2  -  Diagnostiquer une anémie et planifier la prise en charge

2 . 1  -  Identifier une anémie


Suspicion clinique devant :

  • une asthénie révélée par des difficultés à la prise alimentaire chez le nourrisson, une dyspnée d’effort, une baisse d’attention scolaire chez l’enfant plus âgé ;
  • une pâleur cutanéomuqueuse (téguments, lèvres et conjonctives en particulier chez l’enfant noir), un teint cireux ;
  • un souffle systolique fonctionnel maximal à l’apex, une tachycardie, des malaises avec hypotension, une polypnée isolée (pas de cyanose, pas de fièvre) en cas d’anémie sévère ;
  • une hypotrophie avec cassure de la courbe staturo-pondérale (en cas d’anémie chronique).

Confirmation biologique : NFS.

2 . 2  -  Apprécier la gravité

  • Terrain à risque :
    • âge (en particulier jeune nourrisson), antécédents de transfusion ;
    • maladie cardiorespiratoire, drépanocytose, immunodéprimé ;
    • pathologie de l’hémostase connue, prise de médicaments (AINS, anticoagulants).
  • Signes de mauvaise tolérance symptomatique de l’anémie :
    • retentissement cardiovasculaire :
      • tachycardie, polypnée, dyspnée au moindre effort, malaise,
      • souffle > 2/6,
      • collapsus en cas d’hémorragie aiguë, signes d’insuffisance cardiaque ;
    • troubles de la conscience ou du comportement :
      • agitation, angoisse, hypotonie,
      • diminution voire arrêt de la tétée chez le nourrisson.
  • Signes orientant vers une cause potentiellement grave :
    • signes évoquant une cause centrale (atteinte des autres lignées médullaires) :
      • syndrome hémorragique grave avec purpura (thrombopénie),
      • fièvre, angine, stomatite (neutropénie),
      • syndrome tumoral : adénopathies, hépatosplénomégalie ;
    • signes d’hémolyse aiguë : urines rouges ou foncées, ictère conjonctival ;
    • autres : hémorragie extériorisée, plaie ouverte.

Une anémie inférieure à 7 g/dL est considérée comme sévère.

L’existence d’une atteinte des autres lignées doit alerter. Une thrombopénie ou un trouble de l’hémostase associé sont des indices complémentaires de sévérité.

La décision d’une transfusion de produits sanguins repose plus sur la tolérance clinique de l’anémie que sur le chiffre de l’hémoglobine (voir § II. E. Savoir prescrire une transfusion de CGR).

Gravité : troubles hémodynamiques, atteinte des autres lignées.

2 . 3  -  Connaître les mesures d’urgence


Toute anémie mal tolérée cliniquement, et/ou liée à une hémorragie active importante, et/ou majeure à la NFS, constitue une urgence thérapeutique symptomatique.

Aucun examen complémentaire ne doit retarder les mesures d’urgence. Il convient d’effectuer si possible un minimum de prélèvements à visée étiologique en fonction du tableau clinique avant toute transfusion de produits sanguins (difficultés diagnostiques pour certaines causes après transfusion).

Mesures urgentes éventuelles dans les formes sévères :

  • mise en condition en box de déchocage :
    • monitoring cardiorespiratoire, oxygénothérapie,
    • pose d’au moins une voie veineuse périphérique de gros calibre ;
  • gestes thérapeutiques immédiats :
    • compression d’une plaie, arrêt d’éventuels anticoagulants,
    • remplissage vasculaire : NaCl 0,9 % 20 mL/kg en 5–20 min (avant transfusion),
    • transfusion avec urgence vitale immédiate : O Rh négatif sans hémolysine ;
  • réalisation d’un premier bilan paraclinique :
    • groupe ABO (2 déterminations), Rhésus, RAI,
    • NFS + frottis sanguin, réticulocytes, haptoglobine, bilirubine, hémostase, test de Coombs ;
  • surveillance clinique rapprochée :
    • température, FR, sat(O2), FC, PA,
    • évaluations hémodynamique et neurologique répétées.

En cas d’hémorragie sévère : groupe ABO (2 déterminations), Rhésus, RAI.

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