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Rhinopharyngites
La rhinopharyngite est la première pathologie infectieuse de l’enfant et la première cause de consultation en médecine pédiatrique. Il s'agit, en théorie, d'une atteinte inflammatoire du rhinopharynx situé en arrière du nez et au-dessus du voile du palais. En fait on entend par rhinopharyngite une atteinte inflammatoire du pharynx et des fosses nasales.
Son incidence est plus élevée chez l’enfant, particulièrement en âge préscolaire, que chez l’adulte.
La rhinopharyngite est principalement d’origine virale et reste une pathologie bénigne, d’évolution spontanément favorable en 7 à 10 jours.
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Étiologies
Les virus sont de très loin les principaux agents pathogènes des rhinopharyngites : rhinovirus, coronavirus, virus respiratoire syncitial (VRS), virus Influenzae et para-Influenzae, adénovirus, entérovirus sont les plus fréquents. Plus de 200 virus sont susceptibles d’induire une rhinopharyngite accompagnée ou non de signes cliniques, témoignant de l’atteinte d’une autre partie de l’arbre respiratoire.
Ces virus induisent une immunité locale de courte durée qui ne protège pas contre les types hétérologues et dès lors permet les réinfections. Le nombre de virus responsables, l’état d’infection ou de réinfection, l’âge expliquent la variabilité du tableau clinique. La contagiosité est grande pour l’ensemble de ces virus, en particulier pour les rhinovirus, le VRS et le virus de la grippe.
Les bactéries retrouvées dans les sécrétions rhinopharyngées (notamment S. pneumoniae, Haemophilus influenzae, Moraxella catarrhalis, staphylocoque) font partie de la flore commensale du rhinopharynx de l’enfant. Les mêmes bactéries sont retrouvées chez l’enfant sain et chez l’enfant présentant une rhinopharyngite.
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Diagnostic
Le tableau clinique associe de façon variable les symptômes suivants: rhinorrhée antérieure, éternuements, obstruction nasale, fièvre et toux.
L'examen clinique retrouve une rhinorrhée antérieure et/ou postérieure qui peut être séromuqueuse (visqueuse et claire), purulente (colorée, plus ou moins épaisse) ou mucopurulente (visqueuse et colorée). La rhinorrhée cesse d’être translucide et devient jaunâtre ou verdâtre lorsqu’elle contient beaucoup de cellules de desquamation. Il ne s’agit pas de pus (défini par la présence de polynucléaires altérés) et une rhinorrhée dite purulente n’est aucunement synonyme d’infection bactérienne. Le caractère puriforme de la rhinorrhée et l’existence d’une fièvre (dans les délais normaux d’évolution de la rhinopharyngite) ne sont pas des arguments en faveur de l’origine bactérienne de l’infection rhinopharyngée ou de la surinfection de celle-ci, et ne sont pas des facteurs de risque de complications. L’oropharynx est souvent inflammatoire : muqueuse plus rouge et plus luisante que la muqueuse de la face interne de la joue. Les tympans sont congestifs.
Ce diagnostic est facilement établi chez un enfant de 6 mois à 8 ans qui présente un syndrome infectieux brutal associant :
- une fièvre à 38,5-39°C, quelquefois plus élevée à 40°C, surtout matinale, avec agitation, parfois vomissements et diarrhée ;
- une obstruction nasale avec rhinorrhée mucopurulente, pouvant entraîner des troubles graves de l’alimentation chez le nourrisson ;
- une obstruction aiguë du tube auditif (trompe d’Eustache) avec surdité de transmission légère ;
- des adénopathies cervicales bilatérales douloureuses.
L’examen clinique est peu contributif et en pratique, il consiste à éliminer un autre foyer infectieux face à un syndrome fébrile de l’enfant (méninge, articulation, digestif, pulmonaire, urinaire, otite, angine). En pratique, il n’est pas effectué de prélèvement virologique. Le prélèvement bactériologique, nasal ou nasopharyngé, n’a pas d’intérêt car les fosses nasales et le rhinopharynx ne sont pas des cavités stériles. Ils sont habités par une flore plus ou moins riche et les mêmes espèces bactériennes peuvent être trouvées autant chez les sujets normaux que chez ceux présentant une rhinopharyngite.
Recommandations de bonne pratique .
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Évolution spontanée
La rhinopharyngite est une pathologie bénigne, d'évolution spontanément favorable en 7 à 10 jours. Beaucoup de patients ayant une rhinopharyngite aiguë ne consultent pas de médecin. Les patients s’automédiquent: les médicaments de confort pour passer au mieux les quelques jours que durent la rhinopharyngite sont en prescription médicale facultative ou délistés (gouttes nasales, antipyrétiques...). Si le patient consulte, un des rôles du médecin est de vérifier l’absence de complication.
Les patients et les parents doivent être informés du caractère bénin de cette affection, des modalités habituelles de son évolution, en particulier de la durée moyenne des symptômes et de la survenue possible, mais rare, de complications bactériennes locorégionales.
Du fait de la diversité des agents pathogènes impliqués et de la diversité des sujets touchés, l’histoire naturelle des rhinopharyngites est variable d’un cas à l’autre. La fièvre dure en général 3-4 jours, la rhinorrhée et la toux persiste généralement 7 à 10 jours, parfois plus longtemps. Les patients et les parents seront avertis de la nécessité de recontacter le praticien en présence de signes évoquant la survenue d’une complication bactérienne :
- fièvre persistant au delà de 3 jours ou réapparaissant secondairement après ce délai,
- persistance, sans tendance à l’amélioration, des autres symptômes (toux, rhinorrhée, obstruction nasale) au-delà de 10 jours,
- changement de comportement de l’enfant : anorexie, irritabilité, réveils nocturnes ou au contraire, somnolence,
- otalgie, otorrhée,
- conjonctivite purulente,
- œdème palpébral,
- troubles digestifs (anorexie, vomissements, diarrhée),
- apparition ou persistance d’une gêne respiratoire.
La possibilité d’une infection respiratoire basse telle qu’une bronchite, bronchiolite ou pneumonie doit être également évoquée. Au moindre doute, le patient doit être réévalué. D’autres complications rares (convulsions fébriles), ou exceptionnelles (hyperthermie maligne) sont liées à la fièvre. Elles ne peuvent être considérées comme des complications directes de la rhinopharyngite et n’indiquent en rien une antibiothérapie.
Chez le nourrisson de moins de 6 mois, l’obstruction nasale peut entrainer une gêne respiratoire ainsi qu’une gêne alimentaire.
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