Avant de commencer…

La survenue d’un amaigrissement chez un adolescent est une légitime source d’inquiétude familiale, pouvant conduire à une consultation médicale.

Les objectifs de l’évaluation médicale sont :
- d’écarter une cause organique d’amaigrissement ;
- d’identifier des signes positifs d’anorexie mentale ;
- de repérer des signes de gravité reliés au retentissement somatique de la dénutrition.

L’anorexie mentale a fait l’objet de recommandations éditées par la HAS en 2010.

1  -  Pour bien comprendre

1 . 1  -  Troubles du comportement alimentaire


On appelle troubles du comportement alimentaire (TCA) les conduites alimentaires différentes de celles habituellement adoptées par des individus placés dans un même environnement nutritionnel et socioculturel, et induisant des troubles somatiques et psychologiques.

L’anorexie mentale est un TCA dont la prévalence est estimée à 1 % chez les femmes et de 0,2 % chez les hommes, mais les formes subsyndromiques sont beaucoup plus fréquentes.

La forme clinique la plus fréquente concerne les adolescents âgés de 13 à 18 ans.

La boulimie est un TCA dont la prévalence est estimée à 2 %.

On distingue 2 types : la boulimie avec vomissements dans 2/3 des cas (où le poids est normal ou légèrement inférieur à la normale) et la boulimie sans vomissements (où le poids est normal ou légèrement supérieur à la normale).

Là encore, il existe une très forte prédominance féminine (environ 10 filles pour 1 garçon).

1 . 2  -  Amaigrissement chez un adolescent


La surveillance de la croissance pondérale fait partie des axes de suivi systématiques.

Pendant l’enfance et plus particulièrement pendant la période pubertaire, une non prise de poids est un amaigrissement. Afin de mieux l’évaluer, le suivi des courbes d’IMC est indispensable.

Un amaigrissement de 15 % en dessous du poids attendu fait évoquer le diagnostic d’anorexie mentale.

Lors de la 1re consultation, on recherche des signes positifs d’anorexie mentale, mais aussi des signes évocateurs d’autres diagnostics, particulièrement : des douleurs abdominales, une fatigabilité (très rarement présente dans l’anorexie mentale), un syndrome polyuro-polydipsique, des céphalées.

L’examen physique complet évalue le retentissement de la dénutrition, et apprécie aussi : la fréquence cardiaque (basse chez le sujet dénutri sauf en cas d’hyperthyroïdie) l’existence d’une masse abdominale ou d’un goitre thyroïdien, des anomalies neurologiques. La bandelette urinaire recherche une glycosurie.

Les principaux diagnostics différentiels à évoquer sont :

  • les maladies inflammatoires du tube digestif ;
  • l’hyperthyroïdie ;
  • le diabète insipide, le diabète insulinodépendant ;
  • une tumeur du système nerveux central ;
  • une dépression avec perte d’appétit.

Le diagnostic d’anorexie mentale est un diagnostic positif et ne doit pas être un diagnostic d’élimination (HAS 2010). Un bilan médical trop exhaustif laisse les familles dans l’expectative d’un diagnostic plus rassurant et nuit à la prise en charge. L’interrogatoire et l’examen clinique sont dans la plupart des cas suffisants pour porter le diagnostic.

On pratiquera habituellement lors de la 1re consultation : NFS à la recherche d’une carence par malabsorption (exceptionnelle en cas d’anorexie mentale), VS et CRP (maladies inflammatoires en particulier du tube digestif), dosage de T3, T4 et TSH (hyperthyroïdie).

Un adolescent amaigri n’est pas forcément anorexique.

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