3 . 3  -  Rétention de phosphates et sa prise en charge


C’est un facteur aussi important que la pression artérielle et la protéinurie pour :

  • la progression de l’insuffisance rénale ;
  • le risque de mortalité cardiovasculaire précoce ;
  • les complications squelettiques.

L’excrétion urinaire des phosphates alimentaires est étroitement dépendante du débit de filtration glomérulaire et de la réabsorption tubulaire proximale.

L’abaissement du DFG et de la quantité filtrée de phosphates est compensé par l’élévation des taux circulants de l’hormone parathyroïdienne et du Fibroblast Growth Factor 23 (FGF-23) qui sont les deux hormones qui inhibent la réabsorption tubulaire rénale des phosphates. L’élévation du FGF-23 plasmatique est associée à une progression plus rapide de l’insuffisance rénale chronique de même qu’au développement d’une hypertrophie ventriculaire gauche. L’élévation de la PTH est le principal facteur de calcification des artères coronaires.

La prévention de la rétention des phosphates et de l’élévation du FGF-23 repose sur :

  • un régime limité en phosphates et donc limité en protéines d’origine animale ;
  • l’administration de chélateurs non calciques des phosphates alimentaires comme les sels de sévélamer ;
  • une supplémentation en vitamine D native qui a des effets inhibiteurs sur la production de FGF-23.

La prévention des complications squelettiques comprend également :

  • une supplémentation en calcium en raison de l’incrémentation squelettique de calcium pendant toute la durée de la croissance, puis entre 15 et 20 ans au moment du doublement de la masse osseuse ;
  • une supplémentation en dérivés hydroxylés de la vitamine D pour prévenir les lésions du cartilage de croissance et leur traduction clinique sous forme d’un rachitisme.

3 . 4  -  Autres facteurs et mesures thérapeutiques additionnelles

3 . 4 . 1  -  Anémie


L’abaissement du niveau d’hémoglobine au-dessous de 12 g/dL est commun dès le stade 2 de l’insuffisance rénale et répond à de multiples facteurs : le syndrome inflammatoire de l’urémie chronique, la carence en fer, en acide folique et en vitamine B12, puis à un stade plus avancé à la pénurie de synthèse de l’érythropoïétine par le rein.

Chacune de ces carences est aujourd’hui très facile à contrôler par la supplémentation :

  • en fer (10 mg/kg/j de fer métal) ;
  • en acide folique (5 mg/j) ;
  • en vitamine B12 (250 μg/mois) ;
  • en érythropoïétine recombinante pour maintenir le taux d’Hb > 11 g/dL : sa prescription est facilitée par les nouvelles formes retard qui nécessitent 2 injections le 1er mois puis 1 fois/mois ; elle est habituellement débutée aux stades 4 ou 5 de l’IRC, parfois dès le stade 3.

3 . 4 . 2  -  Éviction des médicaments néphrotoxiques


L’utilisation des AINS est systématiquement et formellement contre-indiquée.

L’utilisation des antibiotiques néphrotoxiques doit être soumise à un contrôle rigoureux des doses, des intervalles d’injection et des taux circulants résiduels (risque d’accumulation quand le DFG est abaissé).

3 . 4 . 3  -  Autres mesures de surveillance


Diabète et prédiabète


La néphropathie diabétique est la 1re cause d’IRC terminale chez l’adulte en France.

Chez l’enfant, le dépistage d’un état prédiabétique est aussi important (au moins une glycémie, une recherche de glycosurie, une hémoglobine glyquée par an, notamment dans des populations à risque) que celui de l’hypertension artérielle.

Lipidémie

Une élévation du cholestérol ou des triglycérides plasmatiques doit être traitée par une statine, même chez l’enfant où ce médicament n’a encore jamais reçu une AMM.

Hyperuricémie

C’est un facteur de dégradation de la fonction rénale qui doit faire l’objet d’un dépistage annuel.

Un traitement par allopurinol est parfaitement efficace pour contrôler le niveau circulant d’acide urique et prévient la dégradation de la fonction rénale.

Acidose métabolique

Aux stades 3 et 4 de la maladie rénale chronique, une bicarbonatémie supérieure à 25 mmol/L est un facteur de prévention de la dégradation de la fonction rénale.

Autres paramètres

La prévention du tabagisme, l’utilisation de contraceptifs non pharmacologiques font également partie des mesures additionnelles de la rénoprotection.

La prévention de l’hyperhomocystéinémie et l’hygiène dentaire sont des facteurs de protection cardiovasculaire qu’il ne faut pas négliger chez les enfants en IRC, même si leur influence sur la maladie rénale chronique n’est pas démontrée.

Retenir les principales mesures de rénoprotection chez l’enfant.

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