- Pré-requis et Objectifs
- Cours
Il s’agit le plus souvent d’une adolescente sans antécédent particulier.
La triade classiquement décrite comprend :
D’autres signes sont particulièrement évocateurs :
Les signes cliniques précités ne sont pas toujours tous présents.
L’existence de plusieurs d’entre eux chez une adolescente, associée à une cassure pondérale importante doit faire fortement suspecter le diagnostic d’anorexie mentale. L’anorexie mentale est la première cause d’aménorrhée secondaire chez l’adolescente.
Une cause somatique doit avoir été exclue par l’interrogatoire et l’examen. Il est fortement recommandé de vérifier la présence de chacun des critères diagnostiques de l’une des classifications internationales : CIM-10, DSM-V (voir § IV. Annexes).
L’annonce diagnostique doit se faire avec une attitude professionnelle et empathique.
L’établissement d’une alliance thérapeutique dès le début de la prise en charge est essentiel.
En cas d’aménorrhée secondaire ou de cassure pondérale chez une adolescente → rechercher une restriction alimentaire.
Une évaluation globale est recommandée.
Elle doit identifier des signes de gravité, en particulier ceux susceptibles de conduire à l’hospitalisation.
L’anamnèse doit recueillir l’histoire pondérale (courbe de croissance, pourcentage de perte de poids et cinétique), les conduites de restriction alimentaire, les conduites purgatives associées (vomissements, laxatifs, diurétiques) ainsi qu’une potomanie, l’activité physique, les conduites addictives, les antécédents somatiques.
L’évaluation somatique doit détailler les constantes (température, fréquence cardiaque, pression artérielle, poids et IMC) et l’état général, le stade de Tanner, la présence d’œdèmes des membres inférieurs et de troubles du rythme cardiaque, le degré d’hydratation et de fonte musculaire, le transit digestif, des anomalies cutanées (livedo, escarres).
L’évaluation psychique doit préciser un contexte psychiatrique ancien et/ou actuel (dépression, anxiété, suicidalité), le fonctionnement familial, l’évaluation sociale.
Les examens biologiques à réaliser sont : un hémogramme, un ionogramme sanguin (avec fonction rénale et kaliémie), un bilan phosphocalcique, un bilan hépatique, une CRP.
D’autres examens peuvent être nécessaires : un électrocardiogramme (en cas de critères d’hospitalisation), une ostéodensitométrie osseuse (en cas d’évolution depuis plus de 6 mois).
Anorexie mentale : maladie psychiatrique avec potentielle urgence somatique.
L’indication de l’hospitalisation à temps plein se discute au cas par cas.
Elle est indiquée en cas de signes de gravité somatiques, psychiatriques, environnementaux. Plusieurs critères sont habituellement nécessaires (tableau 63.1). Les principales anomalies métaboliques y sont précisées. Les valeurs seuils chez l’enfant ne sont pas définies spécifiquement.
Critères somatiques | |
Anamnestiques | |
| – Perte de poids rapide : > 2 kg/semaine – Aphagie totale, refus de boire – Lipothymies ou malaises d’allure orthostatique |
Cliniques | |
| – IMC < 12,7 kg/m2 à 13–14 ans – IMC < 13,2 kg/m2 à 15–16 ans – IMC < 14 kg/m2 au-delà de 17 ans – Fatigabilité voire épuisement, ralentissement idéique et verbal, confusion – Bradycardies extrêmes (FC < 40/min), tachycardies – PA < 80/50 mmHg, hypotension orthostatique – Hypothermie < 35,5 °C, hyperthermie – Syndrome occlusif |
Paracliniques | |
| – Acétonurie à la BU, hypoglycémie < 0,6 g/L – Hypokaliémie, hyponatrémie, hypophosphorémie, hypomagnésémie – Élévation de la créatininémie (> 100 μmol/L) – Cytolyse > 4 N – Leuconeutropénie < 1 000/mm3, thrombopénie < 60 000/mm3 |
Critères psychiatriques | |
Risque suicidaire | |
| – Tentative de suicide réalisée ou avortée, plan suicidaire précis – Automutilations répétées |
Comorbidités | |
| – Dépression, anxiété – Symptômes psychotiques, abus de substances – Troubles obsessionnels compulsifs |
Anorexie mentale | |
| – Idées obsédantes intrusives et permanentes – Nécessité d’une renutrition par sonde nasogastrique – Exercice physique excessif et compulsif – Conduites de purge intenses |
Critères environnementaux | |
Entourage | |
| – Conflits familiaux sévères – Épuisement parental |
Mode évolutif | |
| – Manque de coopération, motivation insuffisante – Échec antérieur d’une prise en charge ambulatoire bien conduite |
Elle est au mieux réalisée avec l’adhésion de l’adolescent, mais peut se faire sous contrainte en cas de refus d’hospitalisation et risque vital immédiat (accord parental si mineur, OPP si refus des parents).
Connaître les principaux critères d’hospitalisation de la HAS.