4  -  Tumeurs à différenciation endocrine


Elles sont développées soit à partir de glandes endocrines individualisées, soit à partir du système endocrinien diffus.

Glandes endocrines individualisées : hypophyse, thyroïde, parathyroïdes, surrénales, etc.

Comme dans les autres parenchymes glandulaires, elles comportent des tumeurs bénignes (adénomes) et des tumeurs malignes (adénocarcinomes). Certains adénomes peuvent être non fonctionnels (exemple, adénome thyroïdien ne secrétant pas (ou peu) d’hormones thyroïdiennes, ne captant pas l’iode (nodule « froid » à la scintigraphie), mais d’autres peuvent être hyperfonctionnels et être révélés par des troubles endocriniens (exemple : hypercalcémie par hypersécrétion de parathormone dans un adénome parathyroïdien, hyperthyroïdie due à un adénome thyroïdien hyperfonctionnel (nodule « chaud » à la scintigraphie) ).

Les tumeurs endocrines peuvent avoir des sécrétions hormonales ectopiques (calcitonine, ACTH, sérotonine, MSH…), non présentes à l’état normal dans l’organe considéré et à l’origine de manifestations cliniques (syndromes paranéoplasiques). Le syndrome de Schwartz-Bartter, souvent associé au carcinome bronchique à petites cellules, est lié à la secrétion d’hormone antidiurétique par la tumeur. Des tumeurs non endocrines sont aussi capables de produire des hormones : ainsi, certains carcinomes (carcinome épidermoïde bronchique par exemple) produisent fréquemment une substance proche de la parathormone, responsable d’une hypercalcémie (syndrome d’hypercalcémie humorale maligne).

Système endocrinien diffus : essentiellement dans le tube digestif et les bronches, parfois dans le pancréas (et beaucoup plus rarement dans le thymus, les voies biliaires, la thyroïde (à partir des cellules à calcitonine), les ovaires, le col utérin et la peau.

Les cellules appartenant au système endocrinien diffus partagent, outre leur disposition particulière dans les organes (cellules isolées ou en petits nids) des caractéristiques fonctionnelles communes telles que la sécrétion d’hormones peptidiques par l’intermédiaire de grains (neuro) sécrétoires cytoplasmiques et l’expression de protéines également identifiées dans le système nerveux (synaptophysine, N-CAM (Neural-cell adhesion molecule). Pour cette raison, elles sont souvent désignées sous le terme de cellules neuro-endocrines.

Ces caractéristiques communes sont largement utilisées pour le diagnostic anatomopathologique des tumeurs neuro-endocrines, dont elles constituent des marqueurs de différenciation :

  • les grains neurosecrétoires peuvent être mis en évidence par des colorations spéciales utilisant des sels d’argent (coloration de grimélius) ou par immunohistochimie, grâce à des anticorps anti-chromogranine (figure 10.25) ;
  • en immunohistochimie, des anticorps dirigés contre la synaptophysine ou contre N-CAM sont également utilisés, de même que la recherche de produits de sécrétions spécifiques : gastrine, insuline…
  • comme dans d’autres indications diagnostiques en pathologie tumorale, la microscopie électronique, qui permettait de mettre en évidence les grains neuro-sécrétoires (grains denses intra-cytoplasmiques entourés d’un halo clair) est tombée en désuétude, supplantée par les techniques immunohistochimiques plus simples à mettre en Ĺ“uvre.

NB : Les tumeurs endocrines peuvent parfois être multiples, dans un même tissu ou dans plusieurs organes dans le cadre d’un syndrome des néoplasies endocriniennes multiples (NEM), génétiquement déterminé, dont il existe plusieurs variétés.

Figure 10.25. Tumeur neuroendocrine
A. HES. B. Immunohistochimie avec un anticorps anti-chromogranine.
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