4  -  Diagnostic biologique

4 . 1  -  Amœbose intestinale aiguë

L’examen parasitologique des selles fraîchement émises permet de retrouver les kystes et, parfois, sur des selles dysentériques, les formes végétatives du parasite. La recherche des FV mobiles est un élément capital du diagnostic de l’amœbose intestinale aiguë. Ces FV hématophages ou non, sont très fragiles : elles ne résistent ni au refroidissement ni surtout à la dessiccation et meurent en quelques heures dans le milieu extérieur. C’est pourquoi il est essentiel de faire l’examen sur des selles fraîchement émises, idéalement aussitôt après l’exonération. Un examen réalisé plus de 3 heures après l’émission des selles n’a plus aucune valeur pour le diagnostic des FV. Si l’examen doit être différé il est préférable d’avoir recours à la fixation immédiate. Le diagnostic d’espèce nécessite un observateur expérimenté.

On recommande de répéter trois fois cet examen à quelques jours d’intervalle pour augmenter la sensibilité du diagnostic.

Les caractères morphologiques des trophozoïtes et des kystes permettent au microscopiste de les identifier et de les différencier des autres amibes parasites de l’intestin de l’Homme mais non pathogènes, telles qu’Entamoeba coliEntamoeba hartmanni, Endolimax nanus et Iodamoeba butschlii. Ces amibes non pathogènes, plus fréquemment retrouvées qu’E. histolytica, ne doivent pas être considérées comme responsables des troubles digestifs dans la majorité des cas. Elles témoignent cependant d’une exposition au péril fécal.

En revanche, les caractères morphologiques observables à l’examen microscopique des selles, en dehors des FV hématophages, ne permettent pas de faire la différence entre E. histolytica et E. dispar (espèce non pathogène). D’autres examens sont nécessaires pour établir ce diagnostic différentiel : méthodes antigéniques (ELISA, tests immunochromatographiques) ou génomiques (PCR).

Une coproculture est toujours nécessaire pour éliminer les causes bactériennes.

La sérologie (recherche d’anticorps), longtemps considérée comme non contributive pour le diagnostic d’amœbose intestinale, présente un intérêt depuis la distinction entre les espèces E. histolytica et E. dispar (encadré 1.1). En effet, l’infection par E. histolytica se traduit fréquemment par la faible positivité de la sérologie, même dans les formes peu ou pas symptomatiques.

Encadré 1.1 Stratégie diagnostique
Le diagnostic d’espèce d’E. histolytica/E. dispar est maintenant un objectif affiché. En corollaire, la bonne pratique clinique impose, sauf exception, de ne traiter que les agents pathogènes identifiés ou fortement suspectés. On distingue deux types de situations cliniques :
  • une situation d’urgence, correspondant aux patients présentant une dysenterie ;
  • une situation moins aiguë et peu symptomatique.
Dans la première situation, le diagnostic d’amœbose intestinale doit être rapidement confirmé ou écarté. Le laboratoire doit donc être clairement informé de l’état clinique du patient et la stratégie diagnostique établie en concertation avec le biologiste. Les tests qui peuvent actuellement être prescrits sont : un examen direct sur selles fraîches, une sérologie de l’amœbose, un test ELISA antigène et/ou une PCR. Le rendu des résultats pour ces tests ne doit pas, dans l’idéal, excéder 24–48 heures. Dans la deuxième situation, un patient porteur de stades parasitaires étiquetés E. histolytica/E. dispar en microscopie optique par le laboratoire, ne doit plus recevoir une médication empirique. Dans cette situation, un délai de rendu de l’identification d’espèce (dans plus de 90 % des cas E. dispar) de 8 jours est acceptable. Un traitement immédiat ne se justifiant que, comme indiqué par les experts de la conférence de 1997 :
  • si on a pu recueillir les notions de contact proche avec un cas d’amœbose invasive :
  • s’il existe un contexte d’épidémie d’amœbose déclarée ;
  • si le titre d’anticorps spécifiques est élevé.

4 . 2  -  Amœbose extra-intestinale (notamment amœbose hépatique)

L’examen parasitologique des selles est souvent négatif à ce stade en l’absence de syndrome dysentérique.

Un syndrome inflammatoire avec hyperleucocytose à polynucléaires neutrophiles et une augmentation de la vitesse de sédimentation ou de la CRP sont le plus souvent retrouvés.

Le diagnostic est urgent.
La sérologie reste l’examen de référence pour affirmer l’origine amibienne de l’atteinte tissulaire ; obtenue rapidement, elle est en générale positive avec un taux très élevé d’anticorps. Les amibes ne sont pas observées microscopiquement dans le liquide de ponction. La détection d’antigènes ou d’ADN par PCR, réalisée sur le pus de l’abcès, permet de rattraper le diagnostic dans certaines situations.

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