La toxoplasmose acquise guérit le plus souvent sans traitement chez l'immunocompétent. En cas d'asthénie importante, le traitement classique repose sur la spiramycine (Rovamycine® 1,5 MUI/10 kg par jour en pédiatrie, 6 à 9 MUI par jour chez l'adulte) administrée pendant 1 mois. L'association triméthoprime-sulfaméthoxazole (cotrimoxazole, Bactrim®) est probablement plus efficace, mais il y a peu de données bibliographiques dans cette indication.
Seules les rares formes graves dues à des souches virulentes justifient un traitement plus puissant identique à celui prescrit chez l'immunodéprimé. Cette décision relève du spécialiste.
Le traitement de première intention est l'association pyriméthamine (Malocide®, 50 à 75 mg par jour, après une dose de charge initiale de 100 mg le premier jour) et sulfadiazine (Adiazine®, 100 à 150 mg/kg soit 4 à 6 g par jour). La prescription d'acide folinique (Lederfoline®, Osfolate®, Folinoral®) 25 mg par jour doit être systématique pour prévenir les effets secondaires hématologiques, ainsi qu'une hydratation suffisante avec alcalinisation. Dans 40 % à 60 % des cas, ce traitement est cause d'effets indésirables :
En cas de localisation cérébrale, la nécessité d'un traitement antiœdémateux est à apprécier au cas par cas. Il faut autant que possible éviter la prescription de corticoïdes : ceux-ci, efficaces aussi bien sur l'œdème associé à la toxoplasmose cérébrale que sur les lymphomes cérébraux, pourraient être source d'erreur diagnostique.
L'alternative à ce traitement de référence est l'association pyriméthamine (50 mg par jour) et clindamycine (2,4 g par jour) (Dalacine®), dont les effets indésirables sont les mêmes, toutefois moins sévères pour ce qui est de l'exanthème, avec en plus un risque de colite pseudomembraneuse.
En cas d'intolérance majeure à ces deux associations, on peut utiliser l'atovaquone en suspension (Wellvone®), hors AMM, à 750 mg, quatre fois par jour.
Le traitement d'attaque est maintenu pendant 3 à 6 semaines. Un traitement d'entretien utilisant les mêmes molécules à demi-dose doit être poursuivi ensuite tant que dure l'immunodépression. Chez les patients infectés par le VIH, le contrôle de l'infection (charge virale non détectable) avec une remontée des lymphocytes CD4 au-dessus de 15 % et 200/mm3 deux fois de suite à 3 mois d'intervalle autorise l'interruption de la prophylaxie secondaire.
La prophylaxie primaire chez le patient infecté par le VIH fait appel à l'association triméthoprime-sulfaméthoxazole (cotrimoxazole, Bactrim®), à la posologie de 1 comprimé à 160 mg/800 mg trois fois par semaine ou 80 mg/400 mg une fois par jour. Dans les autres situations d'immunodépression (greffe d'organe, allogreffe de cellules souches hématopoïétiques), il n'y a pas vraiment de recommandations officielles, sauf pour les greffes cardiaques en cas de discordance (mismatch) des systèmes HLA du donneur et du receveur. Toutefois, la couverture antitoxoplasmique est souvent assurée grâce à la chimioprophylaxie anti-pneumocystose, qui fait l'objet d'un plus large consensus (allogreffés hématologiques, greffés de cœur et de rein) et repose également sur le cotrimoxazole. L'utilisation fréquente du cotrimoxazole du 30e jour au 6e mois postgreffe de moelle ne met pas le patient à l'abri d'une toxoplasmose de réactivation le 1er mois et peut entraîner des problèmes de toxicité hématologique.
Diagnostic anténatal : échographie, amniocentèse pour PCR et inoculation à la souris. Diagnostic néonatal : clinique, inoculation du placenta à la souris, profil immunologique comparé mère-enfant (western blot), sérologie (IgM-IgA).
* IMG uniquement si foetus infecté et anomalies échographiques.
SA, semaine d'aménorrhée ; PS, pyriméthamine-sulfamides ; IMG, interruption médicale de la grossesse ; FO : fond d'œil.
Le traitement vise à réduire le risque global de transmission verticale ; il réduirait également le risque de toxoplasmose congénitale grave. Si le diagnostic anténatal est positif, la femme est traitée par une association pyriméthamine-sulfadiazine aux mêmes posologies que l'immunodéprimé, en continu, jusqu'à l'accouchement. Pour réduire le nombre de prises médicamenteuses, on peut prescrire l'association pyriméthamine-sulfadoxine (Fansidar®) à la posologie de 1 comprimé pour 20 kg tous les 10 jours. Dans tous les cas, il ne faut pas omettre d'associer l'acide folinique (à la posologie de 50 mg par semaine).
Le traitement de la toxoplasmose oculaire est le même (molécules et posologie) que celui de la toxoplasmose des immunodéprimés. La nécessité d'un traitement corticoïde local associé est à apprécier individuellement. Il ne doit jamais être donné seul.
La prévention de la toxoplasmose congénitale et de la toxoplasmose des immunodéprimés repose en France sur un programme de dépistage sérologique systématique organisé par le législateur (encadré 6.1). Mesures prophylactiques : recommandations
Pour la toxoplasmose congénitale, le programme repose sur le dépistage sérologique obligatoire des femmes associé à des conseils hygiéno-diététiques en cas de sérologie négative :
Lorsque la sérologie est négative, la femme doit être informée des mesures prophylactiques. Ces mesures sont énumérées dans la circulaire DGS et DH n° 605 du 27 septembre 1983 relative à la prévention de la toxoplasmose. Elles se déduisent aisément du cycle du parasite (encadré 6.1).
Le programme de prévention de la toxoplasmose chez les greffés impose depuis 1997 (décret n° 97-928 du 9 octobre 1997) le dépistage sérologique (donneur et receveur) pour tout prélèvement d'organes, de tissus ou de cellules d'origine humaine.
Pour les personnes infectées par le VIH, le dépistage systématique de la toxoplasmose est recommandé lors du bilan initial. Si ce dépistage est négatif, le patient doit être informé des mêmes mesures prophylactiques que la femme enceinte et une surveillance sérologique semestrielle doit être instaurée. Si ce dépistage est positif, une prophylaxie primaire doit être prescrite lorsque le taux de lymphocytes CD4 est inférieur à 100/mm3.
En pratique, dans toutes les situations d'immunodépression, existantes ou programmées, le statut sérologique à l'égard de la toxoplasmose doit être établi avant toute prescription susceptible d'interférer dans les résultats (transfusion ou perfusion d'immunoglobulines).