Avant de commencer…

La découverte d’un souffle cardiaque n’est pas rare chez l’enfant.

Il est diagnostiqué avec une fréquence d’environ 5 % chez le nouveau-né (turbulences circulatoires souvent, malformations cardiaques parfois), et plus fréquente encore chez l’enfant plus âgé (souffle alors le plus souvent fonctionnel).

L’objectif principal de l’enquête diagnostique est de savoir distinguer un souffle cardiaque organique d’un possible souffle fonctionnel.

L’âge de l’enfant et les circonstances de découverte ont valeur d’orientation :
- nouveau-né et nourrisson d’âge < 1 an : souvent organiques ;
- enfant plus âgés : souvent fonctionnels.

L’examen clinique, au 1er rang duquel l’auscultation cardiaque, permet le diagnostic de souffle et précise ses caractéristiques.

Au moindre doute étiologique, la réalisation d’une échocardiographie par un médecin cardiologue expérimenté permet de porter le plus souvent un diagnostic précis.

1  -  Pour bien comprendre

1 . 1  -  Généralités

1 . 1 . 1  -  Physiopathologie


Chez le nouveau-né

La naissance est marquée par une adaptation cardiocirculatoire transitionnelle :

  • suppression brutale de la circulation placentaire ;
  • accroissement du débit artériel pulmonaire lié à la diminution des résistances artériolaires pulmonaires fœtales ;
  • fermeture progressive des shunts conditionnant l’oxygénation fœtale : canal artériel, foramen ovale interauriculaire ;
  • mise en place d’une ventilation pulmonaire par déplissement alvéolaire et résorption du liquide alvéolaire.

La recherche d’un souffle cardiaque en période néonatale doit être systématique et répétée.

Chez le nouveau-né, il peut être ainsi banal de percevoir un souffle fonctionnel lié à des turbulences circulatoires pendant l’éjection systolique, rendant compte de la morphologie de l’arbre artériel pulmonaire à cet âge.

Les pressions pulmonaires étant encore élevées durant les premiers jours de vie, les communications anormales (shunts) ne s’expriment souvent qu’après un délai de quelques jours de vie, surtout si elles sont volumineuses.

Chez le grand enfant

La fréquence de découverte d’un souffle est accrue par rapport à l’adulte :

  • vitesse du sang dans les gros vaisseaux plus élevée ;
  • diamètre de l’aorte plus réduit ;
  • paroi thoracique peu épaisse (stéthoscope très proche des structures cardiovasculaires).

Les souffles fonctionnels (anorganiques) sont les plus fréquents.

Les cardiopathies congénitales sont en général dépistées plus tôt (nouveau-né, jeune nourrisson).

Les anomalies cardiaques acquises (post-streptococciques) sont exceptionnelles dans les pays industrialisés.


1 . 1 . 2  -  Cardiopathies congénitales


Elles ont une prévalence élevée chez l’enfant : 0,8 à 1 %.

La plupart de ces malformations cardiaques s’expriment par un souffle cardiaque organique découvert le plus souvent au cours du 1er mois de vie (tableau 41.1) ; 95 % d’entre elles sont diagnostiquées avant l’âge de 4 ans. Toutefois, l’absence de souffle ne suffit pas à écarter le diagnostic de cardiopathie.

Connaître la classification des cardiopathies congénitales avec souffle cardiaque organique.

Tableau 41.1 Classification des principales cardiopathies congénitales avec souffle organique
Shunts G/D– Communication interventriculaire (CIV)
– Communication interauriculaire (CIA)
– Persistance du canal artériel (PCA)
– Canal atrioventriculaire (CAV)
ObstacleAu niveau du cœur G– Sténose valvulaire aortique
– Coarctation de l’aorte
Au niveau du cœur D– Sténose valvulaire pulmonaire
– Sténose supravalvulaire pulmonaire
– Sténose des 2 branches pulmonaires
– Tétralogie de Fallot
Fuites des valves auriculoventriculaires– Insuffisance mitrale
– Insuffisance tricuspide
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