Avant de commencer…

Il s’agit d’un motif très fréquent de consultation chez l’enfant, induisant chez les parents comme chez les médecins, des interrogations diagnostiques dans la crainte d’une urgence chirurgicale qu’il est indispensable d’éliminer en premier lieu.

L’anamnèse est souvent difficile chez le jeune enfant. L’examen clinique doit être rigoureux. Le bilan paraclinique n’est pas systématique mais orienté par les données cliniques.

L’urgence est avant tout chirurgicale ; la fréquence est médicale. Il convient de toujours rechercher des causes extradigestives chez l’enfant, notamment en cas de contexte fébrile associé (infections ORL, pneumopathie, pyélonéphrite…).

Nous avons choisi de détailler les « spécificités pédiatriques » de cet item. Les points clés de certaines causes seront développés ici : l’invagination intestinale aiguë, l’appendicite aiguë, la hernie inguinale étranglée, la torsion du cordon spermatique et les coliques du nourrisson.

1  -  Conduite diagnostique générale

1 . 1  -  Identifier des douleurs abdominales


Chez le nourrisson, une douleur abdominale doit être évoquée devant des accès de pleurs, des cris incessants, des mouvements de jambes, des tortillements. Ces signes ne sont cependant pas spécifiques.

Chez l’enfant, une douleur abdominale est plus facilement exprimée, mais la topographie désignée est souvent vague et de siège périombilical.

L’anamnèse peut être difficile et peu informative chez l’enfant.

L’examen clinique doit être rigoureux et complet, sur un enfant totalement déshabillé placé en décubitus dorsal, avec les jambes demi-fléchies. Certaines données peuvent rapidement orienter vers une origine organique ou fonctionnelle des douleurs abdominales aiguës (tableau 53.1).

Tableau 53.1 Données d’orientation vers une origine organique ou fonctionnelle
Origine organiqueOrigine fonctionnelle
LocalisationPrécisePériombilicale
IrradiationOuiNon
RythmeContinuSporadique
HoraireDiurne et nocturne (réveil)Diurne
AEGSouventNon
Examen abdominalAnormal (le plus souvent)Normal
Signes associésSouventNon

1 . 2  -  Identifier une situation d’urgence

1 . 2 . 1  -  Rechercher des signes de gravité

  • Signes reliés à une urgence chirurgicale :
    • douleur continue et tenace (y compris nocturne, réveillant l’enfant), de topographie localisée ;
    • signes abdominaux :
      • ventre plat ou météorisme, cicatrice abdominale, ondes péristaltiques,
      • défense, boudin d’invagination, olive pylorique, hépatomégalie,
      • hernie, torsion d’annexe ;
    • vomissements bilieux (pouvant évoquer un syndrome occlusif) ;
    • hémorragie digestive extériorisée ou mise en évidence au TR.
  • Signes reliés à une urgence médicale :
    • altération de l’état général ;
    • déshydratation voire hypovolémie (si vomissements répétés) ;
    • syndrome polyuro-polydipsique, dyspnée ;
    • sepsis sévère avec troubles hémodynamiques, troubles de conscience.

1 . 2 . 2  -  Assurer les gestes d’urgence éventuels

  • Prise en charge symptomatique :
    • antalgiques IV (voir chapitre 69) ;
    • si vomissements : réhydratation IV ± remplissage vasculaire.
  • Préparation à une intervention chirurgicale :
    • autorisation parentale ;
    • mise à jeun ;
    • consultation anesthésique, groupage-hémostase.

Une prise en charge antalgique rapide ne « masque » pas les signes abdominaux ou généraux. Elle permet au contraire d’aborder l’examen de l’enfant dans de meilleures conditions.

Une fois ces mesures prises, il convient d’assurer la poursuite de l’enquête diagnostique. La prise en charge thérapeutique des douleurs abdominales aiguës doit être avant tout étiologique.

Éliminer une urgence chirurgicale ou médicale (infectieuse, métabolique).

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