4  -  Décrire les signes fonctionnels du RGO

A. Symptômes digestifs du RGO non compliqué

Le pyrosis (brûlure rétro-sternale ascendante à point de départ épigastrique) et les régurgitations acides (remontées du contenu gastrique acide jusqu’au niveau pharyngé survenant sans effort de vomissement et sans nausée) sont des symptômes dont l’association est quasi pathognomonique de RGO. Leur spécificité est telle qu’ils permettent le diagnostic clinique de RGO, essentiellement acide. Leur caractère postural et/ou post-prandial est un élément supplémentaire très évocateur. Des brûlures épigastriques sans trajet ascendant font également partie des symptômes de RGO.

Lorsque ces symptômes sont nocturnes, ils seraient associés aux formes les plus sévères de RGO, avec notamment des lésions d’œsophagite.

B. Symptômes extra-digestifs du RGO

La responsabilité du RGO est impliquée dans des manifestations extra-digestives, essentiellement pulmonaires, ORL et cardiaques. Les manifestations pulmonaires, souvent nocturnes, peuvent être des accès de toux, ou une dyspnée asthmatiforme. Les symptômes pharyngés ou laryngés comprennent un enrouement, des dysesthésies bucco-pharyngées, une otalgie inexpliquée notamment droite, une laryngite postérieure. Les symptômes d’allure cardiaque se résument à des douleurs simulant un angor nécessitant un bilan cardiologique qui reste négatif.

Plus récemment, ont été décrites des manifestations stomatologiques (gingivites ou caries dentaires à répétition) et des troubles du sommeil avec notamment des micro-éveils nocturnes qui rendent le sommeil moins réparateur entraînant une somnolence diurne et une moindre productivité au travail.

Ces manifestations extra-digestives sont parfois associées aux symptômes digestifs du RGO. Souvent, elles sont isolées. Il faut donc savoir évoquer le RGO lorsqu’un bilan pulmonaire, ORL ou cardiaque approfondi est normal.

C. Symptômes de RGO compliqué

La complication essentielle est la survenue d’une œsophagite sévère qui se caractérise par des ulcérations étendues, confluentes ou circonférentielles (fig. 29.2) ou par une sténose peptique. L’œsophagite sévère expose à une hémorragie digestive révélée par une anémie ferriprive, une hématémèse, un melaena et à une sténose œsophagienne avec apparition d’une dysphagie et altération de l’état général. L’hémorragie digestive peut être favorisée par une prise médicamenteuse (anti-inflammatoires non stéroïdiens, aspirine, traitement anticoagulant).

Ces complications sont parfois révélatrices du RGO. Il n’existe aucun parallélisme entre la sévérité des symptômes et l’intensité des lésions d’œsophagite. Des symptômes très bruyants peuvent s’associer avec un RGO sans lésion d’œsophagite. Inversement, des lésions d’œsophagite sévère peuvent être quasi asymptomatiques. Ceci est notamment le cas chez le sujet âgé.

D. Endobrachyœsophage

L’endobrachyœsophage (EBO), appelé également œsophage de Barrett, est une entité endoscopique peu fréquente et définie par le remplacement, sur une hauteur plus ou moins grande, de l’épithélium normal malpighien de l’œsophage distal par un épithélium métaplasique cylindrique de type intestinal (fig. 29.3). Il n’y a pas de symptôme spécifique. L’EBO peut être pauci- voire asymptomatique. Il expose au risque d’ulcère au sein de cette muqueuse pathologique et surtout au risque d’adénocarcinome œsophagien. Ce dernier est rare (prévalence : 2,7/100 000 chez l’homme et 0,4/100 000 chez la femme) mais de pronostic très sombre (survie à 5 ans : 11 %). Il est symptomatique seulement à un stade tardif de son évolution. La mise en évidence d’une métaplasie intestinale impose de proposer au malade une surveillance régulière avec des biopsies étagées multiples pour dépister l’apparition d’une dysplasie, étape préalable au cancer invasif.

Fig. 29.2. Différents stades de l’œsophagite
A : Œsophagite minime ; B : Ulcération non circonférentielle (Ê) ; C : Ulcérations circonférentielles ; D : Sténose peptique (Ê) ; E : Endobrachyœsphage.
Fig. 29.3. Endobrachyœsophage (œsophage de Barrett)
4/7