2  -  Diagnostiquer une otite

2 . 1  -  Diagnostic clinique

2 . 1 . 1  -  Suspicion sur des signes d’appel


Données anamnestiques utiles :

  • âge du nourrisson ;
  • existence d’une fièvre ± élevée ;
  • évaluation de la douleur liée à l’otalgie ;
  • contexte de rhinopharyngite aiguë.

Signes d’appel en fonction des types d’otite (tableau 18.1).

Tableau 18.1 Signes d’appel en fonction des types d’otite
Otite congestive
OMA purulente
                      
– Mode de début brutal
– Signes fonctionnels :
• otalgies exprimées (à partir de l’âge de 3 ans)
• et/ou équivalents : irritabilité, pleurs, insomnie (nourrisson)
– Signes généraux :
• fièvre, réduction de l’appétit
• ± vomissements alimentaires, selles liquides, douleurs abdominales
Otite séromuqueuse
                     
– Hypoacousie :
• non-réponse à l’appel, pauvreté du langage
• volume sonore de la télévision, difficultés scolaires
Otite externe
                    
– Otalgie provoquée au moindre effleurement de l’auricule

2 . 1 . 2  -  Confirmation par l’examen otoscopique


Modalités techniques

L’examen doit débuter à titre de référence par l’oreille présumée saine.

L’otoscope est introduit après traction de l’auricule vers le haut et vers l’arrière, mettant en rectitude le MAE. Cet examen est parfois difficile chez le nourrisson en raison de son agitation, de l’étroitesse du champ de vision liée à la structure fibrocartilagineuse des parois du MAE qui sont collabées, ou par la présence de bouchons de cérumen.

L’aperçu d’au moins 75 % de la surface du tympan est nécessaire pour une bonne interprétation.

La connaissance des structures anatomiques visualisées est indispensable (fig. 18.2).

Figure 2 : Otoscopie légendée

La membrane tympanique normale est quasi transparente, de coloration grisée (fig. 18.3). Le manche du marteau est visualisé en son milieu sous la forme d’un relief oblique en bas et en arrière. À sa pointe inférieure, on observe un triangle lumineux dû au reflet de la lumière de l’otoscope sur la membrane.

Figure 3 : Tympan normal

Un examen otoscopique de bonne qualité permet à lui seul d’affirmer le diagnostic d’otite.

Résultats

Le diagnostic d’otite congestive (fig. 18.4), évoqué devant une otalgie fébrile, est confirmé à l’examen otoscopique devant l’aspect inflammatoire du tympan (hypervascularisation, à différencier d’une hyperémie transitoire du tympan lors d’une fièvre ou de pleurs) sans épanchement rétrotympanique.

Figure 4 : Otite congestive

Le diagnostic d’OMA purulente (fig. 18.5), évoqué devant une otalgie fébrile, est confirmé à l’examen otoscopique face à un aspect inflammatoire du tympan avec épanchement rétrotympanique, extériorisé (otorrhée) ou non (opacité, effacement des reliefs ou bombement, disparition du triangle lumineux).

Figure 5 : OMA purulente

Le diagnostic d’otite séromuqueuse (voir fig. 6.3, cahier couleur), évoqué devant une hypoacousie, est confirmé à l’examen otoscopique devant un épanchement rétrotympanique sans inflammation franche, donnant un aspect caractéristique avec des tympans ambrés, mats et rétractés, associés à un niveau liquidien.

Le diagnostic d’otite externe, évoqué devant une otalgie provoquée au moindre effleurement de l’auricule, est confirmé à l’otoscopie devant des tympans normaux, un aspect inflammatoire et œdématié du MAE parfois recouvert de sécrétions purulentes peu abondantes.

Apprécier 2 paramètres : l’existence d’une congestion et/ou d’un épanchement.

Synthèse

Une synthèse des types d’otites à l’otoscopie est proposée tableau 18.2.

Tableau 18.2 Tableau comparatif des différents types d’otites
 CongestionÉpanchement
Otite congestive+
OMA purulente++
Otite séromuqueuse+
Otite externe

Caractéristiques cliniques reliées préférentiellement à certaines bactéries :

  • otite hyperalgique et hyperthermique (≥ 39 °C) → pneumocoque ;
  • syndrome otite-conjonctivite (SOC) purulente → H. influenzae.
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