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Stratégies pour ralentir le vieillissement
Le vieillissement en tant que conséquence du temps qui passe est un phénomène obligatoire et inéluctable. Toutefois, plusieurs travaux de recherche ont montré qu’il était possible d’influencer le vieillissement ou la longévité par des facteurs expérimentaux, si bien que des stratégies capables de ralentir le vieillissement sont envisageables.
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La restriction diététique
Plusieurs travaux ont montré que la restriction calorique allongeait la durée de vie d’animaux d’expérience (nématodes, insectes, rongeurs). La ration calorique restreinte doit être inférieure à 70% de la ration ingérée spontanément et doit être débutée tôt dans la vie, juste après la maturation sexuelle. Certaines maladies, comme les cancers et
les infections, sont moins fréquentes chez les animaux soumis à la restriction diététique, et certains organes ou fonctions semblent avoir un vieillissement ralenti. La restriction calorique pourrait agir en ralentissant la glycation des protéines ou en améliorant la protection de l’organisme contre les radicaux libres, le stress ou l’infection. Chez l’homme adulte, le respect d’un poids «idéal» est un facteur de longévité sachant que, chez le sujet âgé, la restriction calorique est au contraire néfaste.
L’activité physique a des effets qui s’opposent à ceux du vieillissement. Une activité physique régulière ralentit la diminution de la masse musculaire liée à l’avancée en âge. Parallèlement, l’activité physique limite l’augmentation de la masse grasse et les problèmes métaboliques associés comme l’intolérance au glucose par insulinorésistance. Les fonctions cardio-vasculaire et respiratoire sont aussi mieux préservées chez les sujets âgés qui ont une activité physique régulière. Même débutée à un âge avancé, l’activité physique peut avoir des effets positifs sur la santé, notamment en réduisant le risque de maladie cardio-vasculaire et en prévenant le risque de chute.
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La lutte contre le stress oxydatif
L’administration au long cours de substances anti-oxydantes (vitamine E, vitamine C, vitamine A et dérivés) a représenté une première voie de recherche. Les effets anti-vieillissement varient selon les travaux expérimentaux et il n’y a pas de consensus sur l’intérêt de cette approche. Les premières études chez l’homme d’administration au long cours de la vitamine E et de ß-carotène se sont avérées décevantes pour prévenir les maladies cardio - vasculaires et les cancers, mais leurs effets sur le vieillissement n’ont pas été étudiés. Une des limites à cette approche pharmacologique est la difficulté à induire une protection anti-radicalaire au niveau intra-cellulaire. Des
travaux expérimentaux basés sur le transfert et l’expression des gènes de la superoxyde dismutase et de la catalase sont particulièrement intéressants et prometteurs.
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La correction des déficits hormonaux
Le traitement substitutif de la ménopause (THS) par son action sur l’os, la peau, le cerveau et les organes urogénitaux, s’oppose à certains effets du vieillissement chez la femme. Les concentrations plasmatiques d’hormone de croissance (GH) diminuent chez certains sujets âgés, et l’administration de GH à des hommes âgés ayant des concentrations basses a permis d’augmenter leur masse maigre et de réduire certains effets du vieillissement sur la peau. Des travaux expérimentaux ont montré que l’administration de déhydroépiandrostérone (DHEA), un stéroïde surrénalien dont la concentration plasmatique diminue progressivement avec l’âge, pouvait améliorer certaines fonctions mnésiques chez le rat âgé. L’évaluation de ses effets chez l’homme est en cours.
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L’inhibition de la glycation
L’inhibition de la glycation des protéines est une voie de recherche intéressante pour s’opposer aux complications du diabète et aussi du vieillissement. Le traitement de rats non diabétiques par l’aminoguanidine permet de retarder l’augmentation de la rigidité artérielle et de ralentir l’hypertrophie cardiaque qui se produisent au cours du vieillissement.
Le transfert de gènes codant pour des facteurs de croissance du système nerveux (nerve growth factor notamment) a permis chez le rat de limiter certains déficits cognitifs liés au vieillissement voire de les faire régresser.
L’administration d’inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine chez les rats normotendus a permis de limiter certains effets du vieillissement artériel, cardiaque et aussi rénal. De façon intéressante, la fonction endothéliale dont l’altération est majeure au cours du vieillissement semble bien
préservée chez les animaux ayant reçu ce médicament.
L’application d’acide rétinoïque a permis de faire régresser certains effets du vieillissement cutané chez l’homme.
8/9