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Une ou des kératines?
La kératine produite par les kératinocytes, s'enrichit progressivement au fur et à mesure de la maturation de la cellule vers la couche cornée. Cette kératine est antigénique, et diverses fractions de polypeptides de la kératine ont été isolé et peuvent être reconnue par des techniques d'immunologie tissulaire, grâce à des anticorps antikératine. Ces anticorps permettent ainsi de localiser des anomalies de la différenciation des kératinocytes.
En pathologie, ces techniques permettent d'identifier des cytokératines anormales dans les tumeurs épithéliales mais aussi d'étudier les variations du marquage des tumeurs malignes épithélioma basocellulaire, spinocellulaire, kératoacantome
La kératinisation s'adapte aux différentes parties du corps :
L'épaisseur de l'épiderme varie en effet en fonction de l'âge des patients, mais surtout du lieu du corps :
La couche cornée à une épaisseur variable : de 15 my au niveau des paupières, à 600 my dans les régions palmoplantaires (photo 1).
Des facteurs d'environnements peuvent aussi intervenir: les callosités du travailleur manuel correspondent à une hypertrophie de la couche cornée.
Les kératinocytes : une fonction de protection et de cicatrisation.
Le kératinocyte qui représente la grande majorité des cellules de l'épiderme réalise une barrière chimique qui intervient dans les deux sens :
Cette couche cornée est en effet imperméable aux milieux hydrosolubles et seulement perméable aux milieux liposolubles. On comprend dès lors que la pénétration d'un produit ou d'un topique par voie externe variera essentiellement en fonction de ses propriétés chimiques.
L'épiderme a une fonction de cicatrisation très importante. La cicatrisation s'effectue en effet à partir des bords de la plaie, au niveau de la membrane basale ou il existe des phénomènes de migration des kératinocytes, des bords de la plaie vers le centre.
Les anomalies de la kératinisation sont fréquentes :
Les hyperkératoses sont des anomalies quantitatives de la kératinisation, il s'agit d'une fabrication exagérée de cornéocyte ce que l'on rencontre au cours de certaines maladies congénitales comme les ichtyoses.
Parfois l'anomalie est qualitative, elle entraine des modifications dans la différenciation et la cornification de la cellule, qui aboutissent à la persistance anormale du noyau dans les couches cornées les plus superficielles, cette anomalie est appelé parakératose est bien visible au microscope, elle s'accompagne au plan clinique d'une desquamation.
Les kératinocytes peuvent aussi proliférer et se transformer.
Les épithéliomas basocellulaires ou spinocellulaires-cancers les plus fréquents de la peau sont des tumeurs qui proviennent de la multiplication anarchique des kératinocytes de l'épiderme
Le mélanocyte : la cellule pigmentaire.
Cette cellule est régulièrement répartie le long de la couche basale en quantité variable (environ 1000 à 3000 par mm2) son aspect, mieux caractérisées en microscopie électronique, est très différent du kératinocyte. Il s'agit en effet d'une cellule dendritique.
Cette cellule qui provient du neuro-ectoderme a migré à partir de la crête neurale. Ces mélanocytes apparaissent, en microscopie optique, sous forme de cellules claires. Ces cellules dendritiques émettent des prolongements cytoplasmiques au contact des kératinocytes. Ici les tonofilaments et desmosomes sont absents, mais, par contre, la cellule est très riche en organites cellulaires; en particulier l'appareil de golgi d'où naissent des vésicules qui forment le mélanosome. Ce mélanosome va subir une maturation dans le cytoplasme de la cellule : c'est la mélanisation. Le mélanosome mature va se former à partir du pré mélanosome en métabolisant la mélanine.
Les mélanosomes sont répartis à la périphérie,dans les prolongements dendritiques du mélanocyte ;ils sont ensuite transférés vers les kératinocytes, par un phénomène de cytophagocytose. Les complexes de mélanosomes vont ainsi s'accumuler dans les kératinocytes basaux.
En peau noire l' aspect est un peu différent : les mélanosomes matures sont nettement plus gros.
Le processus biologique de pigmentation est ainsi sous la dépendance de plusieurs facteurs : nombre de mélanocytes, maturation des mélanosomes, transfert de la mélanine dans les kératinocytes et enfin leur dégradation.
Ces notions permettent de mieux comprendre les mécanismes pathogéniques à l'origine de nombreuses maladies pigmentaires en particulier au cours du vitiligo.
La pigmentation de l'épiderme est fonction d'une interaction entre le mélanocyte et les kératinocytes adjacents sous la dépendance de facteurs de régulation. L' exposition à la lumière entraine ainsi une augmentation de synthèse de la mélanine.
Les pigmentations raciales différentes ne sont pas liées au nombre de mélanocytes mais plutôt à la taille et au nombre de mélanosomes.
Ces cellules pigmentaires peuvent proliférer dans la peau pour former tantôt des tumeurs bénignes : appelé noevus mélanocytaire, tantôt des tumeurs malignes : le mélanome.