2  -  Enfoncements et fractures du crane

2 . 1  -  Definition

Les fractures du crâne et les embarrures sont d’origine traumatique.
Elles sont la conséquence d’une extraction instrumentale difficile : forceps, spatules, rarement ventouse ou exceptionnellement d’un traumatisme abdominal au cours de la grossesse.

Le pronostic varie en fonction de l’existence de lésions associées telles que des lésions cérébro-méningées ou une anoxie périnatale.

La fracture se définit comme la perte de la continuité osseuse avec une lésion focale mobile.
L’embarrure est un enfoncement de la boite crânienne en balle de ping-pong. La fracture bifocale est engrainée.

2 . 2  -  Etiologies

2 . 2 . 1  -  Enfoncements

L’origine peut être une compression contre les parties osseuses du bassin maternel : symphyse pubienne, épine sciatique, également en cas d’hypertrophie vertébrale ou de fracture du bassin.

Les causes peuvent être d’origine annexielle :

  • utérines : tumeurs, fibromes, malformations
  • placentaires : tumeurs
  • membranaires : brides amniotiques

Il existe des causes fœtales : pression exercée par le bras, le poignet, la main, le pied, l’autre jumeau…

2 . 2 . 2  -  Fractures

Les causes sont principalement instrumentales (forceps, ventouse) ou liées à une manœuvre (VME, VMI)

Enfin, il existe des causes idiopathiques.

2 . 3  -  Clinique

L’examen clinique retrouve :

  • une douleur osseuse exquise en regard du trait de fracture,
  • un oedème, une ecchymose,
  • une abrasion cutanée superficielle du cuir chevelu (trace du forceps),
  • une bosse séro-sanguine ou un céphalhématome,
  • un décrochage osseux palpable de l’embarrure,
  • la traduction clinique des lésions associées.

2 . 4  -  Examens complementaires

La radiographie du crâne permet la visualisation du trait de fracture (on veillera à ne pas le confondre avec la disjonction physiologique des sutures) et des déformations du crâne.
L’ETF recherche des lésions associées : HED, HSD, hémorragie méningée, hématome intracérébral, œdème cérébral péri-lésionnel, dilatation ventriculaire par hydrocéphalie aiguë sur défaut secondaire de résorption du LCR

Mais l’examen est limité par la taille de la fontanelle.
La TDM permet la visualisation du trait de fracture (fenêtres osseuses) et des lésions associées (fenêtres parenchymateuses) telles que :

  • HED,
  • HSD,
  • HIC (hyper densité intra parenchymateuse),
  • hémorragie méningée (hyper densité diffuse au niveau des sillons péri-cérébraux),
  • œdème cérébral (plage d’hypo densité péri lésionnelle mal limitée),
  • effet de masse par déviation de la ligne médiane, avec effacement des sillons corticaux et compression des ventricules latéraux.


Enfin l’ EEG montre des anomalies focalisées du tracé électrique qui ont une valeur localisatrice lésionnelle et des anomalies diffuses du tracé qui sont la traduction d’une souffrance cérébrale.

2 . 5  -  Complications

Les complications pouvant survenir sont :

  • une anoxie périnatale : les pressions s’exerçant sur la tête fœtale insuffisamment ossifiée retentissent sur la circulation cérébrale et entraînent un œdème et une anoxie cérébrale,
  • une hémorragie sous-arachnoïdienne,
  • un hématome sous-dural,
  • un hématome extra-dural,
  • un hématome intra-cérébral.


Ces lésions cérébro-méningées associées se traduisent cliniquement par des signes évoquant une atteinte du système nerveux central :

Les convulsions : Elles sont difficiles à identifier chez le nouveau-né, le déroulement tonico-clonique classique étant inhabituel. Il existe différents types de convulsion :
Elles ont le plus souvent des manifestations critiques minimes :

  • enroulement du membre supérieur en extension et rotation interne,
  • clonies des paupières, du menton,
  • déviation latérale des globes oculaires,
  • hypersialorrhée,
  • apnée,
  • troubles de la conscience.


On retrouve des crises de différents types :


Les signes d’atteinte du SNC sont caractérisés par :

  • un état comateux, une somnolence,
  • un cri faible,
  • une diminution voire l’absence des réflexes archaïques,
  • des difficultés alimentaires avec incoordination succion/déglutition,
  • une diminution de la mobilité spontanée voire une hypotonie,
  • un coma avec dépression respiratoire dans les cas les plus graves.


Les signes d’hyperexcitabilité sont marqués par :

  • une absence d’état de calme,
  • un cri aigu,
  • des réflexes primaires et réflexes ostéo-tendineux vifs,
  • une hyperactivité, trémulation des extrémités, hypertonie.


Les signes d’Hypertension Intracrânienne. Il existe une aptitude à la disjonction des sutures en réponse à l’augmentation de la pression intracrânienne mais celle-ci reste insuffisante, entraînant des signes cliniques tels que :

  • des signes crâniens (augmentation du PC, bombement de la fontanelle, disjonction des sutures, dilatation veineuse du cuir chevelu),
  • des signes neurologiques (regard en coucher de soleil, somnolence, trouble de la conscience, apnée et bradycardie, augmentation du tonus des muscles extenseurs)


A long terme ces lésions peuvent entraîner des séquelles :

  • neurologiques : hémiplégie, aphasie, séquelles visuelles ou auditives
  • neuropsychologiques : troubles mnésiques, déficit intellectuel, trouble de l’attention
  • hydrocéphalie chronique
  • épilepsie séquellaire

2 . 6  -  Traitement des fractures et enfoncements

Le traitement est symptomatique à visée antalgique dans un premier temps (Paracétamol) associé à des anti-convulsivants. La Vitamine K est prescrite à visée antihémorragique.

Enfin la chirurgie de drainage externe permet de diminuer la pression intra-crânienne et les symptômes qui lui sont dus.

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