3  -  Prise en charge


La rétention aiguë d’urines est une véritable urgence thérapeutique.

Il faut impérativement assurer une drainage vésical rapidement.

Quelle que soit la modalité de drainage choisie, il faudra systématiquement s’enquérir du volume contenu dans la vessie au moment de la rétention (meilleur pronostic si inférieur à 600 cc), surveiller la diurèse horaire, prévenir le syndrome de levée d’obstacle et l’hémorragie a vacuo.

3 . 1  -  Sondage urinaire à demeure (SAD)


La sonde vésicale doit être posée dans des strictes conditions d’asepsie et de stérilité.

Il faut :

  • veiller à maintenir un système clos avec interdiction de déconnecter la sonde vésicale du système de drainage (poche collectrice) ;
  • penser à utiliser des sondes à doubles courants lorsqu’une irrigation est nécessaire (hématurie) ;
  • instaurer un drainage vésical déclive en permanence pour éviter toute stase urinaire.

Il ne faut pas oublier de prélever de manière rigoureusement aseptique les urines pour un examen cytobactériologique.

Il est préférable d’éviter les sondes de petits calibres en première intention et utiliser plutôt une sonde de Charrière 18–20.

Au moment de la pose, ne pas utiliser de sérum physiologique pour gonfler le ballonnet, le chlorure de sodium peut cristalliser et empêcher par la suite le dégonflage ultérieur du ballonnet. Enfin il faut être attentif à recalloter le malade en fin de geste pour éviter tout risque de paraphimosis.

Les contre-indications du sondage vésical sont la sténose urétrale, un traumatisme de l’urètre, notamment en cas de polytraumatisme (fracture du bassin) et la prostatite aiguë (contre-indication relative).

Décret n° 93-345 du 15 mars 1993 relatif aux actes professionnels et à l’exercice de la profession d’infirmier

• Article 4 – L’infirmier est habilité à accomplir sur prescription médicale, qui, sauf urgence, doit être écrite, qualitative et quantitative, datée et signée.

  Pose d’une sonde vésicale sous réserve des dispositions prévues de l’article 6.

• Article 6 – L’infirmier participe, en présence d’un médecin, au premier sondage vésical chez l’homme en cas de rétention.

3 . 2  -  Cathétérisme sus-pubien


Le cathéter sus-pubien constitue une excellente méthode de drainage des urines, dont les avantages sont les suivants :

  • pas de risque de fausses routes urétrales ;
  • épreuve de clampage possible pour juger de la reprise mictionnelle ;
  • moins de complications locales au long cours, bon système de drainage à moyen terme.

Avant de mettre un cathéter sus-pubien, il faut s'assurer de l'existence formelle d’un globe vésical (risque de perforation d’une anse intestinale). On utilisera volontiers un cathéter sus-pubien en cas d’échec ou de contre-indication au sondage vésical. Il s’agit d’un acte médical, avec un rôle infirmier de collaboration. Il faut évidemment prévenir le patient, lui expliquer le principe du soin, son utilité, et le rassurer.

La pose du cathéter sus-pubien se fait également dans de strictes conditions d’asepsie et de stérilité. La désinfection de la zone de ponction est nécessaire et la pose elle-même se fait en plusieurs temps : repérage du point de ponction situé à l’intersection de deux lignes : ligne médiane de l’abdomen, ligne horizontale deux travers de doigts au-dessus de la symphise pubienne. Ensuite, sous anesthésie locale (lidocaïne 1 %), on effectue une incision cutanée, puis on introduit le trocart dans le globe vésical, ensuite on met en place le cathéter sus-pubien dans la vessie par la lumière du trocart. Enfin, l’ablation du trocart et la fixation du cathéter sus-pubien à la peau sont les dernières étapes de la mise en place.

Il existe des contre-indications absolues à la mise en place du cathéter sus-pubien : l’absence de globe vésical, un pontage vasculaire extra-anatomique en région sus-pubienne (fémoro-fémorale croisé).

Il existe également des contre-indications relatives (nécessitant dans tous les cas de prendre l’avis d’un urologue) : troubles de l’hémostase, patients sous anticoagulants, présence de cicatrices de laparotomie, et antécédents de tumeurs de vessie.

3/6