3 . 2  -  Corps étranger des voies aériennes

3 . 2 . 1  -  Généralités


Il s’agit d’un accident de la vie courante fréquent chez l’enfant. L’incidence est maximale entre les âges de 1 et 2 ans, lorsque l’enfant commence à porter les objets à sa bouche (pas avant l’âge de 6 mois).

Les contextes de l’accident sont les apéritifs ou repas, les périodes de jeux. Le corps étranger (CE) est alimentaire dans près de 3/4 des cas (cacahuètes, noisettes, pistaches). Plus rarement, il s’agit de petits morceaux de jouets en plastique ou d’objets métalliques variés.

Le diagnostic de CE inhalé doit être évoqué chez tout nourrisson ou jeune enfant antérieurement sain ayant des signes de détresse respiratoire inhabituels et soudains, dans un contexte évocateur.

L’accident se traduit le plus souvent par un syndrome d’inhalation (accès asphyxique brutal, avec toux et cyanose). Le CE peut rester enclavé dans le larynx ou la partie haute de la trachée, responsable de signes cliniques persistants immédiats (tableau d’asphyxie ou signes de DRA). Dans la très grande majorité des cas, le CE est mobilisé par les efforts de toux. Il peut soit être expulsé des voies aériennes (absence de CE intrabronchique), soit être inhalé et se bloquer dans une bronche souche, une bronche lobaire, ou une bronche segmentaire. Dans ce dernier cas, l’enfant peut rester symptomatique, avec toux et polypnée. Si l’inhalation est méconnue, le CE se révèle à distance par une infection du territoire pulmonaire obstrué.

Dyspnée brutale chez un enfant → évoquer une inhalation de corps étranger.

3 . 2 . 2  -  Enquête diagnostique et mesures immédiates


Enquête clinique

  • Le diagnostic de CE inhalé peut être évoqué dans 3 circonstances :
    • asphyxie brutale chez un enfant sans pathologie respiratoire connue ;
    • syndrome d’inhalation typique rapporté par les parents (accès brutal de suffocation avec toux quinteuse puis cyanose, chez un enfant antérieurement sain, survenant au cours d’un repas ou d’un jeu, habituellement résolutif en quelques minutes) ;
    • toux chronique ou pneumopathie prolongée malgré une antibiothérapie adaptée.
  • Le diagnostic topographique de l’enclavement du CE est aidé par la sémiologie :
    • CE laryngé : dyspnée inspiratoire, toux permanente, dysphonie ;
    • CE trachéal : dyspnée aux 2 temps variable suivant la position ;
    • CE bronchique : dyspnée expiratoire modérée, asymétrie/anomalie auscultatoire.

Rechercher un syndrome d’inhalation à l’anamnèse.

Mesures immédiates

La figure 29.1 synthétise les mesures urgentes en cas d’asphyxie.

Figure 1 : Mesures d’urgence en cas d’asphyxie

RCP : réanimation cardiopulmonaire

Un tableau d’asphyxie ou de dyspnée sévère impose l’hospitalisation en réanimation. Le transfert doit se faire par Samu, en évitant toute mobilisation accidentelle du CE lors du transport.

En cas de DRA sévère, une intubation immédiate permet de refouler le CE dans une bronche souche, de ventiler ainsi le côté libre, en attendant l’extraction du CE par un endoscopiste dans les plus brefs délais.

Pas de manÅ“uvres d’expulsion en cas de toux efficace.

Enquête paraclinique

La seule notion de syndrome d’inhalation doit conduire à rechercher un CE.

La radiographie du thorax de face en inspiration et en expiration (fig. 29.2) peut :

  • objectiver un CE radio-opaque ;
  • repérer des signes indirects de CE enclavé (créant un obstacle) :
    • atélectasie (obstacle complet) : opacité dense rétractile homogène et systématisée, attraction du médiastin du côté de l’opacité,
    • emphysème obstructif localisé (obstacle incomplet) : hyperclarté, élargissement des espaces intercostaux, refoulement médiastinal du côté opposé ;
  • apparaître faussement normale dans les premières heures.
Figure 2 : Corps étranger inhalé chez un garçon de 19 mois
A. Le cliché en inspiration est normal. B. Le cliché en expiration montre un trappage du poumon gauche.

Source : Imagerie thoracique en urgence chez l’enfant. C Durand et al., J Radiol 2005 ; 86 : 198–206. © Éditions Françaises de Radiologie, Paris.

Le diagnostic repose sur la fibroscopie bronchique. Lorsque la probabilité diagnostique d’un CE récent est élevée (par exemple syndrome de pénétration typique et radiographie évocatrice), une endoscopie bronchique avec tube rigide est justifiée en première intention, car permettant l’extraction du CE dans de bonnes conditions. Dans les autres situations une endoscopie bronchique au tube souple est réalisée en première intention, car moins invasive (fig. 29.3).

Prescrire une radiographie du thorax en inspiration ET en expiration.

Figure 3 : Conduite à tenir en cas de situation de CE inhalé

3 . 2 . 3  -  Prise en charge selon les circonstances (fig. 29.3)

Extraction du CE enclavé par bronchoscopie rigide sous AG.

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