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Le tournant vers l'intégration...

La notion d'intégration est apparue dans le champ de l'éducation à l'aune de la Loi d'Orientation (Loi n°75-534 du 30 juin 1975) qui marque une rupture décisive avec les pratiques jusque là ségrégatives. Cette loi « reconnaît le droit à l'éducation de tout enfant ou adolescent handicapé et établit la nécessité de le maintenir dans un milieu de vie habituel chaque fois que cela s'avère possible» : autrement dit, l'éducation et la formation des personnes handicapées devient une obligation nationale. Tout un maillage coopératif entre secteur de la Santé, l'Action sociale et l'Education Nationale est prôné par les pouvoirs publics et, est mis effectivement en œuvre pour porter la politique intégrative.

Le Ministère de l'Education Nationale prend en charge l'obligation nationale d'enseignement. Deux modalités d'intégration en classes ordinaires sont proposées : le temps partiel ou le plein temps soutenu par un Projet Intégratif Scolaire. Ce projet est contractualisé entre les écoles, la famille, les structures spécialisées, les interventions et les soutiens qui peuvent être à la fois pédagogiques, éducatives et thérapeutiques. C'est aux commissions de l'éducation spéciale (créées entre 1981 et 1982) qu'appartiennent le choix des élèves concernés et la définition des modalités d'intégration. Notons toutefois que, dans un premier temps l'objectif premier de l'intégration est surtout sociale. La notion d'intégration scolaire (faire bénéficier l'enfant handicapé d'une formation scolaire adaptée) apparaît comme prioritaire plus tardivement (Pour une revue complète des différentes étapes voir Gilly, 2006[1]). Chemin faisant, les structures pour accueillir les élèves relevant du handicap évoluent et l'Education Nationale crée des dispositifs spécifiques d'intégration.

La loi pour l'orientation de l'éducation de 1989 (centrée sur la prise en compte de l'hétérogénéité des élèves) prévoit l'accueil des élèves handicapés et en 1991 sont créés les classes d'intégration scolaire (CLIS) en école élémentaire, et en 1995 les unités pédagogiques d'intégration (UPI) en collège. En 2002, trois circulaires clés structuraient le champ de l'Adaptation et l'Intégration Scolaire (nommée AIS) regroupant ainsi dans un même secteur les dispositifs de scolarisation pour les élèves relevant de la grande difficulté scolaire (Adaptation : RASED en primaire/SEGPA dans le secondaire) et ceux relevant du handicap (Intégration Scolaire : CLIS et UPI).

Très vite une limitation se fait sentir. Si la volonté politique est bien d'intégrer, c'est à la condition que ces élèves handicapés puissent s'adapter au système éducatif (Crouzier, 2006). En leur demandant explicitement ou implicitement de s'adapter à la norme (montrer leur capacités scolaires et de socialisation) le processus d'intégration reste mitigé, partiel, voire conduit à des pratiques permanentes de ségrégation (ex : les élèves appartenant à l'UPI/CLIS restent entre eux ; pas de lien institués avec les autres classes de l'établissement ; UPI ou CLIS reléguées dans un « coin » de l'établissement d'acceuil...)

  1. Ravaud, J.F., & Stiker, H. J. (2000). Les modèles de l'inclusion et de l'exclusion à l'épreuve du handicap ». Handicap : revue de sciences humaines et sociales, 86 et 87, 1-18
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