La trypanosomose humaine africaine est une maladie parasitaire endémique touchant de nombreux pays de l'Afrique subsaharienne, transmise à l'Homme par un arthropode vecteur hématophage : la glossine, ou mouche tsé-tsé. L'évolution en est le plus souvent mortelle en l'absence de traitement, qui repose par ailleurs sur des médicaments toxiques. C'est dire l'intérêt des programmes de lutte, associant un diagnostic précoce et la lutte contre les vecteurs (piégeage), réalisés par des équipes mobiles dans les foyers de trypanosomose humaine africaine en Afrique. Les troubles sociopolitiques et le désintérêt général ont entraîné une recrudescence de la maladie à la fin du xxe siècle (environ 38 000 cas en 1998), posant un problème de santé publique. Malgré cela, l'incidence de la maladie diminue depuis une dizaine d'années (environ 3 800 cas en 2014).
En Europe, il s'agit uniquement de très rares cas d'importation. Les derniers cas ont été diagnostiqués chez des touristes de retour de safari dans les parcs d'Afrique de l'Est.
Les trypanosomes sont des protozoaires flagellés fusiformes mis en évidence dans le sang, les ganglions et le liquide cérébrospinal. Ils sont très mobiles à l'état frais. La coloration permet de visualiser un noyau central et un point postérieur (kinétoplaste) duquel part le flagelle mobile (figure 8.1). Le flagelle part vers l'avant, soulevant la membrane ondulante, et se prolonge par une partie libre en avant du trypanosome. La taille du parasite varie de 12 μm à 42 μm de long sur 1,5 μm à 3,5 μm de large.
Trypanosoma brucei gambiense, qui sévit en Afrique de l'Ouest et Afrique centrale, et Trypanosoma brucei rhodesiense, qui est retrouvé en Afrique de l'Est, sont impossibles à distinguer morphologiquement. Des techniques de biologie moléculaire permettent de les différencier.
Les vecteurs sont des diptères du genre Glossina, les mouches tsé-tsé (figure 8.2).
Il existe un grand nombre d'espèces et de sous-espèces. Les espèces hygrophiles (Glossina palpalis), vectrices de T. b. gambiense, vivent dans les forêts et près de l'eau, alors que les espèces xérophiles (G. morsitans), vectrices de T. b. rhodesiense, vivent dans les savanes.
Après piqûre d'un homme infecté, les trypanosomes se retrouvent dans le tube digestif de la glossine (figure 8.3). Après un cycle d'environ 20 jours, ils se localisent dans les glandes salivaires, ce qui rend la prochaine piqûre infectante.
Des transmissions congénitales, transfusionnelles et de laboratoire ont été rapportées.
T. b. gambiense serait spécifique à l'Homme (le rôle du porc comme réservoir a été discuté), tandis que T. b. rhodesiense est également parasite d'animaux sauvages (antilopes). Le dépistage des sujets porteurs et leur traitement en Afrique de l'Ouest et Afrique centrale diminuent donc de façon efficace le réservoir de parasites.
La trypanosomose humaine africaine existe en foyers limités (figure 8.4), en Afrique de l'Ouest pour T. b. gambiense (République démocratique du Congo, Angola, République centrafricaine, Congo, Soudan du Sud, Tchad, Côte d'Ivoire, Sierra Leone…) et en Afrique de l'Est pour T. b. rhodesiense, liés à des facteurs propres aux glossines (reproduction, température, humidité, végétation) et à leur répartition. La modification du biotope, comme la déforestation, peut avoir des répercussions sur l'épidémiologie.