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Avant de commencer…
Les conduites suicidaires chez l’enfant et l’adolescent sont un enjeu de santé publique en raison de leur fréquence, de leur possible gravité et des difficultés des mesures de prévention.
Le repérage des situations à risque et la prise en charge des tentatives de suicide sont les bases de la prévention du risque de répétition et de décès par suicide.
Les conduites suicidaires ne doivent pas être banalisées et ne sont « jamais à mettre sur le compte d’une crise d’adolescence ». Ces propos extraits du texte de Recommandations Anaes/HAS de 1998 restent d’actualité, ainsi que toutes les orientations de prise en charge.
Un suicide est une mort volontaire par désir conscient ou non de se donner la mort.
Une tentative de suicide (TS) est un acte intentionnel ayant pour but de se donner la mort, mais sans y parvenir. Il s’agit de l’échec d’un suicide quelle que soit la cause de cet échec.
Une intoxication médicamenteuse volontaire (IMV) est une TS par absorption de médicaments.
Les idées ou idéations suicidaires sont le fait de penser au suicide comme une issue possible dans un contexte de souffrance morale.
Une crise suicidaire est une crise psychique dont le risque majeur est le suicide.
Les équivalents suicidaires sont des conduites à risque où la vie du sujet peut être mise en jeu sans expression d’un désir ou d’une volonté de se donner la mort.
Les données sont issues en France des publications Inserm et des Baromètres santé jeunes.
Le suicide est chez les adolescents la 2e cause de mortalité après les accidents de la voie publique. Le taux de suicide reste faible jusqu’à l’âge de 14 ans soit 40 décès en 2010. Dans la tranche des sujets de 15–24 ans, il atteint 4,1 pour 100 000 soit 496 décès en 2010 dont 380 garçons. Ce nombre, certainement inférieur à la réalité, est plus faible que dans les tranches d’âge plus élevées et a diminué depuis 2000 comme à tous les âges.
Le sexe masculin est surreprésenté. Les modes de suicide sont par ordre de fréquence : pendaison, saut d’un lieu élevé, intoxication, armes à feu. Une comorbidité psychiatrique (dépression majeure, psychose) est retrouvée dans 60 à 90 % des cas, sans prise en charge antérieure 2 fois sur 3.
L’évaluation épidémiologique des tentatives de suicide (TS) est difficile : 40 000 par an environ chez les sujets âgés de moins de 24 ans. L’incidence augmente fortement à partir de l’âge de 11 ans. Le rapport est de 22 TS pour 1 suicide chez le garçon et de 160 TS pour 1 suicide chez la fille.
Ainsi, contrairement aux suicides, les TS touchent majoritairement les filles (75 % des cas). Le mode de TS est majoritairement médicamenteux (8/10). Les produits utilisés sont principalement des psychotropes, souvent prescrits à l’adolescent lui-même dans les semaines précédant l’acte. Le paracétamol est le 2e médicament utilisé. L’intoxication est parfois polymédicamenteuse et/ou associée à d’autres substances comme l’alcool (25 %) ou une autre drogue.
Seule 1 TS sur 5 serait hospitalisée. Le taux de récidive après TS varie entre 10 et 40 %, surtout dans la période des 6 premiers mois, et semble très lié à la réelle possibilité de suivi après l’acte initial. Le risque de décès par mort violente après TS serait multiplié par 20 dans les 5 années qui suivent le premier geste.
L’idéation suicidaire est d’évaluation épidémiologique encore plus difficile. Chez les sujets de 15–19 ans, 5 à 7 % des garçons et 11 à 13 % des filles reconnaissent avoir eu des idées suicidaires au cours de l’année précédente.
Le lien entre idéation suicidaire et passage à l’acte est important.
Distinguer les différentes terminologies.