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Prise en compte du handicap à l'extérieur de l'école : le temps ségrégatif

En France, la loi du 15 Avril 1909, fonde le secteur de l'enseignement spécialisé. Les sujets ne répondant pas à la norme (dits débiles/anormaux) sont traités à la marge du système scolaire dans des structures spéciales qui répondent, en termes de catégorisation, à leurs besoins spéciaux ( Crouzier, 2006[1]). Précisément, au XIX° siècle, les grands débats philosophiques et pédagogiques avancent l'idée que les enfants handicapés sont éducables. Parallèlement, les progrès scientifiques réalisés notamment en médecine, font émerger la notion de normalité les écarts à la norme biologique transforment les anomalies en anormalités et en pathologies. L'infirmité est dépistée et catégorisée selon un modèle bio-médical. Les prises en charge commencent à s'effectuer dans des établissements spécifiques hors de la vie sociale ordinaire : ce premier pas constitue bien une ségrégation au sens propre du terme entendu comme une séparation du groupe par une mise à l'écart ( Feuilladieu & Dunant, 2012[2] ; Ravaud & Stiker, 2000[3]). Notons encore qu'avant cette période c'étaient les institutions caritatives religieuses qui, le cas échéant, accueillaient et soignaient les « infirmes » et la question de l'intégration en milieu ordinaire. Entre 1920 et 1960 la tendance se poursuit et le secteur privé médico-éducatif se constitue progressivement comme spécialisé dans les prises en charge de l'enfance «inadaptées» : les Maisons d'Enfants à Caractère Sanitaire (MECS : pour les enfants inadaptés sociaux) et un peu plus les tardivement les Instituts Médicaux éducatifs (IME : pour les enfants anormaux) sont institués. Pourtant, à l'intérieur de l'école les classes de perfectionnement instituées depuis 1909 et censées prendre en compte les élèves en grave échec scolaire (ne relevant ni du handicap mental ni de inadaptation sociale) sont toutefois des voies de relégation. L'intégration scolaire même à l'intérieur reste un vœux piètre mot : elle se conduit dans une logique ségrégative et d'exclusion (Fuster & Jeanne, 1996 ; Gilly, 2006[3]).

C'est à partir des années 60 que la perception du handicap commence à évoluer vers une prise en compte de la relation des personnes à la vie sociale et l'on s'oriente vers un modèle davantage centré sur la personne. Le vocable « personne handicapée » fait son apparition dans les catégorisations (Amstrong & Barton, 2003). L'école, suit ce mouvement sociétal. Si les enfants relevant du handicap (sensoriel, mental ou physique) sont encore orientés vers des structures spécialisés (hors Education Nationale) ceux en échec scolaire sont dans l'école et orientés vers des dispositifs dits d'adaptation scolaire et de prévention. L'objectif est de dépister puis pallier les lacunes de l'élève en l'adaptant aux exigences de l'école.

  1. Crouzier, M. F. (2006). Une école inclusive pour le second degré. Reliance, 21, 121-125.
  2. Feuilladieu, S. & Dunand, C. (2012). Des situations d'enseignement spécifiques au service de tous. La Nouvelle Revue de l'Adaptation Scolaire
  3. Ravaud, J.F., & Stiker, H. J. (2000). Les modèles de l'inclusion et de l'exclusion à l'épreuve du handicap ». Handicap : revue de sciences humaines et sociales, 86 et 87, 1-18
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