4  -  Amygdalite chronique


L’infection chronique des amygdales palatines se manifeste de façon différente chez l’enfant et l’adulte.

4 . 1  -  Amygdalite chronique de l’enfant


Elle est secondaire à une perturbation immunologique locale au cours des premières années de la vie et peut être favorisée par une antibiothérapie abusive.

Elle se manifeste cliniquement par des angines à répétition, souvent blanches, prolongées, avec adénopathies importantes et asthénie durable et la persistance entre ces angines :

  • d’un état inflammatoire des amygdales, dures, atrophiques ou mollasses, donnant issue à leur pression à un liquide louche ou purulent,
  • d’un syndrome biologique inflammatoire : hyperleucocytose, CRP augmentée,
  • de ganglions cervicaux sous-angulo-maxillaires chroniques ;

L’évolution est désespérément chronique, entraînant une gêne au développement staturo-pondéral, un retard scolaire par absentéisme, favorisant les complications locorégionales (naso-sinusiennes, otitiques, trachéobronchiques) ou générales. L’antibiothérapie n’a que peu d’efficacité.

Diagnostic différentiel : ne pas confondre l’amygdalite chronique avec une simple hypertrophie amygdalienne constitutionnelle ou une hyperplasie réactionnelle (maladie infectieuse ou terrain allergique). Ces hypertrophies n’ayant pas de retentissement fonctionnel, aucune sanction thérapeutique n’est utile, sauf éventuellement en cas de gêne respiratoire (apnées du sommeil) par obstruction mécanique lorsque l’hypertrophie est majeure.

Traitement de l’amygdalite chronique : amygdalectomie.

4 . 2  -  Amygdalite chronique de l’adulte


Elle se caractérise par une réaction fibrocicatricielle importante des amygdales, qui vient s’ajouter à la régression normale du tissu lymphoïde.

La symptomatologie, locale, habituellement modérée, se traduit chez un sujet volontiers anxieux, dystonique, cancérophobe, par une dysphagie unilatérale intermittente avec otalgie, une mauvaise haleine, des crachats de fragments caséeux fétides, une toux irritative. Il n’y a pas de signes infectieux généraux.

À l’examen, les amygdales sont petites, enchatonnées dans les piliers, sièges de cryptes emplies de caséum, de noyaux cicatriciels notés à la palpation, de kystes jaunâtres par occlusion de cryptes.

L’évolution est chronique, mais le plus souvent bénigne. La recherche et la prise en charge d’un reflux acide pharyngo-laryngé peuvent améliorer l’évolution.

Des complications locales (abcès intra-amygdalien, phlegmon péri-amygdalien) ou générales peuvent cependant survenir, et il est classique de rechercher un foyer amygdalien chronique dans le bilan d’une néphropathie ou d’un rhumatisme infectieux.

Diagnostic différentiel :

  • la pharyngite chronique essentiellement, où l’inflammation est diffuse à l’ensemble du pharynx, surtout en rapport avec une maladie générale (diabète, goutte, allergie…), une affection digestive, une mycose (après antibiothérapie prolongée, chimiothérapie…), une médication au long cours à effet atropinique (antihypertenseurs, tranquillisants…) ;
  • les paresthésies pharyngées, manifestations phobiques à cible pharyngée : sensation de corps étranger, de boule pharyngée (globus hystericus) chez un névrotique cancérophobe. L’examen local est normal.

Cet examen doit cependant être toujours très attentif, afin de ne pas laisser passer un cancer amygdalien en début d’évolution, caché dans une crypte ou derrière un pilier. La palpation de l’amygdale est le geste essentiel.
Le traitement est souvent fait de petits moyens locaux : gargarismes, pulvérisation superficielle au laser, utilisation de radiofréquence, cryothérapie. L’amygdalectomie est indiquée en cas de complications.

7/9