Cours

1.3.3. Formation du biofilm dentaire

En colonisant la cavité buccale, les bactéries entraînent la formation du biofilm dentaire.

La fixation de bactéries sur la surface dentaire est la toute première étape menant à la formation du biofilm. Cette fixation ne se fait pas directement sur l'hydroxyapatite des tissus minéralisés de la dent, mais par pellicule interposée. C'est un processus hautement sélectif auquel participent des éléments de la surface bactérienne et des composants de la pellicule acquise exogène (PAE).

1.3.3.1. Pellicule acquise

La pellicule acquise exogène (PAE) couvre la surface de l'émail et sert de substrat à la fixation des bactéries.

La PAE se forme naturellement et spontanément à la surface des dents, en un revêtement insoluble qui ne peut être éliminé facilement. Elle apparaît en quelques minutes après que les dents aient été polies à la cupule enduite d'une pâte abrasive. Son épaisseur varie de  0,1 µm à 1 µm. [lien interne annexe]

Glycoprotéines et phosphoprotéines : IgA, IgG, le lysozyme, l'albumine, l'α-amylase, la glycosyl transférase, les mucines de poids moléculaire élevé MG1 et les cystatines SA-1, la lactoférrine, l'anhydrase carbonique, les phosphoprotéines riches en proline (PRPs), la stathérine et l'acide sialique.

Les sucres : galactose, mannose et glucose.

Des phosphoprotéines : dans le sillon gingivo dentaire, mélange de salive et de fluide gingival.

La calgranuline B et des cytokératines :
La PAE ne contient pas d'acide muramique, le constituant majeur du peptidoglycane, ce qui confirme que les cellules bactériennes n'entrent pas dans sa composition. Elle est riche en récepteurs auxquels se fixent les adhésines bactériennes, mais, dans leur grande majorité, ceux-ci sont encore inconnus. Des variations minimes dans sa composition chimique peuvent influencer le type et le nombre de bactéries qui s'y fixent. L'action d'enzymes d'origine buccale ou bactérienne peut modifier sa composition et même amener sa disparition localisée.

La PAE peut être bénéfique à la santé dentaire ou contribuer à la déséquilibrer. Protectrice, elle s'oppose à la décalcification de la dent, notamment lors de l'ingestion d'aliments ou boissons acides. Co-destructrice, elle maintiendrait les acides au contact de l'émail. Riche en récepteurs, elle permet la colonisation de bactéries.

Des glycoprotéines salivaires peuvent aussi s'adsorber à la surface des différents matériaux dentaires pour former une pellicule dont la composition est toutefois sensiblement différente, selon le matériau, de celle présente sur l'émail.