Introduction

Les distomatoses sont des zoonoses dues à des trématodes, vers plats non segmentés possédant deux ventouses, ou « bouches ». Les douves, ou distomes, peuvent agresser, selon les espèces, les épithéliums des tractus biliaires, bronchiques ou digestifs. En France, seule la distomatose hépatobiliaire, ou fasciolose à Fasciola hepatica, appelée grande douve du foie, est pathogène pour l’Homme. Les autres distomatoses sont rencontrées chez des patients infectés en Asie, Afrique ou Amérique du Sud. L’infestation se fait toujours par voie orale avec des aliments variables selon les pays et les espèces (tableau 19.1, figure 19.1).

Tableau 19.1 : Cycles généraux et modes de contamination (localisation des douves)
Classification par pathologiesModes de contamination

Voie orale – aliments mal cuits
Zones d’endémies
                                                                     Distomatoses hépatobiliaires
Fascioloses
Grande douve : Fasciola hepaticaVégétal semi-aquatiqueCosmopolite
Petite douve : Dicrocoelium dentriticumFourmisCosmopolite
Douve géante : Fasciola giganticaVégétal semi-aquatiqueZones tropicales
Clonorchioses et opisthorchioses
Douve des félidés : Opisthorchis felineus, O. viverriniPoisson d’eau douceAsie principalement
Douve de Chine : Clonorchis sinensisPoisson d’eau douceChine, Asie du Sud-Est
                                                                    Distomatoses pulmonaires
Paragonimoses
Paragonimus westermani, P. heterotremusCrustacés/crabe d’eau douceAsie
P. africanus, P. ureterobilateralisCrustacés/crabe d’eau douceAfrique
P. kellicotti, P. rudisCrustacés/crabe d’eau douceAmérique
                                                                      Distomatoses intestinales
Fasciolopsis buskiChâtaignes d’eauChine, Vietnam principalement
Metagonimus yokogawaiPoisson d’eau douceAsie du Sud-Est, Japon, Corée, Inde
Heterophyes heterophyesPoisson d’eau douceExtrême-Orient, Égypte, Tunisie, Pérou
Tableau 19.1 Généralités sur les distomatoses
Fig. 19.1 Cycles généraux et modes de contamination (localisation des douves)
Fig. 19.1 Cycles généraux et modes de contamination (localisation des douves).

➊ Distomatoses pulmonaires. ➋ Distomatoses hépatobiliaires. ➌ Distomatoses intestinales. La contamination humaine a lieu par voie orale. En bas, schéma d’une douve adulte.

Distomatose hépatobiliaire à Fasciola hepatica

La fasciolose est une zoonose autrefois fréquente en France. Elle devient rare en raison des modifications des habitudes alimentaires (moins de consommation de cresson sauvage, par exemple), mais il faut savoir y penser devant des signes cliniques évocateurs (manifestations hépatobiliaires) associés à une hyperéosinophilie. Fasciola hepatica est localisé à l’état adulte dans les voies biliaires de nombreux herbivores et occasionnellement de l’Homme. L’arrêt récent de la surveillance réglementaire des cressonnières en France risque de faire augmenter l’incidence.

Autres distomatoses hépatobiliaires, intestinales et pulmonaires

Il existe d’autres espèces de douves capables de parasiter l’Homme, responsables de distomatoses hépatiques, pulmonaires ou intestinales en fonction de la localisation des vers adultes. Ces distomatoses peuvent infester des voyageurs se rendant en Asie, en Afrique ou en Amérique du Sud selon les espèces. Elles ont chacune un agent alimentaire contaminant particulier, la voie de contamination est donc toujours orale (cf. tableau 19.1).

Distomatose hépatobiliaire à Fasciola hepatica

La fasciolose est une zoonose autrefois fréquente en France. Elle devient rare en raison des modifications des habitudes alimentaires (moins de consommation de cresson sauvage, par exemple), mais il faut savoir y penser devant des signes cliniques évocateurs (manifestations hépatobiliaires) associés à une hyperéosinophilie. Fasciola hepatica est localisé à l’état adulte dans les voies biliaires de nombreux herbivores et occasionnellement de l’Homme. L’arrêt récent de la surveillance réglementaire des cressonnières en France risque de faire augmenter l’incidence.

