2  -  Détecter les situations à risque suicidaire

2 . 1  -  Quand évaluer le risque suicidaire ?


On doit évaluer le risque suicidaire chez tout adolescent consultant, quel que soit le motif.

Les consultations sont peu nombreuses pendant la période de l’adolescence et doivent permettent d’apprécier l’état de santé globale de l’adolescent, au plan physique et psychique. Pour cela, toute consultation doit comporter un entretien avec l’adolescent seul.

Les questions concernant le repérage de facteurs de risque (FDR) suicidaire doivent s’intégrer dans la même démarche que le dialogue autour du mode de vie, des consommations de produits ainsi que de la sexualité.

Repérer des facteurs de risque suicidaire à chaque consultation avec l’adolescent.

2 . 2  -  Quels facteurs de risque rechercher ?

Identifier avant tout : antécédents de TS, humeur dépressive, idées suicidaires ou de mort.

Tableau 64.1 Facteurs de risque suicidaire
FDR familiaux – Perturbations familiales importantes :
• rupture des liens (surtout récente), difficultés de communication
• conflits répétés, violences conjugales
• antécédents de maltraitance, abus sexuels (inceste)
– Antécédents psychiatriques familiaux :
• maladie psychiatrique d’1 ou 2 parents
• TS ou suicide
• alcoolisme
FDR individuels Non spécifiques– Antécédents de fugue
– Antécédents d’accidents répétés ou de plaintes somatiques récurrentes
– Consommations régulières de tabac, alcool, drogues, psychotropes
– Maladies chroniques (asthme, diabète, obésité, épilepsie)
– Homosexualité, troubles de l’identité sexuelle
– Victime de harcèlement
– Difficultés scolaires (redoublement, absentéisme, déscolarisation, orientation)
Psychologiques– Antécédents de TS
– Dépression (masquée ou niée à cet âge), humeur dépressive
– Idées suicidaires
– Impulsivité
– Trouble psychotique
– Troubles du comportement alimentaire
– Deuil récent dans l’entourage
– Prise de certains médicaments (isotrétinoïne, montelukast, psychotropes)

2 . 3  -  Quel est l’adolescent suicidant ?


La tentative de suicide est une attaque du corps au cours d’un acte impulsif. Il s’agit généralement d’une tentative d’échapper à une situation vécue comme insupportable. Elle peut aussi constituer une tentative extrême de « maîtrise du corps en cours de sexualisation ».

L’adolescent suicidant (= qui fait une tentative de suicide) n’a pas de profil de personnalité ni de pathologie psychiatrique définis. Le contexte présuicidaire est souvent marqué par des changements récents ou des facteurs déclenchants qui doivent alerter : rupture relationnelle, décrochage scolaire, troubles du sommeil, accidents, plaintes somatiques, survenue ou majoration d’une consommation de toxiques.

La connaissance des facteurs de risque et de ces éléments contextuels doit permettre :

  • d’évoquer le risque de passage à l’acte suicidaire ou le risque de récidive après un 1er geste ;
  • d’en évaluer la gravité et le degré d’urgence.

Les conduites suicidaires modifient l’équilibre familial antérieur (« attaqué comme le corps ? ») et entraînent soit des remaniements positifs, soit une plus grande rigidité des mécanismes interactifs familiaux.

Deux éléments de la réaction familiale ont un impact favorable sur la prise en charge ultérieure : la capacité à reconnaître la gravité de l’acte (opposée à la banalisation) ; la capacité à reconnaître la souffrance psychique de chacun (opposée au déni de cette souffrance).

Cette double reconnaissance concerne l’adolescent, ses parents et l’équipe soignante. Dans les jours qui suivent le passage à l’acte, survient le plus souvent une amélioration symptomatique qui ne doit pas faire surseoir à la nécessité d’un suivi de l’adolescent et de sa famille à distance.

Deux questions : risque de passage à l’acte suicidaire et risque de récidive après un geste suicidaire.

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