3  -  Clinique

3 . 1  -  Amœbose intestinale aiguë

Le début est brutal, caractérisé par un syndrome dysentérique typique associant :

  • diarrhée afécale (10 à 15 selles par jour), avec présence de glaires et de sang (figure 1.5) ;
  • douleurs abdominales à type d’épreintes et ténesmes ;
  • absence de fièvre en général.

L’abdomen est sensible, le foie est normal, le toucher rectal est douloureux et l’état général est bien conservé au début. L’évolution se fait vers une aggravation progressive, avec parfois des phases de rémission.

Pour ce qui est des différentes formes cliniques, les formes atténuées sont les plus fréquentes, mais des formes fulminantes avec perforations intestinales sont fatales dans 40 % des cas malgré une colectomie étendue.

Fig. 1.5 Selle glairo-sanglante au cours d’une amœbose colique aiguë
Fig. 1.5  Selle glairo-sanglante au cours d’une amœbose colique aiguë

3 . 2  -  Amœbose hépatique

Le foie est la principale localisation de l’amœbose tissulaire, mais le poumon et le cerveau peuvent aussi être atteints. Les manifestations hépatiques peuvent apparaître plusieurs mois ou années après la contamination.

Le début est progressif, concomitant ou non d’un épisode dysentérique, et se caractérise par :

  • une douleur de l’hypocondre droit irradiant vers l’épaule ;
  • une fièvre précoce, constante, en plateau à 39 °C à 40 °C, avec altération de l’état général ;
  • une hépatomégalie, lisse, douloureuse à l’ébranlement.

Au total, il s’agit d’un abcès du foie, réalisant le plus souvent un tableau grave et imposant une prise en charge rapide.

Des manifestations pulmonaires à la base droite peuvent être retrouvées mais il n’y a généralement pas d’ictère.

L’évolution est toujours défavorable en l’absence de traitement.

3 . 3  -  Autres formes cliniques

3 . 3 . 1  -  Colite chronique postamibienne

La répétition des épisodes d’amœbose intestinale aiguë est parfois responsable de l’apparition de troubles digestifs causés par l’accumulation des lésions cicatricielles de la muqueuse colique. Les principales manifestations sont des douleurs intermittentes, des troubles du transit (alternance diarrhée/constipation, anorexie…). La coloscopie ou le coloscanner (coloscopie virtuelle) remplacent l’examen radiologique avec produit de contraste et révèlent un aspect de colite spasmodique ou de colite atonique.

3 . 3 . 2  -  Amœbome

Il s’agit d’une tumeur inflammatoire du côlon apparaissant immédiatement après ou à distance d’un épisode dysentérique. Elle associe troubles du transit, sang dans les selles, douleurs importantes et état général altéré. Le principal diagnostic différentiel est le cancer du côlon. L’examen parasitologique des selles est souvent négatif, et ce sont la coloscopie avec biopsie et la sérologie qui font le diagnostic.

3 . 3 . 3  -  Amœbose pleuropulmonaire

Rarement primitive, l’amœbose pleuropulmonaire débute le plus souvent à la base droite car il s’agit d’une localisation secondaire à un abcès amibien du foie. Elle se présente comme une pneumopathie aiguë de la base avec point de côté, toux, expectoration, fièvre, altération de l’état général. Parfois, une atteinte pleurale est associée. L’évolution peut se faire vers l’abcédation avec risque de fistule bronchique et évacuation d’une vomique « chocolat » caractéristique.

3 . 3 . 4  -  Autres localisations

Très rarement, des localisations cérébrales peuvent être retrouvées, avec des signes cliniques dépendant de la localisation. Les formes cutanées, génitales et péricardiques sont exceptionnelles.

3 . 4  -  Diagnostic différentiel

3 . 4 . 1  -  Diagnostic différentiel de l’amœbose intestinale

Les dysenteries bacillaires (Escherichia coli entéro-invasive, shigelles, Campylobacter, salmonelles…) peuvent simuler une amœbose intestinale aiguë, mais elles sont fébriles — d’où l’importance de la coproculture pour le diagnostic différentiel.

3 . 4 . 2  -  Diagnostic différentiel de l’amœbose hépatique

En France, les abcès à pyogènes sont plus fréquents. Chez les migrants, il faut évoquer la nécrose fébrile d’un hépatocarcinome primitif (fréquent en Afrique et en Asie) ou sur hépatite B ou encore un kyste hydatique surinfecté surtout chez les sujets originaires de zones d’endémie de l’hydatidose — la sérologie permettra de confirmer ou infirmer ce diagnostic différentiel.

3/6