1.1  -  Épidémiologie

1 . 1 . 1  -  Agent pathogène

Fasciola hepatica, communément appelée grande douve du foie, est un ver plat hermaphrodite en forme de petite feuille, mesurant 2 cm à 3 cm de long sur environ 1 cm dans sa plus grande largeur (figure 19.2). Il possède à son extrémité antérieure deux ventouses qui lui permettent d’adhérer à l’épithélium des voies biliaires.

Fig. 19.2 Adultes de Fasciola hepatica
Fig. 19.2 Adultes de Fasciola hepatica

1 . 1 . 2  -  Cycle

Le ver adulte parasite les voies biliaires intra- et extra-hépatiques de l’hôte définitif : nombreux mammifères (en particulier mouton, bœuf), accidentellement l’Homme.

Le cycle est résumé dans la figure 19.3.

Fig. 19.3 Cycle évolutif de la grande douve du foie
Fig. 19.3 Cycle évolutif de la grande douve du foie

Le ver adulte pond des œufs operculés qui sont émis dans les selles (figure 19.4).

Fig. 19.4 Distomatose : œuf de Fasciola hepatica dans les selles (130–150 μm × 60–90 μm)
Fig. 19.4 Distomatose : œuf de Fasciola hepatica dans les selles (130–150 μm × 60–90 μm).

Dans l’eau douce, ces œufs s’embryonnent en 3 semaines et libèrent un embryon cilié : le miracidium

Le miracidium nage à la rencontre de l’hôte intermédiaire, mollusque d’eau douce, la limnée (Galba truncatula) (figure 19.5).

Fig. 19.5 Galba truncatula (limnée), hôte intermédiaire de Fasciola hepatica
Fig. 19.5 Galba truncatula (limnée), hôte intermédiaire de Fasciola hepatica.

La limnée vit le long des cours d’eau et des rigoles de drainage des prés. Son infestation survient principalement en début d’été. Dans la limnée, le miracidium se transforme et se multiplie par centaines (phénomène de polyembryonnie). Plusieurs centaines de nouvelles formes larvaires ou cercaires s’en échappent après quelques semaines (fin d’été, début d’automne).

La cercaire, pourvue d’une queue, nage dans l’eau, se fixe sur une plante semi-aquatique bordant les cours d’eau, et forme la métacercaire enkystée. Cette larve entourée d’une épaisse enveloppe est la forme résistante et infestante du parasite.

L’hôte définitif (homme ou animal) se contamine en ingérant les végétaux sur lesquels sont fixées les métacercaires. La larve libérée de sa coque par l’action des sucs digestifs se transforme en une jeune douvule immature qui entreprend une migration vers le foie en traversant la paroi intestinale, puis en se déplaçant à travers le péritoine vers la capsule de Glisson qu’elle perfore. Elle traverse ensuite le parenchyme hépatique en y créant des lésions avant de se localiser dans les voies biliaires où elle devient adulte 3 mois après la contamination.

La longévité des douves adultes est de 3 à 5 ans environ.

L’Homme contracte la maladie par consommation de cresson sauvage cru, ramassé dans des prés ou en aval de prés humides où paissent des moutons, des vaches ou d’autres herbivores. D’autres végétaux ont pu être incriminés (mâche, pissenlits). La contamination est souvent saisonnière, débutant à la fin de l’été ou en automne. Les étés pluvieux, favorables à la limnée, augmentent les risques de contamination.

La distomatose est à l’origine de petites épidémies familiales ou collectives (enquêtes systématiques à mener dans l’entourage d’un patient).

1 . 1 . 3  -  Répartition géographique

La fasciolose est une zoonose cosmopolite, présente dans toutes les régions d’élevage. Les pays à forte prévalence sont l’Égypte, l’Iran, l’Argentine et les pays andins.

En France, les cas humains deviennent rares, sporadiques (Massif central, Sud-Ouest, Nord…).

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