Source : Gangneux J.-P, Bouchara J.-P., Chabasse D. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Maladies infectieuses, 8-600-A-10, 2013.
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Les aspergilloses et les affections dues aux autres moisissures opportunistes constituent un ensemble nosologique très large et de pronostic variable. Si les atteintes chroniques et immunoallergiques sont connues de longue date dans les services de pneumologie, les infections fongiques invasives sont d’apparition plus récente et constituent une préoccupation majeure dans les services hébergeant des patients immunodéprimés, notamment dans les services d’hématologie. Les atteintes invasives nécessitent une prise en charge et une prévention adaptées, car elles sont généralement de très mauvais pronostic et peuvent être liées aux soins. Ces infections sont provoquées par des champignons filamenteux cosmopolites, ubiquitaires et opportunistes, qui profitent d’une défaillance naturelle ou iatrogène des systèmes de défense de l’hôte pour devenir pathogènes. Les facteurs favorisants et le niveau d’exposition à une source environnementale sont déterminants dans la présentation clinique de l’infection. Le spectre clinique s’étend des formes localisées (colonisation ou infections d’évolution chronique) aux infections aiguës disséminées (atteintes invasives multiviscérales). Il comprend également des manifestations immunoallergiques. Le diagnostic de ces mycoses est difficile et repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et radiologiques.
Les Aspergillus sont des moisissures à filaments cloisonnés hyalins. Parmi les 300 espèces qui composent ce genre, Aspergillus fumigatus est l’espèce le plus souvent impliquée en pathologie humaine dans les pays tempérés. A. flavus, A. nidulans, A. niger, A. versicolor, A. terreus ou d’autres espèces sont moins fréquemment observées.
D’autres champignons filamenteux parmi les moisissures peuvent également être responsables de mycoses opportunistes, à l’origine d’infections localisées ou invasives, d’allergies ou de mycotoxicoses. Ce sont :
Les moisissures sont omniprésentes dans notre environnement. La plupart sont phytopathogènes et se développent en saprophytes dans la terre et sur les plantes ou débris végétaux en voie de putréfaction. L’humidité favorise leur survie et leur développement. Elles sont retrouvées dans l’air, sur le sol et les surfaces, dans l’alimentation (tisanes, épices en poudre…) et parfois dans l’eau. Elles sont donc également présentes dans l’air ou sur les surfaces à l’hôpital, notamment par remise en suspension en cas de travaux (petits travaux ou gros Ĺ“uvre) et véhiculées par les systèmes de ventilation.
Pour Talaromyces (ex-Penicillium) marneffei, le réservoir est le rat du bambou. Sa répartition géographique est limitée à l’Asie du Sud-Est. Il atteint particulièrement les immunodéprimés atteints de sida.
La contamination par ces moisissures se fait essentiellement par voie aérienne par inhalation de spores, également dénommées conidies, d’où l’atteinte préférentielle des poumons et des voies aériennes supérieures comme les bronches ou les sinus (figure 27.1). La contamination cutanée directe par dépôt de spores sur des plaies ou brûlures ou dans un site opératoire peut aboutir à des infections locales, à risque de dissémination en fonction du contexte clinique. Des infections localisées, post-traumatiques ou non, peuvent également résulter d’une contamination directe et atteindre, par exemple, la peau, le conduit auditif externe (otomycose) ou la cornée (kératite). Plus rarement, la contamination est d’origine digestive.