3  -  Clinique

3 . 1  -  Forme d'Afrique de l'Ouest à T. b. gambiense

Après une piqûre infectante, une réaction inflammatoire locale transitoire se développe, le chancre d'inoculation (figure 8.5), parfois accompagné d'une adénopathie satellite.

Fig. 8.5 Trypanome, ou chancre d'inoculation
Fig. 8.5 Trypanome, ou chancre d'inoculation

3 . 1 . 1  -  Phase lymphaticosanguine

Après une incubation pouvant durer de quelques jours à quelques années, la maladie diffuse à tout l'organisme par voie lymphaticosanguine. La fièvre d'évolution « anarchique », rebelle aux antibiotiques et antipaludiques, est alors le symptôme le plus constant. Des céphalées et une asthénie sont souvent associées. Des adénopathies précoces, indolores, mobiles et souvent peu volumineuses, touchent les ganglions cervicaux et sus-claviculaires.

L'hépatosplénomégalie est modérée. Le prurit est le signe cutané le plus fréquent. Les œdèmes de la face donnent un aspect lunaire très évocateur. Les éruptions cutanées, nommées trypanides, sont peu visibles sur peau foncée. Il s'agit d'éruptions polycycliques, érythémateuses, sur le tronc et les racines des membres, inconstantes et fugaces.

Des troubles cardiovasculaires, palpitations et précordialgies, peuvent également exister.

3 . 1 . 2  -  Phase méningoencéphalitique

Elle survient après un délai très variable. Les signes neurologiques sont au premier plan :

  • troubles sensitifs : syndrome acroparesthésique avec douleurs musculaires et osseuses profondes, objectivé par le « signe de la clef de Kérandel » (vive douleur en tournant une clef dans la serrure), troubles de la sensibilité superficielle (dysesthésies, fourmillements) ;
  • troubles moteurs, d'apparition plus tardive : impotence fonctionnelles, mouvements anormaux : tremblements, mouvements choréoathétosiques, mouvements de succion ; troubles cérébelleux avec phénomènes d’incoordination motrice, reflexes anormaux péri-oraux ;
  • troubles psychiques : troubles du comportement, de l'humeur, onirisme exagéré, hallucinations, exubérance, réalisation d'actes répréhensibles ;
  • troubles métaboliques et diencéphaliques : boulimie, polydipsie, frilosité, impuissance, aménorrhée ;
  • troubles du sommeil, qui ont donné son nom à la maladie : anomalies du rythme circadien (fragmentation des épisodes d'éveil et de sommeil, début des épisodes de sommeil par du sommeil paradoxal) conduisant progressivement à un état d'hébétude quasi permanent.

En France, il faudra évoquer ce diagnostic chez les patients d'origine africaine hospitalisés pour des troubles psychiatriques.

3 . 1 . 3  -  Évolution

Elle aboutit à un état grabataire cachectique. Le malade décharné et léthargique sombre dans le coma d'évolution fatale. Des infections, des complications rénales et cardiovasculaires peuvent hâter la fin.

3 . 2  -  Forme d'Afrique de l'Est à T. b. rhodesiense

La trypanosomose humaine africaine à T. b. rhodesiense possède un caractère plus aigu et plus sévère. Fièvre, trypanides, troubles cardiaques et hépatiques sont précoces ; la coexistence des phases sanguine et neurologique conduit à l'évolution rapide vers la mort, en 3 à 6 mois.

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