tout cela », il n'y a toujours rien : encore l'échec, et l'espoir qui s'éteint progressivement…
Le profil psychologique parfois particulier des couples stériles n'est pas la cause de la stérilité ni de l'échec du traitement. Il est la résultante du vécu de la stérilité et de l'usure apportée par les espoirs déçus. La technique de la fécondation in vitro, dans la mesure où elle aussi se conclurait par un échec, peut apporter un surcroît de difficultés psychologiques. Elles sont d'autant plus importantes que la fécondation in vitro est une technique « lourde » aussi bien du point de vue de l'investissement « temps » qui est demandé au couple, que du caractère invasif et intrusif des examens et des interventions médicales et biologiques, ainsi que du point de vue de l'espoir qui est généré, cette méthode étant considérée – à tort plus souvent qu'à raison – comme une technique miraculeuse ou un ultime recours. Le couple va devoir une fois de plus assumer ce traumatisme psychologique. Certains ne le peuvent pas, et si l'équilibre du couple est en péril il ne faut pas proposer ce type de traitement.
Adjiman M, de Mouzon J., Impressions des couples traités par fécondation in vitro sur leur prise en charge par le centre de FIV. Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 2002 Sept;30(9):696-703. Adjiman M, de Mouzon J. Impressions des couples traités par fécondation in vitro sur leur prise en charge par le centre de FIV. Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 2002 Sept;30(9):696-703.
Allard MA, Séjourné N, Chabrol H., Vécu des différentes étapes d'un processus de fécondation in vitro (FIV). Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 2007 Oct;35(10):1009-1014. Allard MA, Séjourné N, Chabrol H. Vécu des différentes étapes d'un processus de fécondation in vitro (FIV). Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 2007 Oct;35(10):1009-1014.
Grynberg M, Frydman R., Assistance médicale à la procréation et filiation. Encyclopédie Médico-Chirurgicale : Obstétrique. 2010; 5-150-A-05. Grynberg M, Frydman R. Assistance médicale à la procréation et filiation. Encyclopédie Médico-Chirurgicale : Obstétrique. 2010; 5-150-A-05.
Santiago-Delefosse M, Cahen F, Coeffin-Driol C., Analyse psychologique du travail médical : annoncer les arrêts de fécondation in vitro. L'Encéphale. 2003 Sept;29(4):293-305. Santiago-Delefosse M, Cahen F, Coeffin-Driol C. Analyse psychologique du travail médical : annoncer les arrêts de fécondation in vitro. L'Encéphale. 2003 Sept;29(4):293-305.
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Aspects techniques et réglementaires
La fécondation in vitro et son emploi en clinique humaine crée un champ nouveau d'interrogations que l'homme doit se poser à lui-même. La fécondation in vitro est en effet une forme de « création de la vie ». Sa réalisation nécessite un certain nombre d'interventions techniques sur lesquelles il est légitime de s'interroger. Surtout, elle donne accès aux embryons humains, ce qui peut être le point de départ de toute une série d'interventions possibles dont certaines sont sans doute justifiées, mais pas toutes.
La fécondation in vitro n'est une technique acceptable dans ses applications à l'espèce humaine que si sa pratique répond à un certain nombre de règles. Ces règles ont été définies par les professionnels eux-mêmes réunis au sein du GEFF (Groupe pour l'Étude de la Fécondation in vitro en France) dans le GBP-AMP (cf. début du cours).
D'un point de vue réglementaire, les lois de bioéthiques du 29 juillet 1994 lois de bioéthiques du 29 juillet 1994 encadrent notre pratique en France. Elles sont actuellement en cours de révision. À ce jour, l'AMP est possible :
- chez des couples hétérosexuels (et pas chez une femme seule),
- dont les deux membres du couple sont vivants au moment de la tentative,
- en âge de procréer,
- mariés ou concubins pouvant faire la preuve d'une vie commune d'au moins 2 ans.
L'équipe médicale doit avoir en son sein un biologiste et un clinicien agréés pour ces techniques. L'agrément est nominal. L'équipe doit rendre un bilan annuel au Ministère de la Santé.
Bellaisch-Allart, J., Au-delà de quelles limites l'AMP n'est-elle plus valable ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 2002 Oct;30(10):793-798. Bellaisch-Allart, J. Au-delà de quelles limites l'AMP n'est-elle plus valable ? Gynécologie Obstétrique & Fertilité. 2002 Oct;30(10):793-798.
Granet P., Assistance médicale à la procréation : principaux aspects biologiques, médicaux et éthiques. AKOS, Encyclopédie Pratique de Médecine. 2010; 3-1362. Granet P. Assistance médicale à la procréation : principaux aspects biologiques, médicaux et éthiques. AKOS, Encyclopédie Pratique de Médecine. 2010; 3-1362.
Ponte C., 2/6 Le cadre réglementaire de l'assistance médicale à la procréation. Soins Pédiatrie/Puériculture. 2010 Mar-Apr;31(253):45-46. Ponte C. 2/6 Le cadre réglementaire de l'assistance médicale à la procréation. Soins Pédiatrie/Puériculture. 2010 Mar-Apr;31(253):45-46.
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